Épisode 1 - Prologue

6.9K 417 884
                                    

Tout d'abord, merci de commencer cette histoire, vous avez déjà lu 11 mots XD Je tiens à vous dire que ce premier chapitre est un prologue "dans l'action". Il se passe en plein milieu de l'histoire et a été écrit pour qu'on ne comprenne pas tout. C'est supposé donner envie de lire la suite (après le prologue, on recule dans le temps et l'histoire commence), alors ne soyez pas inquiets de ne pas tout comprendre. Tout deviendra clair dans les prochains chapitres promis. Et maintenant, je laisse la place à mes personnages.

Il est deux heures du matin et Ariane marche dans la ville.

Une bouffée d'anxiété apparaît, mais l'adolescente la chasse. Le trajet ne va prendre que quelques minutes et elle se déplace vite. Ariane n'est pas une Poulin et leurs ennemis n'ont aucune raison de l'agresser.

Trente minutes d'attente pour un taxi, c'était trop. Elle fait bien de rentrer à pied.

Ariane marche tête nue, ses longs cheveux blonds dénoués sur son manteau, et sent l'air glacé mordre ses joues. Le champagne bu lui donne l'impression de voler, sa fatigue la ramollit et son estomac gargouille. Dès qu'elle va être rentrée, elle va manger deux tartines de beurre d'arachide.

Une image se forme. L'adolescente visualise un homme avec autant de précision que si elle regardait une photo. Sa musculature, quand il a montré sa cicatrice. Ses yeux qui fusillent, ses lèvres à la sensualité brutale. Son tatouage: la main qui froisse des feuilles de papier, la tête sur un piquet, le pistolet, le corps qui tombe d'une falaise.

Son physique s'est imprimé dans le cerveau d'Ariane, qui ressent une sorte de désespoir. Il est sans doute le plus bel homme qu'elle a croisé dans sa vie, mais ce n'est qu'apparence.

C'est l'un des gardes du corps des Poulin. Elle ne connaît pas son nom et l'a surnommé « le beau démon ». C'est à lui qu'elle voulait parler de la caméra et elle aurait aimé qu'il la raccompagne.

La tête d'Ariane se remplit de pensées amères. Le regard méprisant de cet homme, quand elle a quitté la maison, était insupportable. Elle aurait voulu lui filer une claque, le secouer, lui cracher dessus, l'engueuler... D'autres idées lui viennent, plus douces.

Les rues sont tortueuses, dans ce quartier ultra-riche bâti à flanc de montagne. Autour d'Ariane, les maisons de pierre se dressent au milieu d'immenses jardins, comme de petits châteaux. Le seul mouvement est celui des flocons de neige qui tombent, éclairés par les lampadaires verts en forme de T.

Tout le monde se rend compte que le beau démon est dangereux. Il déborde de violence, de colère, et méprise les gens avant de les connaître. À d'autres moments, il est presque aimable et Ariane a le sentiment de lui plaire. Elle repense à la conversation dans la voiture et au verre de whisky renversé. Il a voulu la défendre, elle en est certaine.

Elle passe devant une sculpture qui décore l'avant d'une maison : un géant de fer aux muscles disproportionnés. Le géant est éclairé par des spots et la maison aussi, gigantesque, en pierre bleutée, avec tourelle et toit ardoisé. Une BMW et une Lexus attendent devant le garage. Derrière les bâtisses, beaucoup plus bas, les lumières de Montréal s'étalent jusqu'à l'infini.

Le beau démon est toxique. Un homme qui fait souffrir les femmes, qui baise à droite et à gauche, qui ne pense qu'à lui. Tout ceci doit arrêter. Ariane est une fille simple de dix-sept ans, avec bon cœur, incapable de masquer ses sentiments. Elle a un chum* incroyable, David, qu'elle aime et qui l'aime. Il vaut mille fois le beau démon. Comme plus tôt durant la soirée, elle décide de l'oublier. Elle va effacer le beau démon de son esprit et se libérer de son obsession.

Soudain, elle a un mauvais pressentiment. Un bruit? L'impression d'être observée? Elle s'arrête et regarde autour d'elle.

