Âme perdue

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[Quelques années plus tôt.]


Je suis assis sur le vieux cuir du fauteuil dans le box de ce resto miteux. La musique de Bob Three Little Birds  résonne dans les hauts-parleurs qui datent au moins de la guerre. Je tire sur mon joint et recrache la fumée en laissant mon corps s'enfoncer encore plus dans le cuir rouge moelleux et craquelé.  Ah, Bobby... Ma légende à moi. Une serveuse aussi grosse que ma bite vient me demander de fumer dehors mais je l'envoie bouler, je suis seul dans ce restaurant pourri, je ne dérange personne. Et en plus de ça, j'ai fais l'effort d'acheter un café dégueulasse pour la somme de trois dollars. Je regarde par la vitre les gens ennuyeux qui marchent dans cette rue ennuyeuse. Je hais cette ville. New-York, eldorado des américains obèses qui cherchent toujours plus de fast-foods. Je hais ce pays. 

Je tire une nouvelle fois sur mon joint et je ferme les yeux en soufflant. Ce truc me détend tellement. Mais je n'ai pas le temps de rêvasser plus longtemps ; la sonnette de la porte retentit et j'ouvre un oeil pour voir qui entre dans ce restaurant qui pue. Merde. C'est Tran. Et il porte son uniforme de policier, ce qui signifie qu'il est en mission. Je me redresse en me dépêchant de cacher mon joint sous la table et il tourne la tête vers moi puis m'adresse un sourire triste. Je soupire longuement et adresse un regard mauvais à la serveuse qui se cache derrière le bar. Je prends ma cup de café et la balance à terre, la laissant se briser sur le carrelage sale.

-Allez vous faire foutre. Vous venez de perdre le seul client qui supporte votre resto minable !

La serveuse se raidit mais qu'elle aille se faire foutre. Elle a appelé la police juste parce que je fumais tout seul dans mon coin sans déranger personne. Je regarde Tran qui me fixe encore, les pouces passés dans sa ceinture. Je me lève en soupirant  et passe à côté de lui pour sortir. Je finis mon joint en marchant nerveusement. Inutile de vérifier si Tran me suit, je sais que c'est le cas. D'ailleurs, il m'adresse la parole :

-Luhan, tu sais que tu n'as pas le droit de fumer... dans un endroit non-fumeur.

-Va te faire foutre.

Je l'entends soupirer derrière moi et il m'attrape le bras, me retournant au passage. Je reste impassible lorsqu'il plaque ses lèvres sur les miennes. Comme d'habitude, il a le goût de noix-de-coco. Il en mange tout le temps. 
Je recule et le toise. Il me sourit et caresse ma joue. Agacé, je retire sa main.

-Dégage. 

Il semble blessé et pendant un instant je sens une petite douleur dans ma poitrine mais qui se dissipe rapidement. Je passe mes mains dans mes cheveux bleus nerveusement. Il sourit et pince ma joue.

-Mon petit "blue", dit-il.

-Arrête de m'appeler comme ça ! beuglai-je.

Je déteste quand il me donne ce surnom débile à cause de mes cheveux. C'est quoi la suite ? Je rase mon crâne et il m'appelle "bouboule"? Non merci. 
Il baisse les yeux tristement et je le fixe avec une moue. Tran est plus grand que moi, d'origine vietnamienne, il est vraiment très beau et très gentil. Mais il est chiant sur les bords. Cela fait huit mois que l'on baise ensemble et il a neuf ans de plus que moi, c'est à dire 28 ans. Mais il fait plus jeune, beaucoup plus jeune. Je ne vous cache pas que le plus gros inconvénient est qu'il fasse partie de la police mais... bon. Tran me voit comme un jeunot qui cherche à se découvrir sexuellement parlant. Je sais qu'il m'aime bien mais pour lui je suis plus comme un ami. 

Quant à moi, je l'aime depuis que je l'ai rencontré. 

//3 heures du matin, New-York, appartement de Tran//

Je gémis son nom encore une fois. La buée coule en perles humides sur la fenêtre. Nos respirations saccadées sont mêlées et je penche la tête en arrière, regardant le plafond. Tran me regarde, allongé sur le lit, alors qu'il me tient les hanches. Je monte et descends sur lui et bon sang que c'est bon. Même lorsqu'il ne bouge pas, Tran est un dieu au lit.
Je sens soudain ses hanches remuer plus vivement sous moi et son membre frapper ma prostate. Je sens l'habituelle chaleur qui monte en moi et j'explose dans une jouissance qui me donne le tournis. Lui jouit en moi tout en gémissant mon prénom. J'attends quelques secondes avant de me retirer, ce qui me demande un effort considérable, et je m'allonge sur son torse en embrassant sa peau colorée. Il vient poser sa main dans mes cheveux et les caresse doucement. Ce truc à le don de me détendre. Un joint inoffensif en quelques sortes.

Ace  [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant