Evanesco

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« Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie. »

{Friedrich Nietzsche}

Hermione avait fermé la porte de sa chambre au nez de Tom Jedusor et s'appuyait à présent contre ladite porte, le cœur battant, les yeux clos. Comment avait-il pu remarquer l'absence de sa bague ? Elle songea à la remettre à présent pour ne pas éveiller les soupçons. Les pas de Jedusor s'éloignèrent dans le couloir. La jeune femme se dirigea lentement vers son lit pour s'y asseoir et s'empara du coffret posé sur la table de nuit. Il était relativement sobre, en bois de chêne et sans aucune fioriture. La jeune femme l'ouvrit et en sortit la bague qu'il contenait. Les larmes perlèrent au coin de ses yeux. Elle avait déjà pleuré, peu avant le dîner, au retour du bureau de Dumbledore où elle avait signé les papiers pour l'école de San Francisco. Le bijou serré contre son cœur, Hermione s'allongea sur son lit pour réfléchir. Elle voulait encore peser le pour et le contre. Si elle avait retiré la bague, c'était par dépit et enterrer son ancienne vie. La nouvelle serait marquée au fer rouge par son prochain meurtre et elle ne pouvait pas y associer Ron. Elle se dégoûtait elle-même et quelque part... Elle hésitait toujours.

Les yeux suivant les courbes du plafond, elle tenta de reposer son esprit et de classer les pour et contre. Plus tôt, elle était énervée et déprimée. Elle ne devrait pas prendre une décision si dangereuse sur un coup de tête. Le problème était que dans les deux cas, elle se comportait en égoïste. Si elle laissait Jedusor en vie, ce serait sacrifier tous ceux qui sont morts en le combattant. D'un autre côté, si elle le tuait, elle jouait également avec des vies. Elle essayait de mettre sa situation personnelle en arrière-plan puisque dans les deux cas, elle était perdue. Elle ignorait si elle pouvait survivre hors de son époque, théoriquement parlant, et combien de temps. Elle ne connaissait pas de cas vérifié de personnes ayant vécu dans une époque différente de celle d'origine et les quelques récits qu'elle avait pu lire ne la rassuraient pas. Si elle tuait Jedusor, elle pourrait très bien disparaître elle-même ou briser son âme à son tour. Mais cela n'avait aucune importance. Elle songeait surtout à ce qui serait mieux pour les gens qu'elle avait laissé dans le futur.

Puis, elle songea à Tom. Elle l'avait trouvé terriblement intelligent sur le pas de sa porte. Il restait antipathique, bien entendu. Mais quelque part... C'était un tel gâchis. Il aurait pu avoir une vie auréolée de gloire comme celle de Dumbledore, s'il n'avait pas fait le choix des Ténèbres. Hermione se recroquevilla sur son lit en position de fœtus. Pourtant il était trop tard, n'est-ce pas ? Il avait déjà deux Horcruxes, si elle se souvenait bien. Il n'y avait rien à faire pour le sauver, sauver un tel potentiel qui aurait pu être si bien utilisé. Après tout, si on était objectif et laissant toute haine de côté, il était brillant, mature et plutôt beau garçon. Tout cela pour le pire. Comme elle, il était perdu.

Elle se retourna de l'autre côté, face à la fenêtre. Cela lui fit douloureusement penser au moment où elle avait récupéré les livres sur les Horcruxes par la fenêtre du dortoir des filles de la tour Gryffondor. Ces livres l'avaient grandement aidée pour leur quête à Ron, Harry et elle. Cela lui pinçait le cœur de penser à ses meilleurs amis, puisqu'elle savait qu'elle ne les reverrait sans doute jamais. A moins que... L'idée lui traversa l'esprit, mais elle était tellement invraisemblable ! Jedusor pourrait-il potentiellement réparer le sablier, s'il l'aidait ? Mais en quel honneur le ferait-il ? C'était tout bonnement impensable. Même dans le cas tout aussi improbable où il ne la liquidait pas sur place, c'était un des plus directement concernés par sa situation, elle en savait bien trop sur son avenir.

A ce moment, un déclic se fit. Jedusor n'était peut-être pas définitivement... Il pouvait retrouver son âme. C'était un processus extrêmement douloureux, et elle doutait qu'il y soit prêt, mais quand même... Plutôt que de chercher à le détruire, à le haïr, avec raison certes, elle pouvait réparer ce qui se passerait ensuite. Bien sûr, elle continuait à éprouver de la répulsion et de la haine, mais la pitié commençait à naître dans son esprit. C'était dans la nature d'Hermione de chercher à comprendre les gens et leur donner une seconde chance. Malgré tout le dégoût qu'elle pouvait avoir pour eux. En fait, la personne qu'elle avait le plus détesté dans son ancienne vie était Ombrage. Plus encore que Voldemort, ce qui était très surprenant car Ombrage n'avait jamais tué personne, à ce qu'elle sache. Elle était bien plus réelle... Cela n'excusait absolument rien, mais le souvenir de la dame en rose lui fit plisser le nez. Ou encore Bellatrix Lestrange. Elle ressentait encore au plus profond de son âme les douleurs atroces que celle-ci lui avaient fait subir, avant que la baguette vengeresse de Molly Weasley ne s'abatte sur la Mangemort.

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant