Ace

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Ace. C'est le premier mot que j'ai pensé en me réveillant. J'ai souris; oui, il est vraiment drôle. Quand je me rappelle avoir aperçu son tatouage, je me demande à quoi il ressemble en entier. Je compte bien lui demander la prochaine fois que l'on parle. Encore, ce n'est pas sûr qu'il me le montre; il ne veut même pas me dire son vrai nom. Je me lève de mon lit en repoussant avec motivation les couvertures. je dévale les escaliers et arrive dans la cuisine où mon père déjeunait en écoutant la radio. Il hausse les sourcil en me regardant. Il pose son bol et me sourit.

-Il y en a un qui est de bonne humeur !

-Salut 'pa ! Ouais, je suis motivé ce matin !

-Ah ouais, dit-il en me faisant un clin d'oeil, c'est ta copine qui te motive ?

Mon coeur se serre. Je ne sais pas comment je fais pour garder mon sourire mais je ne réponds pas. Ma copine m'a quitté. Mais je n'en n'ai pas parlé avec mes parents, je ne veux pas qu'ils s'inquiètent. Ils ont déjà assez de soucis comme ça. Leur travail n'est pas toujours facile.

Je décide finalement de zapper le petit déjeuner. Une fois que j'ai pris ma douche et que je me suis habillé, toute conviction a disparu.

Alors que je préparai mon sac pour aller en cours, je lève la tête vers la fenêtre. Mais les rideaux voisins sont toujours fermés et la lumière éteinte. Est-il toujours endormi ou est-il déjà parti ? D'ailleurs, est-il toujours au lycée ou à l'université ? Il avait l'air d'avoir à peu près mon âge mais à présent j'hésite. Je note dans mon mémo intérieur : "Demander son âge".

Comme d'habitude, je prends le bus et j'arrive au lycée dix minutes plus tard. La matinée est très longue, avec deux heures de sport (à savoir demi-fond, où je cours à peu près à 0.2 km/h) et deux heures de sciences (séance qui permet de finir sa nuit), je suis déjà fatigué. Après la fin du cours de physique, je range lentement mes cahiers et me dirige vers la cantine. Aujourd'hui, c'est OGNI à la carte. Objet gluant non identifié. Si quelqu'un arrivait à décrire _ou pire, à manger_ ce qu'il y a dans mon assiette, alors je m'incline. Je décide de ne pas manger la chose gluante et puante d'étrange couleur marron et m'attaque à mon dessert : salade de fruits.

Sept minutes plus tard; je me retrouve aux toilettes à vomir mes pauvres fruits. j'avais oublié que je n'avais rien mangé depuis des siècles. Mon estomac n'a pas supporté. Merci Hollywood chewing-gum pour me sauver l'haleine.

Après midi : histoire, littérature étrangère ( deux heures). En attendant le prochain bus qui va jusqu'à ma ville, je poireaute devant la cantine; où se trouvent des bancs en pierre qui ne sont jamais utilisés.

C'est une fois dans le bus, les écouteurs dans les oreilles, que je me rends compte à quel point je suis seul. Je mords ma lèvre pour empêcher les larmes de couler. Le bus s'arrête et je descends tel un zombie. Alors qu'il repart je me rends compte que je suis descendu un arrêt trop tôt. Je jure et me mets à marcher vers mon quartier, environ trois kilomètres plus loin.

Une fois arrivé chez moi, je monte dans ma chambre, jette mon sac et mon manteau à terre et m'affale sur le lit, à plat ventre. Je râle dans les couvertures puis tourne la tête pour pouvoir respirer. Je soupire. Si toutes mes journées sont pareilles, à partir de maintenant, je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps. Surtout qu'à force de mâcher du chewing-gum, j'ai mal au ventre. Je fixe le mur et me concentre sur le poster d'une série TV que j'adore. Je regarde à sa droite un cadre avec une photo de famille. Ma mère avait insisté pour que je l'accroche. Je l'observe bien et remarque qu'il est penché, je tends le bras et tente de le remettre droit. Mais à ce moment là, il se décroche et me tombe sur la tête, me faisant sursauter. Je le repousse et là, peut être que c'est à cause de tout ça, toute cette banalité solitaire, que je me mets à pleurer. Je lâche les vannes que j'ai retenu durant toute la journée. C'est triste de me dire que même un pauvre cadre ne veut pas de moi.

Tac tac tac ! Je sursaute et relève la tête, regardant ma porte entrouverte : personne. Je fronce les sourcils et tourne la tête vers la fenêtre. Je vois alors un Ace penché vers ma fenêtre, avec le poing brandi, comme s'il avait toqué à ma vitre, le regard inquiété. Merde ! Merde, merde, merde. Il ne manquait plus que ça. J'essuie mes yeux et mes joues vite-fait à l'aide de ma manche, je me lève et ouvre la fenêtre en essayant d'afficher une mine blasée.

Ace me dévisage, la tête légèrement penchée en avant, me fixant d'un oeil à la fois inquiet et curieux.

-Oui ? demandai-je, voyant qu'il n'entamait pas la conversation.

Il semble hésiter puis redresse la tête et pose ses bras sur le rebord de sa fenêtre.

-Tu...ça va ?

-Oui, répondis-je rapidement.

-Mmh... il n'y en a pas l'air. Pourquoi tu pleures ?

Bah en fait, je déprime et je veux mourir. Je m'efforce de sourire et frotte ma tête.

-Ce cadre de malheur m'a fait mal.

-A ce point là ?

Il me fixe d'un regard perçant, comme s'il savait. J'avais l'impression d'être nu face à lui. Ses yeux noirs perçants, envoûtants. Je me concentre tellement sur eux que j'en oublie de répondre, il reprend alors la parole.

-Si tu veux pas parler je comprends mais... je ne compte pas te laisser seul, et encore moins comme ça.

Ne comprenant pas, je fronce les sourcils. Il me signe alors de reculer, ce que je fais. Il pose alors un pied sur le rebord de sa fenêtre puis monte l'autre, s'accrochant également avec ses mains au murs latéraux.

Avant que j'aie pu faire ou dire quoi que ce soit, il enjamba le mètre de vide, posa son pied sur mon rebord de fenêtre, le dos courbé, et sauta dans ma chambre avec l'agilité d'un chat.

Ace  [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant