Spero... ?

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« L'incertitude est de tous les tourments le plus difficile à supporter. »

{Alfred de Musset}

Sauvé par le gong ! C'était ce que Tom ressentait au moment où il quitta la bibliothèque pour se rendre en cours de Défense contre les Forces du Mal. Il avait laissé cette femme s'introduire trop profondément en lui et il se maudissait d'une telle faiblesse. Le jeune homme n'arrivait pas à croire qu'elle soit une ancienne Gryffondor, après la discussion qu'il venait d'avoir. Une ex-Serpentard, oui ! Elle avait des soupçons envers lui, et il lui montrait stupidement une autre facette de lui-même ! Par Salazar, elle avait dû lui verser une potion dans son verre, ou l'ensorceler à son insu, il n'y avait pas d'autre explication.

Il salua le professeur Têtenjoy puis alla s'installa s'installer à sa place habituelle, devant le bureau, près de la fenêtre. Lorsqu'il sortit ses affaires, il se remémora un détail en particulier. Elle n'avait pas de soupçon envers lui, elle avait juste été bornée et bourrée de préjugés à son égard, et Hermione Jean l'avait admis sans ciller. Au fond, elle ne se doutait de rien. Ce n'était pas pour autant qu'il devait lui donner des raisons de douter ! Ah, la traîtresse, qu'elle était habile, à effleurer ses cordes les plus sensibles avec son air innocent. Pourtant, il n'était pas totalement convaincu par son explication. Il devait y avoir plus que cette histoire de préjugés... Il avait tout de même vu son cadavre dans la tête de cette femme. Ce n'était pas anodin. Tom Jedusor se trouvait pris au dépourvu. Il ne savait que penser, et cela l'agaçait prodigieusement.

Puis il s'interrompit dans ses pensées. Et s'il se faisait des idées ? Et s'il devenait paranoïaque à chercher des signes là où il n'y en avait pas ? Peut-être Hermione Jean était-elle sincère dans ce qu'elle venait lui dire à la bibliothèque ? Peut-être avait-elle simplement le sang chaud comme cela était courant chez les Gryffondor et qu'elle était particulièrement remontée au moment où il avait vu son cadavre dans ses pensées ? Peut-être ? Mais il ne voulait pas, il ne pouvait pas simplement laisser tomber cette affaire. Le professeur commença alors son cours, et Tom lui consacra son attention, afin de ne pas laisser cette sorcière influencer ses résultats scolaires par ailleurs irréprochables. Il la haïssait pour toutes les questions qu'elle remuait dans son esprit.

Au repas du soir, Tom écouta d'une oreille distraite les discussions de ses camarades. Ils parlaient encore de ce stupide bal, qui avait l'air de les intéresser bien plus qu'ils ne voulaient bien l'admettre. Les Serpentards ricanaient tout en spéculant sur les couples qui s'y formeraient, et le préfet-en-chef pouvait voir une lueur briller dans leurs pupilles. Et cette Jean qui disait qu'il devrait faire un effort pour s'ouvrir plus à eux ! Ce serait un déshonneur total de se joindre à leur conversation à l'instant même. Il tourna machinalement les yeux vers la table des professeurs. Elle était plongée dans ce qui semblait être une grande discussion avec le professeur Dumbledore, comme s'ils se disputaient à voix basse. Aucune animosité n'était visible sur leurs traits, mais il semblait y avoir un désaccord. Tom fronça les sourcils imperceptiblement, en se demandant de quoi ils parlaient. La jeune femme avait dû se sentir observée, puisqu'elle se tourna vers lui au moment où Dumbledore se penchait vers le directeur.

Hermione Jean le regarda sans ciller, les yeux dans le vague. Apparemment, elle était plongée dans une profonde réflexion, inconsciente de ce qu'elle voyait. Il en profita pour l'observer du coin de l'œil. Ses longues boucles désordonnées étaient relevées en une queue de cheval qu'elle avait dû nouer à la hâte, ce qui dégageait son visage fin aux yeux bruns, qui sans être désagréable, était ordinaire. Sa robe de sorcier noire et classique ne la mettait pas particulièrement en valeur, mais cela n'avait pas l'air de la préoccuper. Il y avait quelque chose de différent chez elle. Il eut un rire jaune intérieur. Il pensait cela uniquement parce qu'il la connaissait un peu mieux et qu'elle était réellement différente. Mais comment pouvait-il affirmer que cela se voyait physiquement ?

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant