Oppugno

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« Dans le regard des autres, nous recherchons d'abord notre propre reflet. »

{Bernard Werber}

Cette fois, Tom Jedusor n'eut aucun mal à se lever très tôt. Il avait attendu ce moment tout le long de cette semaine riche en frustrations. Rien, absolument rien ne s'était déroulé comme il le voulait. Ses fidèles avaient fait les frais de son humeur massacrante à plusieurs reprises, malgré tous leurs efforts pour lui plaire.

D'abord, il lui fut impossible de retrouver son ouvrage sur les prophéties et il en était fortement ennuyé. Malgré plusieurs recherches à la bibliothèque de Poudlard, il n'avait pas réussi à en retrouver un équivalent. Tous les stupides livres qu'il avait consulté ne faisaient que de retranscrire des prophéties célèbres ou de narrer l'histoire de sorciers tels que Nostradamus. Ce qui l'ennuyait le plus, c'est qu'il n'avait eu le temps de lire que la première partie historique, qui ne traitait que peu de théorie, la suite devait lui permettre enfin d'entrer dans le vif du sujet. S'il était honnête avec lui-même, son intérêt renouvelé pour cet ouvrage était dû à sa disparition, parce que cela renforçait sa curiosité. Lors des heures passées à la bibliothèque, il avait croisé Hermione Jean à plusieurs reprises. Elle était constamment le nez dans un bouquin et le monde extérieur semblait n'avoir aucune prise sur elle. Elle arrivait la première et quittait les lieux longtemps après le dernier étudiant. Il s'interrogeait sur le sujet de ses recherches qui, visiblement, la consumaient. Chaque fois, Tom s'était retenu d'aller l'aborder. Il ne voulait pas que les étudiants croient la nouvelle rumeur qui avait pris de l'ampleur au sein du château. Il ne savait pas bien pourquoi il y attachait de l'importance, mais il était resté loin d'elle, l'observant parfois à la dérobée, avec une pointe d'admiration pour sa capacité de travail.

Cette rumeur était un autre motif de contrariété. Bien que Tillman ait affirmé à ses camarades de Serdaigle qu'elle ne croyait pas à une idylle entre le préfet-en-chef et Miss Jean, ce point fut vite oublié des étudiants les plus indiscrets de Poudlard. Lestrange avait été le malheureux messager de certains de ces commérages et avait essuyé sa colère. Le propre comportement de Tom l'inquiétait. Jamais auparavant il ne s'était autant senti impuissant contre une rumeur et Abraxas Malefoy avait même osé lui demander ce qui le dérangeait tant. Ne disait-il pas lui même que les filles qui le traquaient dans les couloirs l'ennuyaient ? Plusieurs d'entre elles s'étaient découragées depuis qu'elles lui prêtaient une relation avec Miss Jean. Abraxas avait aussi souligné que c'était la jeune femme qui avait le plus à perdre. C'était elle l'enseignante après tout, fiancée de surcroît. C'était sa réputation qui était le plus en danger. Voldemort ne l'avait évidemment pas admis face à Malefoy, mais il ne manquait pas de jugeote. Pourtant, Hermione semblait ne pas avoir conscience de ces potins ou alors elle s'en contrefichait. Si elle parvenait à rester dans sa bulle, pourquoi n'y arrivait-il pas ? Il avait conscience de gaspiller sa précieuse énergie.

Et enfin, dernière frustration, aucun de ses projets n'avait avancé. Constamment furieux, il n'avait pas daigné exposer à ses suiveurs son plan pour prendre le pouvoir, en utilisant les créatures à intelligence presque humaine. Il n'avait pas non plus eu le temps de mettre au point une stratégie. Et pour couronner le tout, la Dame Grise restait désespérément introuvable.

Mais ce week-end, tout ne pouvait que bien se dérouler. Il brûlait d'impatience de découvrir Durmstrang, le terreau de Gellert Grindelwald. Cet institut gardait jalousement ses secrets mais il avait mauvaise réputation en raison de ses accointances avec la magie noire. Avant tout, il y rechercherait l'inspiration et des contacts. Il espérait, une fois encore, accéder à la bibliothèque et s'abreuver, peut-être, de nouvelles connaissances.

Il arriva le premier sur les berges du lac, sous une pluie battante. Là, un bateau de taille moyenne les attendait, tanguant docilement sur les remous. Un employé du département de la Coopération Magique Internationale s'activait à bord. Le vieil homme était chargé de manoeuvrer l'embarcation magique jusqu'à l'institut Durmstrang. Hermione Jean arriva quelques instants plus tard, le visage étrangement lisse et apprêté. Elle avait noué ses longues boucles en une tresse, dégageant ses traits. Elle n'était pourtant pas sujette à la coquetterie habituellement. La seule fois où il l'avait trouvée physiquement agréable, c'était au moment du bal d'Halloween de Beauxbâtons. Elle devait avoir fait un effort pour leurs hôtes de Durmstrang, ce qui était tout à son honneur, il fallait le reconnaître. La jeune femme les salua tous les deux et entreprit de poser des questions à leur capitaine.

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant