Chapitre 16.1

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 🎵: Intro- The XX

Je ferme les yeux pendant les trente premières secondes. Si je les ouvre, je dégobille. Et personne, personne, ne veut se recevoir du vomi tombé du ciel. Ma voix n'est plus qu'un hurlement strident tandis que mon corps est balloté de droite à gauche. La voix de Nathan résonne derrière moi, il me hurle d'ouvrir les yeux et je l'envoie chier encore une fois. Dès que j'ai les pieds sur la terre ferme, je te tue.

Le moniteur a dit que la descente durait plus de huit minutes ! Huit minutes à traverser le ciel, la mer et la forêt. Huit minutes à risquer sa vie putain !

- June ! Arrête d'avoir peur !

Il hurle pour que je puisse l'entendre et sans même m'en rendre compte j'ouvre les yeux pour lui envoyer mon plus beau doigt d'honneur. Je pousse un cri lorsque je me rends compte de ce qui m'entoure. Je vole putain ! Un rire s'échappe de ma bouche : l'euphorie et l'excitation remplacent la peur et l'angoisse, mon estomac n'a plus envie de vider son contenu sur le sol et je profite enfin de ce qui m'entoure. Je vais si vite qu'il m'est difficile de voir avec précision le paysage qui nous entoure. Mon corps traverse une forêt d'arbres tropicaux, survole des petits villages perdus au nord de l'île.

Plus le temps passe, plus mon envie d'aller plus vite augmente et au loin, j'aperçois la mer. La tyrolienne nous fait traverser une partie de l'île en trois étapes. La forêt que je suis en train de quitter, une partie de la plage de la côte est puis finalement, les petits villages en bord de mer avant de nous faire atterrir vers le sud de l'île.

Un éclat de rire m'échappe de nouveau et cette fois, je lâche la corde que je tenais fermement pour les laisser voler dans les airs. Nathan pousse un cri d'excitation et je hurle à mon tour. On dirait deux drogués qui ont enfin eu leur dose. Des larmes de joie coulent le long de mes joues et je deviens silencieuse lorsque je survole la falaise, traverse une petite crique où sont regroupés des dizaines de bateaux touristiques. Les gens nous pointent du doigt, je leur fais un coucou en éclatant de rire.

Ses activités sont définitivement meilleures que les miennes. Entre un massage de couple, un tour de bateau dans les îles voisines, et une visite guidée à travers Saint-Barth, c'est clair qu'il a su dégoter de meilleurs plans.

Je me penche vers l'arrière, laisse mon corps suspendu dans le vide et prie secrètement que la corde ne me lâche pas. Nathan est plusieurs mètres derrière moi, mais je le surprends à me regarder avec intensité. Je lui lance un sourire et lui crie de regarder le paysage, ce qu'il fait avec une moue amusée collée au visage.

Pour la première fois de ma vie, je me sens enfin vivante. Peut-être que l'adrénaline qui court dans mes veines en ce moment me fait complètement délirer, mais ce voyage avec Nathan ne pouvait pas mieux se dérouler. Je souris tellement que ma mâchoire me lance, mais pour rien au monde je ne laisserai mes lèvres se refermer.

Le vent fouette mon visage, mes cheveux attachés en queue de cheval se secouent dans tous les sens, cette sensation de liberté dépasse tellement mes attentes que je finis par crier. Crier pour évacuer la colère que j'ai accumulée pendant des mois contre Will, contre ce foutu mariage et tout ce qui s'en est suivi. Je suis certaine que si Albert me voyait en cet instant, il rirait sous cape en m'encourageant. Nathan me rejoint dans mon hurlement et je me demande si lui aussi, n'aurait pas des choses importantes à évacuer.

Nous finissons par survoler les petits villages avant d'atteindre la fin du parcours de tyrolienne. J'arrive la première sur une petite plaine aménagée, on m'enlève l'équipement et mes jambes flagellent sous le coup de l'émotion. C'était complètement dingue. C'était complètement dingue putain !

Je souffle et rit, une main sur la bouche, les yeux écarquillés. Je tente de reprendre mon souffle, inspire longuement et revois toute la descente défiler devant mes yeux. Et dire que j'avais peur !

Des larmes de joie s'écoulent à nouveau sur mon visage, mais cette fois, le vent ne les sèche pas. Nathan finit par arriver et je le fixe, un air complètement euphorique sur le visage. Il me surprend en train de pleurer et fronce les sourcils. Je tente de le rassurer d'un sourire mais vu mon visage trempé de larmes, je doute réussir à le convaincre.

A l'instant où son corps est libéré de toute entrave, il se rapproche de moi et je lui saute dans les bras. Mes mains s'accrochent dans son cou, je m'agrippe à lui comme un Koala, mes jambes entourent ses hanches et je le serre contre moi sans vraiment comprendre mon geste.

Il est surpris et sa réception nous déséquilibre un instant avant qu'il ne passe ses mains sous mes cuisses et me colle encore plus fort. J'avais pas dit que je devais le tuer, une fois à terre?

- Merci, je lui murmure à l'oreille.

J'ignore le frisson qui parcourt son cou et sens ses mains se resserrer davantage.

L'adrénaline, l'excitation et l'euphorie redescendent doucement et je prends conscience de la position dans laquelle je suis. Le feu me monte aux joues, je détache mes bras autour de son cou et me recule légèrement jusqu'à croiser son regard. Nos nez se frôlent, il ferme les yeux et déglutit alors que je l'admire. C'est la première fois que je le vois de si près, c'est exaltant.

Mon cerveau m'envoie une nouvelle décharge dans mon corps et je gigote contre lui pour qu'il me laisse descendre.

- Euh, je... je... désolée, bégayais-je, une main dans mes cheveux emmêlés.

Il semble aussi surpris et gêné que moi et ses mains hésitent sur mes hanches. Je retombe maladroitement au sol, il tente de m'équilibrer mais nos gestes sont hésitants ce qui nous gêne encore plus tous les deux.

- Alors les amoureux ! Sympa cette p'tite descente hein ?

C'est la goutte d'eau qui nous mène au summum de la gêne. Je me retourne et croise le regard amusé du moniteur. Je lui lance une œillade courroucée, il ricane avant de lever les mains en l'air. Nathan glousse doucement derrière moi, avant de retrouver son air sérieux. Il se gratte la nuque et évite mon regard. Je regrette instantanément mon geste... J'aurais dû me contenir, fais chier !

Je soupire et tente de détendre un peu l'atmosphère.

- C'était vraiment sympa... Merci.

J'ai envie de me gifler. Il retient son sourire amusé mais ses yeux le trahissent clairement.

Merde, pourquoi je lui ai sauté dessus !

- Heureusement que tu as fini par te décrisper... t'avais une tête de constipée.

Je m'étouffe avec ma salive et tousse pendant qu'il s'esclaffe. Le moniteur rit dans son coin alors qu'il réceptionne de nouvelles personnes. Je le regarde, les yeux noirs avant de répondre, la bouche crispée :

- Je n'étais pas constipée, j'avais peur !

Il ricane et je lève les yeux au ciel.

Nous nous décalons pour ne pas gêner l'accueil des arrivants, mes lèvres s'étirent en remarquant le même air béat que j'avais en atterrissant ici. L'effet tyrolienne. Ou l'effet Nathan... à voir. 

The Honeymoon's rematch (Find It #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant