Je suis assis à la table pour déjeuner, avec mes parents. Et j'ai du mal à parler. Je sais... je le sais qu'ils vont m'accepter comme je suis mais... c'est dur. Les mots restent coincés dans ma gorge. Puis je prends une grande inspiration et je lance :
-Papa, maman, je dois vous dire quelque chose.
Ils tournent tous les deux la tête vers moi. Ma mère se servait de la salade, elle me sourit :
-Oui mon chéri ?
Je regarde mon père qui me fais les gros yeux et mime d'être choqué avant de dire :
-T'es... enceinte ?
On éclate de rire tous les trois et je secoue la tête. Je me mords la lèvre et mon coeur bat à la chamade quand je lance enfin :
-Je crois... que j'aime aussi les hommes.
Il y eut un grand silence. Puis...
***
Deux ans plus tôt.
Eliott, abattu est appuyé contre mon épaule. Il ne pleure pas, mais ses mains tremblent. Je caresse doucement ses cheveux. Il vient d'annoncer à ses parents qu'il était bisexuel et il vient de se faire rejeter par sa famille. Son père l'a frappé, il a une coupure à la lèvre mais il ne veut pas que je prévienne la police. Il me regarde dans les yeux et je lui souris. Je lui répète combien je l'aime. Et je ne comprends pas comment une famille peut rejeter son propre fils tout ça parce qu'il aime les filles et les garçons.
-J'ai peur, murmure t-il.
-Reste ici cette nuit, t'es pas tout seul, jamais.
Il enfoui son visage dans mon visage.
-Je t'aime, Eliott. Tu es mon frère.
-Je t'aime, Hal.
***
La claque résonna presque aussi fort que le verre du saladier, brisé à terre. Ma joue brûla, mes yeux s'écarquillèrent et ma mère hurla. Pas un mot, pas une phrase. Elle hurla comme si l'on venait de lui renverser de l'acide sur la tête. Elle me regarda, les yeux pleins de larmes, de peine et de colère.
-Dis moi que c'est pas vrai ! Tu peux pas nous faire ça !
Je suis perdu.
-J..je...
-Tu peux pas nous faire ça ! Tu te rends compte de ce que tu nous fais ?! Tu détruis notre famille ! Tu n'est pas comme ça ! TU N'AS PAS LE DROIT D'ÊTRE COMME CA. Tu es MON fils, tu n'aime pas les hommes ! Tu es sorti avec des filles ! Alors NON ! Non ! Tu n'as pas le droit d'être un ignoble pédé ! C'est des conneries ! T'es pas comme ça Hal! T'es normal putain ! Ne me dis pas que t'es sorti avec un homme ! Oh mon dieu quelle horreur ! (Elle frissonne.) Non ! Je refuse ! T'as pas le droit d'être comme ça !
Elle avait tout ça d'un ton méprisant. C'est à mon tour de hurler, je me lève, en rage, et la pointe du doigt.
-De quel droit tu me dis ce que je dois faire et qui je veux être ?! C'est ma vie ! C'est ma PUTAIN DE VIE. JE décide, ok ?! J-
-NON ! me coupe t-elle. Ne me dis pas que tu t'es affiché avec un homme ! On te faisait confiance ! Oh bon sang... je suis sûre que c'est le voisin. C'est ça hein ?! On te fait confiance, on te laisse aller avec lui pensant que tu vas jouer aux jeux vidéos, tu t'es bien fichu de nous ! Tu t'es envoyé en l'air avec lui hein ?! Sale pédé ! T'as gâché notre vie ! T'as gâché ta vie !
Je reste bouche bée. Une larme coule sur ma joue et j'ai l'impression que mon coeur a déserté ma poitrine. Ma mère se tourne vers mon père, qui est resté immobile pendant ce temps là.
-Tu dis rien, toi ?!
Il relève la tête et la regarde d'un air effondré.
-Tu veux que je dises quoi... ?
Je gémis : mon père préfère garder le silence, et ça me blesse profondément. Je le dégoûte tellement qu'il ne veut rien dire.
-Dégage !!! hurle ma mère. Dégage !!
J'ignore si elle me demande de sortir de la pièce ou de sa vie. Quoi qu'il en soit j'attrape mon assiette et l'éclate contre le mur, je renverse la table en criant de rage, les larmes déferlant sur mes joues. Je cours vers la porte d'entrée et sors pour la claquer derrière moi. Je suis pieds nu mais je m'en fiche. Je descends les escaliers à toute vitesse, je sens que tout mon corps tremble et mes jambes ont du mal à ne pas se dérober sous moi. Je sors de l'immeuble et cours vers le voisin. Je monte jusqu'au quatrième étage et m'effondre dans le couloir, incapable d'aller plus loin.
A genoux, sur la moquette qui pue la vieillesse, je hurle mon désespoir en pleurant. Mais mes oreilles sifflent et je n'entends pas ma voix. Les portes du couloir s'ouvrent et je vois des ombres au seuil des portes me regarder curieusement. L'une d'entre elle se précipite vers moi et relève mon visage. Aah... Ace. Il me parle, le regard plein d'inquiétude, mais je n'entends rien car mes oreilles sifflent. Je ne comprends plus rien à mon monde.
Soudain, je me sens quitter le sol . Ace m'a pris dans ses bras pour m'amener chez lui. Je serre mes bras sur ma poitrine tellement elle me brûle. J'ai du mal à respirer. Et je continue de pleurer.Ace me dépose sur son canapé quelques minutes plus tard et il me prend le visage entre ses mains. Je l'entends enfin :
-Bon sang, Hal. Qu'est ce qui se passe, champion ?
J'éclate de nouveau en sanglots puis il m'attire contre son épaule et je m'accroche à son t-shirt comme à une corde qui m'empêche de tomber dans le vide. Il caresse doucement mes cheveux avec sa grande main rassurante. Il semble avoir compris car il ne pose plus de question. Il semble avoir fait le calcul avec ce que je lui ai dit ce matin.
-Hal, tu n'es pas seul. Je suis là. Et je t'aime moi. Je t'aime.
Et alors que je suis au fond du gouffre et que mon univers viens de perdre son soleil, lui , lui arrive à m'éclairer. Il est mon phare dans cet océan brumeux. Et là, à ce moment, il brille de mille feux.
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Ce chapitre est court, je sais. Mais je voulais absolument passer cet épisode le plus rapidement possible car il me rappelle de mauvais souvenirs alors excusez moi, je vais essayer de faire des efforts pour faire des chapitres plus longs.
Encore une fois, je vous aime. ♥
-M.
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Ace [BoyxBoy]
General FictionHal est dépressif. Il n'arrive pas à se remettre de sa dernière rupture et s'interroge sur le sens de sa vie. Il songe même au suicide. Cependant, sa rencontre avec Ace, un jeune homme étrange, va changer sa vie. Il s'engage alors dans une aventure...