Tout semble normal. Rien ne bouge, sauf les flocons de neige, mais Ariane accélère le pas.

Les criminels qui tournent autour des Poulin n'ont aucune raison de l'attaquer. Elle jette un regard derrière son épaule et voit, une quarantaine de mètres derrière, une voiture qui avance à basse vitesse.

D'un coup, elle sait. Elle continue à marcher rapidement. La rue tourne et la voiture disparaît. Ariane se met à courir, change de direction au premier coin de rue et se précipite vers une maison.

Un passage déneigé la contourne. Ariane traverse une grille en fer forgé et aboutit à l'arrière. Là se trouve un grand jardin, avec remise, patinoire et module de jeux pour les enfants. Tout est blanc. La nuit est claire, parce que la lumière artificielle se reflète sur les flocons qui remplissent l'air. L'adolescente se colle à la maison et tente de reprendre son souffle sans faire de bruit.

Le silence est total. Quelques minutes passent et Ariane se détend. Elle a semé la voiture.

Que faire maintenant? Continuer à pied? Elle sort son téléphone de son manteau. Les sonneries se succèdent, interminables, et enfin elle entend une voix ensommeillée.

— Ariane... Tu sais l'heure qu'il est?

— Maman, j'ai besoin que tu viennes me chercher. Je reviens à pied de chez David et j'ai peur.

D'un seul coup, sa mère parait moins endormie.

— Peur de quoi?

— J'ai l'impression qu'une voiture me suivait.

— Tu es sûre?

— Non... Je me suis cachée derrière une maison.

— Où es-tu? demande la mère.

— Au coin de Maplewood et Springgrove.

— Tu es à peine cinq minutes d'ici.

— Viens me chercher en auto, maman.

— Si tu penses que quelqu'un t'a suivie, appelle tout de suite le 911.

— Les policiers vont me prendre pour une folle!

— Non, ils vont comprendre. C'est leur métier.

Du coin de l'œil, Ariane perçoit un mouvement sur le côté de la maison. Deux hommes vêtus de noir apparaissent et foncent sur elle. L'un d'eux saisit son bras et le téléphone tombe sur le béton déneigé.

— Maman! crie Ariane.

D'un coup de pied, l'homme fracasse le téléphone, tandis que l'autre essaie de passer un sac sur la tête d'Ariane. Leurs visages sont couverts par des masques de ski

« C'est à cause de la caméra! se dit-elle. Ils me kidnappent à cause de la caméra! »

Les hommes ont suivi la trace des pas. La fine couche de neige a trahi Ariane.

Elle se débat, crie, rue et frappe un des hommes dans un trou de son masque. Il gémit et se détourne. Elle l'a frappé dans l'œil. L'autre homme lui donne un coup au plexus solaire et Ariane perd le souffle. Il l'attrape par le bras et le tord.

Une lumière s'allume dans la maison, mais Ariane ne voit plus rien car le sac recouvre sa tête. Elle est ligotée, emportée, jetée dans le coffre d'une voiture.

Le sac est remonté, l'un des hommes colle un morceau de duct tape sur sa bouche et la voiture démarre.

Son coude lui fait très mal. Les idées affreuses se multiplient. Les Poulin ne paieront jamais de rançon pour elle. Que va-t-il lui arriver?

Ses ravisseurs sont des professionnels et ils tiennent la police en échec. En un éclair, elle réalise que le beau démon est le seul qui peut la sortir de là. Comme si un message télépathique pouvait le rejoindre, elle s'adresse à lui. « Viens me sauver, pense-t-elle avec désespoir. Tire-moi de là et je ferai tout ce que tu veux. Je te donnerai tout ce qui te plaira, tout ce qu'une fille peut donner. »

Elle en a tellement envie, de toute façon.

Dire qu'il y a deux jours à peine, elle stressait d'arriver en retard à un examen de chimie!


* chum = copain (prononcer à l'anglaise: "tchom")

Chères lectrices et chers lecteurs, comment trouvez-vous ce début? Fonctionne-t-il? Avez-vous envie de continuer l'histoire?

Protection dangereuse [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant