Hal

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/!\ Ace /!\ 


Ça fait au moins deux heures que Hal est assis sur le sofa des Spark, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains. Il m'énerve à rester là, sans rien faire, à déprimer. Il se fait du soucis pour rien. Son pote est juste triste parce que son frère est mort. Alors il est parti s'isoler. J'étais pareil quand j'ai reçu l'avis de décès de ma soeur. Hal s'en fait trop. Mais dans un sens, je le comprends. 

Je le regarde, appuyé contre le montant de la porte du salon, les bras croisé. Je voudrais faire quelque chose pour le rassurer mais je ne suis pas très doué pour ça. Je m'approche de lui et m'assois sur le bras de fauteuil. Je pose une main sur son épaule maigre. Il tourne légèrement la tête vers moi mais ne regarde pas.

-Hal, il va revenir. 

-Qu'est ce que tu en sais ? Il est peut être en danger, enlevé...

Je soupire d'un air blasé. Plus négatif, tu meurs.

-Je le sais c'est tout.

Je lui ébouriffe les cheveux. Et je l'entends grommeler. Je souris.

-Eliott va revenir, il est juste choqué et profondément triste. Tu t'attendais à quoi? Qu'il t'accueille chez lui, assis sur le sofa, les jambes croisées avec une tasse de thé dans les mains et te saluant : "Bonjour, mon cher, une tasse de thé ?" ?

Ses fines épaules se soulèvent pendant qu'il ricane.

-Tu as raison, répond il. Mais je m'inquiète quand même. J'espère qu'on va vite le retrouver.

Hal est vraiment affecté par la disparition d'Eliott et ça me fou mal. J'ai l'impression de ne servir à rien. Juste décorer. Je voudrais faire quelque chose pour aider Hal à retrouvé le blondinet mais je ne peux rien faire. Si je cherche avec la police, je ne vais que gêner : je n'ai aucune expérience. Alors je me contente de poser la joue sur les cheveux doux de Hal et de le cajoler. Hal sent vraiment bon ; un mélange de menthe, de shampoing et un peu de sueur. Le tout donne le parfum de l'extase. Je ne sais pas s'il s'en rend compte.
Sans prévenir, il se redresse doucement et je relève la tête. Il me regarde avec un air si triste que j'ai envie de l'embrasser pour le consoler. 


        Il est à présent quatre heures du matin et Eliott reste toujours introuvable. Tout le monde s'inquiète : les températures cette nuit sont basses et même dans la maison des Spark il commence à faire un peu frisquet. Je vois Hal grelotter sur le sofa et je m'accroupi devant lui, tâchant de frotter ses jambes pour le réchauffer. Mais j'ai bien peur que ce n'est pas de froid qu'il tremble. 
J'allais ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais à ce moment : la porte s'ouvre. Je me retourne et voit alors deux policiers encadrant un blondinet tout tremblant, enveloppé dans une couverture. Hal se lève d'un bond et bientôt, une petite foule se fait autour du rescapé. Je préfère rester en retrait et je l'appuie contre le mur en croisant les bras. Hal semble vraiment soulagé. Tout le monde pose des questions à Eliott mais ce dernier ne répond pas. Mais laissez le respirer. Je secoue la tête, dépité, et regarde la cheminée à feu de bois. Elle serait allumée, elle servirait peut être à quelque chose... 
Il y a du mouvement dans la masse : je regarde. On fait asseoir Eliott sur le sofa et je remarque à ce moment qu'il est pâle. Des cernes sont sous ses yeux rouges qui ont trop pleuré. Il semble sur le point de vomir. Je croise le regard de Hal mais que veut-il que je lui dise ? Je ne suis pas médecin ni psychologue. Et blondinet ne m'intéresse pas vraiment. De plus, il est quatre du mat' et je suis vraiment crevé. A cause de toute cette histoire, j'ai dû téléphoner à mon patron pour annuler mes "rendez-vous" de ce soir.

