Épisode 43

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Des visions de ce qui attend Ariane la font trembler. Les accusations de la police dans tous les médias. Son procès. « La fille qui a aidé le criminel. » Elle, l'étudiante modèle, sera pointée du doigt. Charlotte. Justine. Tous les gens qui l'ont contactée après sa libération vont le savoir.

Elle s'oblige à regarder Orang-outang, qui la fixe en serrant les mâchoires, tandis que Rhinocéros feuillette le contenu d'une chemise jaune. Parler serait tellement facile. Les détectives seraient heureux et oublieraient peut-être ses errements. Mais elle se rappelle que le vrai coupable est M. Poulin, qui a détruit la famille de Julien avec son égoïsme et son avidité.

— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, déclare-t-elle.

— Je vais te montrer une photo, réplique Rhinocéros.

Le détective extrait de la chemise jaune un document qu'il fait glisser vers Ariane. Elle sent son pouls accélérer, mais l'image représente un inconnu d'une soixantaine d'années.

— Est-ce que c'était un des ravisseurs? demande-t-il.

— Je ne crois pas.

— Enfin une réponse honnête! Cet homme s'appelle Marc Tellier. Il s'est suicidé, Ariane.

— Ah bon.

— Il a travaillé avec PLN pour mettre au point la nouvelle fibre optique. Et, ce qui est intéressant, il a prétendu ensuite en être l'inventeur. Les gens qui t'ont kidnappée veulent venger le vol de la fibre optique, n'est-ce pas?

Les policiers sont rapides. À peine quelques heures après qu'elle a parlé à la psychologue, ils ont déjà identifié l'oncle.

— Je ne sais pas, dit Ariane.

— Ce n'est pas lui qui t'a kidnappé. Il est mort. C'est quelqu'un qui le connaissait. Un autre chercheur, peut-être. Ou un ami. Qui, Ariane?

— Pourquoi n'enquêtez-vous pas sur le vol de la fibre optique?

— Il n'y a pas eu de vol de fibre optique. Elle a été mise au point dans les labos de PLN. Est-ce que les ravisseurs ont été gentils avec toi?

— Ils ont été corrects.

— Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu deviennes amoureuse de l'un d'eux? demande Orang-outang.

La phrase claque comme un fouet et Ariane se raidit. Pourquoi, mais pourquoi a-t-elle fait confiance à la psychologue? Et pourquoi cette femme n'a pas respecté la confidentialité?

La voix d'Orang-outang s'adoucit.

— On comprend ce que tu vis. Tu es jeune et inexpérimentée. Le syndrome de Stockholm, on connaît ça. On peut t'aider, mais tu dois nous aider toi aussi.

— Tu es dans la merde, déclare Rhinocéros. Ta seule chance est de tout nous dire.

— Est-ce que je suis accusée de quelque chose? demande Ariane.

— Pour l'instant, non.

— Raconte-nous ce qui s'est passé, dit Orang-outang, et on va t'aider à te sauver la face.

Ariane se tait.

— Parle-nous de la maison d'où tu es échappée, dit Rhinocéros. Elle ne doit pas être loin de l'endroit où on t'a ramassée. Qu'est-ce que tu peux nous dire sur son apparence?

— Pas grand-chose. Quand je me suis enfuie, je paniquais.

— En briques? En pierres?

— Je ne m'en souviens pas.

Protection dangereuse [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant