Ace [BoyxBoy]

Le tatouage

Petit à petit, je recommence à me nourrir. Au début, mon estomac refusait totalement quoi que ce soit. Alors j'ai dû aller doucement. Encore maintenant, je ne mange que peu. Mais je mange quand même et ça, c'est un grand pas. Eh oui, je n'ai plus envie de mourir de faim. Surtout pour cette garce. Elle s'est bien amusée avec moi eh bien je ne vais pas la laisser faire alors qu'elle n'est même plus avec moi.

J'ai envie de dire que tout ça, c'est grâce à Ace. Mon super-voisin. Tous les soirs, on se parle via le mètre qui nous sépare. Il m'a donné son numéro et quand nous ne sommes pas chez nous, on s'envoie des mails. J'ai envie de dire qu'il est comme mon meilleur ami, mais ce n'est pas encore ça. Je suis lié à lui par un fil. J'ai besoin de lui ; d'ailleurs, dès qu'il ne répond pas à un de mes messages car il est occupé, je déprime légèrement. Il est un peu mon phare dans cet océan nuageux. Dès que je ne le vois plus, j'ai peur de me heurter à un récif.

Je me suis même remis à faire du sport ! J'ai perdu du muscle pendant ma dépression. Alors, je suis actuellement en train de faire un jogging en écoutant du Linkin Park dans mes écouteurs. Il fait beau aujourd'hui , je porte un simple t-shirt blanc et un jogging gris. Alors que je termine mes trois kilomètres de courses _car oui, je commence doucement_ je passe devant l'immeuble d'Ace afin de rejoindre le mien. Je regarde la fenêtre du quatrième étage et me demande si c'est celle de sa cuisine, son salon ou autre pièce. Mon coeur fait un bon quand je vois une ombre passer devant. Je m'arrête et fixe la fenêtre en souriant. Je sors mon portable de ma poche et lui envoie :

Regarde par la fenêtre.

Je range mon portable et relève la tête vers l'immeuble. Mon sourire disparait quand je vois une deuxième ombre arriver vers la première. Ace vit avec quelqu'un ? C'est peut être un de ses parents... ou...

Je fronce les sourcils mais rien à faire ; je n'arrive pas à distinguer la deuxième même si j'ai reconnu la silhouette de la première : Ace.

Soudain, la deuxième ombre percute violemment celle d'Ace, qui riposte en poussant n°2. Ace semble crier : je le vois agiter les bras en l'air d'un air frénétique. Et là je devine : quelque chose ne va pas. Alors que je fais un pas en avant pour me précipiter à l'intérieur, n°2 disparait. Ace reste immobile et quelques secondes après, un homme sort de l'immeuble en marchant vite. Il semble énervé. Il passe à côté de moi en me fixant d'un mauvais oeil. Il doit avoir la trentaine tout au plus et est mal habillé, ses habits sont sales et déchirés à quelques endroits. Comme s'il venait de se battre dans de la poussière. Il me dépasse et monte dans une voiture qui démarre rapidement disparait au tournant de la rue. Je relève la tête et vois Ace qui regarde par la fenêtre, tenant le rideau. Il fixe l'endroit où la voiture à disparu d'un air menaçant. Je dégluti et il disparait à l'intérieur.

C'est à ce moment que je me rends compte qu'en fait, je ne connais pas du tout Ace. Je ne sais même pas s'il vit seul, qui il fréquente, ce qu'il fait dans la vie. Je ne sais même pas son âge.

Je sers les poings et me dirige vers l'entrée de mon immeuble, bien décidé à lui demander une fois dans ma chambre.

Je monte les escaliers rapidement et entre en boulet de canon chez moi, faisant sursauter ma mère qui mettait la table. Du coin de l'oeil, j'aperçois mon père lisant le journal dans le salon, éclairé par la vieille lampe que l'ont avait acheté dans une brocante. Je me rends compte à ce moment que le soleil est presque couché. J'échange quelques mots avec ma mère puis monte dans ma chambre. Je ne prends même pas ma douche, j'ouvre ma fenêtre, me penche dans le vide et frappe rageusement du poing sur celle d'Ace. Rien. Je tape à nouveau et il apparait quelques secondes plus tard ; la fenêtre s'ouvre et je vois son visage qui semble énervé ou contrarié.