-Ace?

Je sursaute presque à entendre Hal m'adresser la parole. Je lui souris.

-Oui ?

-Je vais retourner chez moi. Madame Park voudrait qu'on s'en aille.

Je jette un coup d'oeil par dessus son épaule : la dame nous regarde d'un oeil impatient. Eh bien, courtoise la madame. On vient l'aider car son fils aîné est mort et son cadet à disparu et elle nous vire limite de la maison.

-D'accord, on rentre.

Je prends la main de Hal et travers la marée humaine avant d'atteindre la porte. Hal sort et je regarde une dernière fois le blondinet ; il a les yeux fermés, les dents serrées. et sa mère s'acharne sur lui pour essayer de le faire parler. Je sors en claquant la porte. 

Nous marchons plutôt vite. Hal est devant moi, les mains dans les poches, le dos voûté. Il semble dans ses pensées. Ce silence me pèse. Je l'attrape par le bras et l'oblige à s'arrêter.

-Hal, ça va ?

-Oui. Je suis fatigué. Rentrons.

Néanmoins, aucun d'entre nous deux ne bouge. Soudain, il vient se lover contre moi et serre mon t-shirt dans ses petits poings. Il éclate en sanglots.
Je l'entoure de mes bras et caresse doucement son dos. C'est beaucoup d'émotions pour un être si fragile. Son corps est prit de soubresauts  et je pose ma joue contre son front tout en le berçant et en lui chuchotant que ça va aller. 
Au bout de quelques minutes, il finit par se calmer et se recule de quelques centimètres. Il regarde ses pieds, les yeux rougis et les joues trempées. Je passe mon pouce sur sa joue droite pour l'essuyer et la glisse sous son menton pour lui faire relever la tête. Je me penche légèrement et dépose un baiser léger sur ses lèvres. Je vois qu'il rougit légèrement sous l'éclairage des lampadaires. J'adore l'embrasser. Ses lèvres sont si douces... c'est comme une drogue pour moi.

-Ça va aller, champion ? demandai-je.

Il hoche lentement la tête. Nous recommençons à marcher vers notre pâté de maisons. Nous arrivons un quart d'heure plus tard devant son immeuble et avant de rentrer, il se retourne vers moi.

-Ace?

-Oui ?

Il se tait un instant et je vois qu'il hésite. Puis il reprend :

-Je ne sais pas ce que tu fais comme travail mais... je t'ai vu l'autre jour prendre l'argent d'un homme.

Je reste sans voix, un peu tendu. Il m'a vu ? Quand ? Où ? Merde, moi qui avais pensé être discret.

-Et... poursuit-il, je voudrais savoir ce que tu fais pour obtenir cet argent. T-tu... tu vends ton corps ?

Je le vois rougir et il baisse légèrement la tête. 
Que dire ? Je ne sais pas si je lui dis maintenant ou non. Je pense qu'il ne doit pas savoir la vérité sur moi. Il pourrait se méprendre. Je me contente donc de sourire comme si sa question me faisait rire. J'ébouriffe ses cheveux et répond :

-Va dormir, champion. Tu es épuisé et tu n'as pas tes idées en place.

Il me fixe quelques instants puis acquiesce. Il se détourne et part dans son immeuble. Je soupire et attends de voir la lumière de sa chambre s'allumer et réfléchir sur le mur de mon immeuble. Je tourne les talons et retrouve ma solitude. 


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/!\ Message /!\

Je suis désolée de ce chapitre si court et je m'excuse d'avance car je pense que je ne vais pas faire souvent de points de vue de Ace. J'ai du mal à changer de "peau". Et je me sens plus inspirée quand j'entre dans la peau de Hal. Le but est de rendre Ace mystérieux, impossible à comprendre, et si je vous donne son point de vue, il devient compréhensible alors je préfère vous garder le croquant du personnage. :)

Je vous luv ♥

-M.


Ace  [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant