Chapitre 24

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   Je me suis réveillée à nouveau avec une migraine horrible et un bourdonnement dans les oreilles. Ouvrir les yeux a été tout un défi. J'ai vu que j’étais allongée sur un coussin de neige fraîche avec un anorak en guise de couverture. Mes amis étaient également assis près de moi.

-Elle reprend conscience ! les a averti Athalé. Tiens, bois.

   Je me suis redressée en grimaçant et j’ai attrapé la bouteille qu’elle me tendait, mais dès que j’ai pris une première gorgée, j’ai recraché le reste en toussant. La douleur ne s’était pas atténuée. Et maintenant tous les muscles de mon corps me faisaient souffrir.

-Tout le monde va bien ? me suis-je inquiétée en me rappelant ce qu’il s’était passé.

   Je me suis demandée si je n’avais pas dit quelque chose de mal, car ils me regardaient avec des yeux des merlins fris. Puis, Kevin s'est pris d’un fou rire.

-Alors ça c’est la meilleure ! Tu as failli y passer en nous sauvant, et tu t’inquiètes pour nous ! Va falloir que tu revois ton sens des priorités…

-Comment tu te sens ? est intervenue Athalé.

-Comme si je n’avais pas fermé l’œil depuis un siècle… Attend, j’ai été dans les vapes combien de temps ?

-A peine dix minutes, m’a informé Sélianne.

-Kevin a raison…  a commencé Derek.

-Mais j’ai toujours raison… l’a interrompu l’intéressé.

   Derek lui a donné une petite tape dans l’épaule.

-Je disais donc… Tu nous as sauvé, a-t-il dit en se tournant vers moi.

-Je… non, c’est pas ça…

-Écoute… Quand on s’est réveillés et qu’on a vu que tu n’étais plus là, on a un peu paniqué et on s’est mis à hurler ton nom. Chose stupide quand on est à la montagne… La voûte s’est effondrée et on as été recouvert. Puis tu es arrivée et tu nous a sauvé la vie, au péril de la tienne.

   Mon cerveau tournait à plein régime. Ils ne savent pas. En regardant Athalé, j’ai compris qu’elle, elle était au courant. Mais elle ne dirait rien, c’était dans ses principes. J'ai fini par me décider à leur révéler la vérité. Ça aurai été injuste.

-Il ne s’est pas vraiment passé ça…

   Je leur ai rapidement raconté la sphère lumineuse, la chute dans le lac, la voix de Sans-visage avec ses menaces. J’ai juste omis de leur parler de Nelly. C’était trop dure.

-L’avalanche, ce n’est pas de votre faute. C’est la sienne. En arrivant, j’ai perdu le contrôle et j’ai tout fais exploser… Vous auriez pu y rester… ai-je murmuré en retenant mes larmes.

   Je baissais les yeux, me sentant trop coupable pour affronter leurs regards. Athalé m’a pris les mains pendant que je reprenais ma respiration avec difficulté.

-Sans ton intervention, on aurait étouffé. Et maintenant, grâce à toi, on va bientôt pouvoir reprendre notre route.

   Je n’ai pas compris, alors elle a pointé son doigt vers le ciel. Plus aucun nuage, plus aucune rafale. Le bleu était de retour au-dessus de nos têtes.

-En libérant autant de ton énergie, tu as inhibé le sort qui avait créé la tempête.

   J’ai hoché la tête. Ça devait être aussi grâce à cela que mes vêtements étaient secs. Après le plongeon dans le lac…

-Bon alors on peut repartir.

   Avant même que je me sois levée, Derek a posé une main sur mon épaule.

-Tu n’écoutes rien à ce qu’on te dit, c’est pas possible ! Tu as failli MOURIR en dépensant toute ton énergie. Normalement, il te faudrait des semaines pour récupérer. Et nous, on a juste assez de force pour tenir debout.

-Alors qu’est-ce qu’on fait ? On a déjà un jour de retard…

-Il doit encore nous rester cinq heures de trajet. On va commencer par prendre un bon petit déjeuner, la suite on verra plus tard. Et interdiction d’utiliser la magie tant qu’on n’a pas repris des forces. Ça pourrait t’être fatal.

-Oui chef…

-Jure-le.

-Je le jure, ai-je grommelé.

   Je ne pouvais m’empêcher de râler mais au fond, je savais qu’il avait raison. Je me sentais aussi fragile qu’une brindille. Et eux aussi d’ailleurs : ils étaient cernés, le visage pâle et semblaient exténués. Je dois être bien pire… ai-je songé. Mais autre chose me trottait dans la tête. Si nous ne trouvions pas de solution rapidement pour retrouver nos forces, nous pouvions dire bye bye au Rassemblement. Et bye bye au remède pour Nelly…

Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant