Enfin… Après une journée atrocement longue à essayer d’éviter tout contact avec Derek, Selianne où n’importe qui d’autre y compris dans le self où j’avais finalement réussi à manger en paix dans un coin, j’avais terminé les cours à seize heures et il était la demi lorsque j’ai franchi le portail du parc. Je suis directement allée vers le lac. Une fois arrivée, j’ai posé mon sac au pied du saule, puis me suis dirigée vers la chute d’eau. En m’approchant, je voyais se dessiner un arc-en-ciel au point d’impacte de l’eau. Le fracas de celle-ci devenait presque assourdissant, pourtant, il m’apaisait. Arrivé à son pied, j’ai fouillé la petite falaise du regard, cherchant le chemin le plus sûr pour l’escalader. J'ai fini par trouver un passage moins raide, avec des arbres auxquels je pouvais m’accrocher. J'ai grimpé aisément, tirant sur mes bras et poussant sur mes jambes. Le terrain était humide et glissant, baigné continuellement dans de la brume. J’étais moi-même mouillé, me recevant plusieurs gouttelettes. Au bout de quelques minutes, le terrain est redevenu plat. J'ai donc continué à marcher d’un bon pas en suivant le ruisseau.
Comme c’était agréable ! J’avais l’impression d’être seule au monde. Aucun bruit humain, la nature prenait toute la place. Je me suis demandée pourquoi personne ne venait ici, mais toutes mes pensées étaient balayées par la beauté du paysage. Pendant une heure, j'ai crapahuté dans ce lieu, admirant tantôt un papillon, tantôt une grenouille, tantôt une fleur qui m’était inconnu… Plus je m’enfonçais dans la forêt, plus la végétation me semblait dense et pleine de vie.
Et puis, j'ai fini par arrivé devant ce que j’avais repéré au loin depuis un bout de temps : un immense arbre. Mais celui-ci était bien différent des autres… Il faisait une soixantaine de mètres et surplombait tout les autres. Il se dressait comme un monument, isolé pile au centre d’une clairière. Il devait avoir plusieurs centaines d’années. On aurait dit le roi de la forêt. Je ne voyais même pas son sommet, caché par son branchage épais. À première vue, cela ressemblait à un chêne, mais ses branches les plus basses étaient à la moitié de la hauteur des arbres environnent, et son écorce était plus flétrie, mais semblait cependant solide. Je n’avais jamais rien observé de tel, aussi extraordinaire. Ou presque… L’image d'un cerisier majestueux m’est venu a l’esprit, mais s’est vite envolé. J’ai fait le tour de son énorme tronc qui devait faire une dizaine de mètres de circonférence et, n’y tenant plus, j'ai commencé à l’escalader.
Les prises étaient assez nombreuses et facile d’accès. Pour éviter de penser aux risques que je prenais, je me suis persuadée d’être en cours d'EPS, en escalade et parfaitement assuré. Pas une fois l’écorce n’a cédé, ni même craqué. Des questions comme la cause de cette soudaine envie d’escalade sont venues me chatouiller l’esprit, mais je les ai repoussé, ne trouvant aucune réponse à cette poussé d’adrénaline. J’ai fini par atteindre les premières branches qui faisaient presque la largeur d’un lit simple. Ses feuilles étaient d’un vert vif, comme regorgeant de vie. Je m’y suis reposée quelques instants et pour éviter de me laisser le temps de changer d’avis, j’ai repris ma montée. Certains de mes souvenirs me venaient puis repartaient, se fondant avec le présent. Branches après branches, je progressais rapidement, tout en évitant les zones où il se trouvait de la sève. Celle-ci était très présente, et très brillante. On aurait dit du miel. Le long du tronc se trouvait la maison de plein de monde, chenilles comme hiboux, en passant par les chauves-souris.
Arrivée le plus haut que je pu, je me suis assise à califourchon sur une branche solide et me suis adossée contre le tronc. J’adorais être en hauteur, comme un chat perché au sommet d’un meuble. J’aimais rester ici, la brise jouant avec mes cheveux. Depuis toujours, enfin presque, la nature avait le don de me calmer. D’ici, je pouvais admirer toute la forêt qui s’étalait sous mes yeux, avec mon pendentif entre les doigts. J’ai aperçu la rivière que j’avais suivi et plus loin vers le sud, comme un miroir, le lac qui brillait d’un éclat aveuglant malgré la distance. L’arbre était comme le cœur de cet endroit qui s’étalait à perte de vue. Je ne pouvais même pas voir les grands immeubles de Savière. Comment un tel lieu pouvait exister si près de la ville ? J’avais l’impression d’être coupée du monde. Mais peu importe, ici, je me sentais enfin paisible.
Sans que je ne l’ai vu venir, une tempête s’était dangereusement approchée : de gros nuages noir s’avançaient depuis le nord. J’ai été contrainte de redescendre de mon perchoir avant son arrivée. Dès que j’ai posé un pied par terre, une goutte m’est tombée sur le bras, suivit au bout de quelques secondes à peine par une pluie torrentielles. J’ai couru m’abriter sous le couvert des arbres pour me protéger au mieux du vent, tout en surveillant qu’il n’y ai pas d’éclaire dans le ciel qui s’était soudainement assombrit. La pluie battait si fort qu’en le retournant, je ne distinguais que vaguement l’arbre-roi derrière un rideau d’eau. Les branches en haut des arbres étaient secouées avec violence et les troncs grinçaient. J'ai pris la route du retour en marchant dans de la gadoue. Chacun de mes pas produisaient un splash bruyant. Les rafales me poussant tantôt en avant, tantôt en arrière, me déséquilibraient. Mes yeux voyaient flou, à cause d’une pellicule d’eau que je n’arrivais pas à enlever.
Une fois arrivée au lac qui était devenu une mini-mer secouée par des vagues, j’étais complètement trempée. Mes vêtements me collaient comme une seconde peau. Pourtant je me sentais bien. Merveilleusement bien même. Je me sentais libre. Je voulais passer le restant de ma vie dans un environnement comme celui-ci, dans ce puissant empire qui ne suivait aucune règles, à qui il était impossible de dicter une conduite. J'ai tourné sur moi-même en appréciant toutes les gouttes d’eau qui tombaient avec force sur mon visage.
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Naléiss Freeds
ParanormalNaléiss Freeds est une jeune fille qui entre en 2de dans une nouvelle ville, un nouveau lycée, où elle ne connaît personne, et c'est pour le mieux. Cependant, un groupe d'élève semble s'intéresser à elle. Alors que Derek, Athalé, Sélianne et Kevin e...