Serpensortia

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« La haine vient de la ressemblance. »

{Jacques Attali}

Assise sur le bord de son lit, Hermione contemplait le livre qu'elle venait de subtiliser à Jedusor. Il ne s'était aperçu de rien lorsque, passant à côté de lui sur son Sombral, elle avait usé d'un Accio informulé pour le faire voler directement dans son propre sac. Elle avait pris un gros risque, elle le savait. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à laisser l'ouvrage entre les mains de Lord Voldemort, surtout sans savoir exactement ce qu'il contenait. La jeune femme savait qu'elle avait réagi avec beaucoup d'impulsivité en décidant de tuer Tom Jedusor à l'instant où elle avait vu le titre.

A présent, elle se sentait plus calme. Il ne saurait jamais que c'était elle qui s'en était emparé, car il n'avait aucune raison de la soupçonner. Elle n'était même pas censé être au courant de son existence. Que contenait-il de si important pour qu'il veuille le voler ? A quel point l'avait-il lu ? Il ne comprenait pas le français, il ne pouvait vraisemblablement pas avoir dépassé les dix premières pages.

Sans plus tarder, elle commença à lire les premières lignes de l'introduction. Aussitôt, elle le referma. C'était tout bonnement incompréhensible, sans dictionnaire. Avec un grognement de frustration, elle s'allongea. Si seulement il existait un sort de traduction ! Malheureusement, la plupart était très imparfaits, un seul mot pouvant avoir des significations différentes, selon leur contexte et leur interprétation. Tous ceux que la jeune femme avait pu essayer par le passé s'étaient révélés inutiles. Elle rangea l'ouvrage dans un tiroir de son bureau, à côté de L'Histoire de Beauxbâtons. Elle le traduirait plus tard, avec les outils adéquats. Le plus important, c'est que Jedusor ne pouvait plus mettre la main dessus. Après une courte hésitation, elle protégea magiquement l'accès au tiroir. Il ne faudrait pas qu'un simple Accio permette de le récupérer. Puis, vaincue par la fatigue, Hermione s'endormit aussitôt dans un sommeil agité.

Hermione était assise sous son arbre favori dans le parc de Poudlard, une pile de livres à ses côtés. Elle cherchait frénétiquement quelque chose, mais à présent elle ne savait plus quoi. Peu lui importait, elle devait quand même continuer à chercher.

« Attention, Hermione, derrière toi ! », cria une voix qu'elle reconnut comme celle de Ron.

Se relevant d'un bond, la baguette tendue, elle avisa le danger du regard, tandis qu'Harry et Ron la rejoignaient en courant. C'était un serpent, noir comme la nuit, qui glissait vers ses livres. Paralysée, elle le regardait onduler sur la pelouse. Il avait les yeux rouges comme des rubis et des crocs acérés. Il s'approchait lentement, inexorablement. Hermione hésitait à s'enfuir, mais quelque chose la clouait sur place. La peur.

« Hermione ! »

Harry et Ron couraient toujours. Elle avait l'impression qu'ils n'avançaient pas, comme bloqués dans un mouvement perpétuel. Un couteau gisait au sol devant elle. Avec précaution, elle le saisit et le leva au-dessus de sa tête...

« Hermione, non ! »

Elle planta le couteau dans la tête du serpent. Agité de soubresauts, celui-ci ne mit que quelques secondes à mourir. Elle avait réussi.

« Harry, Ron ! Le danger est écarté ! Je l'ai tué ! »

Aucune réponse ne lui parvint. Ses amis avaient disparu. Elle était désormais seule dans ce parc. Que se passait-il ? Un éclair vert raya le ciel, suivi d'un second. Elle s'approcha du lac. Deux corps flottaient à la surface, deux hommes. L'un avait les cheveux noirs de jais et portait des lunettes rondes, l'autre était roux. Harry et Ron.

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant