Protection dangereuse [Terminée]

Épisode 18

B a disparu dans les pièces voisines et Myriam est montée se changer. David s'est levé du divan, abandonnant Ariane, et discute avec ses trois amis.

L'adolescente demeure ébranlée par les sarcasmes de Myriam. Un océan de cendres l'entoure. Son cœur bat trop vite et des vertiges apparaissent.

Elle se met debout et rejoint David, au moment où il dit:

— On devrait jouer à la roulette russe.

— Quoi? s'écrie-t-elle.

Il lui jette un regard dégoulinant de poison et se détourne.

— On joue avec un mannequin, continue-t-il. On tire sur le mannequin. Si on le tue, on perd.

— Et si on perd, qu'est-ce qui se passe? demande William.

— On devient l'esclave des autres pendant une fin de semaine, propose Cédric.

— Ah oui! Ah oui! dit Maxime.

Aucun d'eux ne se soucie d'Ariane et elle réalise qu'un autre problème est apparu. Son cœur tambourine, ses vertiges s'accentuent, et la possibilité d'être malade devant tous la fait paniquer. « Je dois me cacher » se dit-elle.

Elle quitte la pièce, emprunte un corridor, s'assure que David ne la suit pas et ouvre une porte. C'est un escalier de service qui monte à l'étage. En haut, ses vertiges la forcent à s'appuyer au mur et elle réalise qu'il lui reste très peu de temps pour se trouver un abri. Devant elle s'alignent des portes fermées: les chambres. Elle ouvre la première et fige. Une fille nue est allongée sur le lit et les fesses d'un gars montent et descendent.

Ariane referme la porte, essaie d'effacer l'image, se rend à l'autre bout du couloir et ouvre la dernière. La chambre est immense et luxueusement décorée. Elle appartient aux parents, qui sont absents pour la fin de semaine.

Ses tremblements sont tellement intenses qu'elle chancelle et son cœur se débat à en sortir de sa poitrine. Elle s'effondre sur le lit.

C'est la pire crise d'anxiété de sa vie. D'horribles picotements se multiplient, des milliers de fourmis rouges qui lui enlèvent des particules de chair.

Elle ne doit pas rester là. Dès que David va réaliser qu'elle est partie, il va la chercher pour la chicaner et elle ne veut pas qu'il découvre son problème. Incapable de se rendre à la salle de bain, elle s'allonge sur le tapis. La chambre est dans l'obscurité et le lit la cache de la porte.

Une dizaine de minutes passent. La crise s'intensifie, puis se calme.

Elle entend la porte s'ouvrir et s'effraie. David est là. Pourquoi ne s'est-elle pas enfermée dans la salle de bain quand elle se sentait mieux? La porte se referme et les pas se rapprochent.

Et puis, rien ne se passe. Il n'a pas allumé les lumières. Ariane se met à quatre pattes et regarde par-dessus le lit.

L'obscurité est diluée par les lueurs des appareils électroniques et elle voit la forme d'un homme qu'elle reconnaît. C'est William, l'ami de David. Ses épaules et la largeur de son corps le trahissent. Il lui tourne le dos et elle ne distingue rien de ses vêtements.

Une lueur imperceptible est projetée devant lui, comme s'il s'éclairait avec une minuscule lampe de poche. Il se tient près d'une commode et son dos dissimule ses gestes. Sa main s'écarte un instant, avec un vêtement de dentelle blanche. Un soutien-gorge. William manipule les sous-vêtements de Mme Poulin qui se trouvaient sur la commode.

Ariane se rallonge sur le tapis et attend. William est un pervers, réalise-t-elle. Il joue avec les sous-vêtements de la mère de David parce que ça l'excite.