Le Temps, cet Inconnu

Épilogue

« L'univers est rempli d'intentions. Tout ce qui se produit a un but. »

{Philip Pullman}

Noël 1960

Les étudiants avaient déserté depuis longtemps les allées de l'université magique d'Oxford. Comme bien souvent, Tom était le dernier à quitter les lieux, un paquet sous le bras. Il inspira longuement l'air frais qui s'offrit à lui et sourit, victorieux. Qu'il avait hâte de rentrer, pour offrir à Hermione cette surprise qu'il préparait depuis si longtemps ! Elle en serait enchantée, sans aucun doute.

L'année semblait avoir été particulièrement difficile pour elle. Le chercheur avait respecté ses silences et renoncé à l'interroger. Chaque semaine, elle consultait avec nervosité la page des naissances et des décès dans la Gazette du Sorcier, alors il ne faisait aucun doute que c'était son futur qui la troublait. Il espérait que son cadeau lui remonterait le moral.

Certes, la toute première surprise qu'il avait concoctée, treize ans auparavant, n'avait pas eu l'effet escompté. Il ricana en se remémorant l'instant où il s'était présenté devant elle, un genou à terre, une boîte accueillant une bague à l'intérieur. Les yeux de la jeune sorcière s'étaient agrandis de surprise. Tom n'avait pas prévu de discours particulier, mais devant son mutisme, il avait fini par s'agacer.

« Hermione, nous nous fréquentons depuis maintenant deux ans. Il est temps que je fasse une honnête femme de toi. »

C'était exactement ce qu'il ne fallait pas dire. Furieuse, Hermione avait quitté la pièce, non sans lui rétorquer vertement qu'elle n'avait pas besoin d'appartenir à un homme pour devenir « honnête ». Surpris et blessé, Tom s'était éclipsé quelques heures dans les rues londoniennes, fulminant de rage. Il ne comprenait pas. Elle aurait dû être heureuse, n'est-ce pas ? Pour une fois qu'il se conformait aux moeurs, il se faisait envoyer sur les roses...

Mais quand il était rentré dans leur foyer, une Hermione contrite s'était excusée pour sa réaction. Elle lui avait expliqué posément sa conception du mariage et il avait compris. N'étant pas née à son époque, elle n'avait pas été élevée avec cet impératif. A l'orphelinat où il avait grandi, les jeunes filles étaient sans cesse ramenées à leur rôle de future épouse et mère. Alors, ils avaient trouvé un compromis. Elle avait gardé la bague et ils n'avaient plus évoqué le sujet pendant des années, jusqu'à ce qu'ils furent prêts.

Mais ce soir, il était certain que sa surprise illuminerait son visage. Avec délectation, il anticipa l'éclat dans ses yeux chocolat et transplana. Les lumières aux fenêtres lui apprirent qu'elle était déjà rentrée. Si Tom perdait souvent la notion du temps sur son lieu de travail, Hermione était loin d'être en reste. Régulièrement, elle rentrait du Ministère après dix heures du soir, avec une liasse de parchemins urgents. Mais Tom ne lui en tenait pas rigueur. Il savait qui il avait épousé. Avant de la rejoindre dans la cuisine où elle s'affairait pour le repas du réveillon, il déposa le paquet sous le sapin de Noël.

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Les pas de Tom dans l'entrée l'affolèrent. Elle aurait tellement voulu avoir terminé ce repas avant son arrivée, pour s'excuser pour toutes les fois où elle était rentrée si tard. Mais même le vingt-quatre décembre, le département de la Justice Magique croulait sous les urgences. Depuis sa nomination à sa tête, un an auparavant, Hermione avait l'impression d'avoir négligé son époux. Pour l'année 1961, elle se promit de trouver un meilleur équilibre entre le travail et leur vie privée.

« Bonsoir Hermione. »

Il l'embrassa sur la joue avant de s'asseoir sur une chaise. Tom n'était pas le plus expansif des hommes, ni le plus affectueux, mais cela ne dérangeait pas Hermione. Il lui convenait parfaitement tel qu'il était.