Ace [BoyxBoy]

Plaie à vif

J'effleure de mon index les cicatrices pâles de mon poignets. Je lève la tête pour regarder à travers la fenêtre. La nuit est claire et la lune brille. Je suis épuisé mais ne trouve pas le sommeil et ça me tape sur les nerfs de voir tout le monde dormir si bien. Je suis si irrité en ce moment. De plus Ace veut continuer le voyage et veut quitter l'Amérique. Allez à New-York, c'était impressionnant pour moi. Mais le monde... Je suis effrayé d'être aussi loin de chez moi, même si mes parents ne m'acceptent pas, je reste lié à eux. Je pense que je ne savais pas à quoi m'attendre en acceptant de partir avec Ace. Mais à présent comment lui dire que j'hésite ? C'est déjà si tendu entre nous que j'ai peur de lui faire part de mes sentiments. 

Lui aussi n'est plus à l'aise avec moi. Hier, alors qu'il faisait la vaisselle, je l'observais. Il avait la tête blasée d'un mec qui faisait la vaisselle. Et je ne sais pas pourquoi je l'avais regardé aussi intensément. Peu importe. Je m'étais levé pour lui proposer de l'aider et il m'avait répondu un "non" si sec que même lui semblait surpris de son ton. Au moment de nous coucher, il m'avait tourné le dos sans même me regarder. 

Je me demande ce qui ne va pas. Je croyais pourtant nous avoir réconcilier l'autre soir en l'appelant. Mais au fil des jours c'est devenu de plus en plus tendu et je suis mal à l'aise rien qu'à le savoir dans la pièce. J'en viens même à réfléchir sur mes sentiments envers lui. Et ça m'inquiète. Je m'inquiète. 

Je pose mon front contre la vitre froide et soupire, créant un nuage de buée sur le carreau. Mais qu'est ce qui se passe bon sang ? Pourquoi ça tourne si mal ? C'est injuste. Et ça fait mal. Je repense à mon ex- petite amie. Oh bon sang, non. Pas encore une fois. Si Ace et moi nous nous séparons, je ne pourrais pas y survivre. Oh non. 
Précipitamment, je me lève et vais dans la salle de bain. Voyons voir. Je trouve facilement un rasoir. Je retire la lame et me coupe le poignet avant même de réfléchir. Je penche la tête en arrière en fermant les yeux et en expirant. Ça fait du bien. La douleur de mon coeur se dissipe un peu mais... j'ai l'impression que la dépression veut à nouveau m'entraîner dans sa valse infernale. Non, pitié. J'avais réussit à t'échapper, je ne veux pas danser.  
Je me regarde dans le miroir, avec mes cheveux noirs tombant jusqu'à ma mâchoire. Une ombre capuchonnée apparaît à côté de moi. Je sais qu'elle sourit et m'invite à valser. Je baisse les yeux et me coupe à nouveau deux fois. Le sang coule lentement en laissant des sillons le long de ma main et de mes doigts fins. Plic, ploc. Les gouttes tombent et produisent une sorte de mélodie enchanteresse. L'ombre arbore un grand sourire, tel Cheshire. Et elle rit à présent. Et je continue de couper, de couper, de couper.

Un claquement.

Je sursaute et me retourne d'un seul coup. Ace vient d'entrer et me regarde, curieux. Puis ses yeux se baissent sur mon bras et ses yeux s'écarquillent. Je regarde mon bras et me rend compte que j'ai coupé tout mon bras. Oh mon dieu. Je relève la tête et me fige. Ace me fixe, les larmes coulent sur ses joues et il hausse les épaules avant de les laisser s'affaisser d'incompréhension.

-Ace...

-C'est quoi ton problème, Hal ? Je veux dire... qu'est ce que tu veux ? Qu'est ce que je fais mal ? Qu'est ce que je n'ai pas fais pour te faire plaisir ?

Il avance lentement vers moi et je me sens bizarrement menacé.

-Je t'ai offert l'asile, continue t-il, je t'ai offert mon coeur, je t'ai offert plus ce que je n'ai jamais offert. Et toi, tu n'es toujours pas heureux. Tu n'es pas heureux avec moi, Hal ? 

- Ace, je...

-Mais qu'est ce qu'il te faut, Hal ?! Qu'est ce que qu'il te faut que je ne t'ai pas encore donné ?! Pourquoi tu as fais ça ?!