Protection dangereuse [Terminée]

Épisode 15

Une colère tropicale envahit Ariane. Elle plante là les trois gars et se dirige à pas violents vers le party.

Tandis qu'elle traverse la salle à manger aux longues tables, puis un couloir décoré de tableaux, des pensées corrosives s'entrechoquent dans sa tête. David va l'entendre! Il n'a aucune excuse! Elle retrouve les feuilles collées au mur pour indiquer la direction du party, la musique devient plus forte et elle croise quelques gars et filles inconnus. Toujours aucun garde du corps. Dans l'auto, B et O ont discuté de la soirée et elle a appris qu'ils seraient huit. C'est ridicule! Une maison de cette taille exige au moins vingt gardiens.

Elle arrive devant une porte avec l'indication « le party, c'est ici!!! » et la pousse.

La musique techno explose à ses oreilles. La salle est plongée dans l'obscurité et traversée par des tourbillons de lumière colorée, à la forme changeante. Ils proviennent d'appareils sur trépied.

Éclairé par une lampe, un DJ s'affaire derrière sa console, loin d'Ariane. La pièce est immense.

Tandis que ses yeux s'habituent à la pénombre, elle essaie de repérer David.

Les jets de lumière éclairent une trentaine de formes qui dansent. Encore des visages inconnus. Pour avoir autant de monde, David et Myriam ont sans doute invité les amis de leurs amis et tous ceux que ces gens-là connaissent.

Idéal pour introduire une taupe.

Le long du mur, un étui à pistolet à la ceinture, un homme plus âgé observe les danseurs d'un air morose. Une femme en tablier s'approche et présente à Ariane un plateau rempli d'amuse-gueules et de coupes de mousseux.

Le ventre d'Ariane lui rappelle qu'elle n'a mangé que la moitié de ses spaghettis et elle choisit le plus nourrissant: deux tartines de caviar, avec une coupe de vin.

La femme se penche vers son oreille.

— Le caviar est russe et le champagne du Veuve Clicquot. Si vous voulez quelque chose de plus corsé, un service complet de bar est offert dans la pièce d'à-côté.

Les boules de caviar, grosses et gluantes, explosent entre ses dents. Le goût salé lui déplaît, mais le ventre l'emporte et Ariane engouffre la deuxième tartine.

Tandis qu'elle mastique, elle aperçoit David. Vêtu d'un veston et d'une chemise ouverte sur sa poitrine, il parle à une fille en pantalons moulants, tee-shirt échancré, qui sourit intensément et l'écoute avec énergie.

Les pensées corrosives reparaissent et Ariane s'avance. Le visage de David change.

Un sourire géant se forme et ses yeux se plissent. Il a oublié la fille, qui se tourne pour savoir qui il regarde.

Le plomb de la colère se transforme en or. Être accueillie par cet amour, c'est comme monter dans l'autobus du bonheur.

— Tu es venue! s'écrie David.

Abandonnant la fille, il se jette sur Ariane. Sa bouche goûte l'alcool... mais c'est agréable.

Il crie pour se faire entendre.

— La musique est incroyable! Viens! On danse!

— Il faut que je te parle.

L'adolescente entraîne son chum vers une porte et ils aboutissent dans un grand salon, où se trouve le service de bar. Une vingtaine de personnes discutent, un verre à la main.

— Hey, David, crie un garçon aux cheveux roux. Faut que tu entendes ça!

David lève un index pour lui signifier d'attendre une minute et suit Ariane à l'écart.