Silencio

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« Le plus grand miracle de l'amour est de rendre l'impossible possible. »

{Maxalexis}

Non. C'était tout bonnement impossible. Dumbledore ne pouvait pas se trouver entre la vie et la mort...Comment ferait Harry ? Qu'avait-elle pu changer à ce point ? Une main de fer, nommée culpabilité, se refermait sur son coeur, l'écrasant sans pitié. Qui était l'auteur du sortilège qui avait touché le professeur ? Elle songea à la femme aux cheveux rouges. Se pouvait-il qu'elle soit la responsable du sort qui l'avait touché ? Grindelwald était emprisonné, pour de bon. Cela ne signifiait pas que ses sympathisants avaient tous été arrêtés, ni qu'ils étaient inoffensifs... Toutes ces interrogations n'avaient pas grand lien entre elles, comme la plupart des pensées qui se bousculaient actuellement dans son esprit brumeux. Tom venait-il réellement de la prendre dans ses bras ? L'avait-elle enlacé en retour ? Le froid se répandit à elle, alors qu'elle s'enfonçait dans la confusion.

Elle sortit dans le parc, espérant retrouver sa capacité à respirer. L'air glacé la gifla de plein fouet, la faisant chanceler devant l'entrée du château. Les lourds nuages s'accumulaient et commençaient à déverser de la neige scintillante. Depuis toute petite, Hermione adorait admirer les flocons danser sous le tumulte du vent. Mais pas aujourd'hui. Elle eut l'impression de vivre la mort de Dumbledore une seconde fois, alors même qu'il y avait toujours de l'espoir. Elle visualisait là-bas, près de la lisière de la Forêt Interdite, l'endroit où sa tombe de marbre blanc serait sa dernière demeure, plus tard, bien plus tard. Son heure ne pouvait pas être venue.

Ses doigts s'engourdirent et il fut temps de rentrer. Hermione espéra ne pas croiser Tom, elle n'avait pas la capacité émotionnelle pour gérer les sentiments qu'il éveillait en elle. Sa chaleur réconfortante l'avait envahie un instant et elle s'était abandonnée à lui. Son odeur boisée l'avait enivrée et elle s'était sentie suffisamment en confiance pour lui confier son chagrin, là, tout contre son coeur. Il était gauche, peu habitué, et cela en était devenu encore plus touchant. C'était sa place.

Mais ce n'était pas le moment. Elle ne devait pas oublier qui il était. Et si ces démonstrations d'affection sont des leurres ?, se répétait-elle. Son coeur lui affirmait que non. L'hésitation dans les gestes du jeune homme, leur spontanéité, le battement irrégulier de son coeur ne pouvaient être calculés à ce point. N'est-ce pas ? Elle culpabilisa à nouveau, d'y penser, alors qu'elle s'inquiétait pour Dumbledore. La priorité était de s'assurer qu'il survive. Si ce n'était pas le cas, ce serait un désastre. Elle tenait à ce vieil homme certes, mais elle le voyait aussi comme étant le seul à pouvoir arrêter Voldemort.

Ses pas la menèrent vers le bureau de Dippet, fort heureusement sans croiser le préfet-en-chef. Il était peu probable que le directeur y soit déjà. Etait-il d'ailleurs au courant du sort de Dumbledore ? Les gargouilles du bureau directorial laissèrent entrer Hermione sans un mot. Au moins, elle n'en était pas réduite à faire les cent pas dans le couloir. Lorsqu'elle monta dans la tour, elle entendit des voix. Tom Jedusor était déjà là-haut et échangeait avec le directeur.

« Ah Miss Jean », s'exclama ce dernier. « Je me demandais justement quand vous passeriez me voir. J'ai été informé de cette triste nouvelle il y a quelques heures...

- Triste ? », pâlit-elle. « Avez-vous eu d'autres informations ?

- Non, non, rien de tel, rassurez-vous ma petite. L'espoir est toujours permis. Tom ici présent me disait qu'il s'inquiétait pour vous, car Albus est votre mentor après tout » , ajouta le directeur. Tom regardait soigneusement ses pieds, incapable de lever le regard sur elle, honteux des mots choisis par Dippet.

« Merci à vous, mais je vais bien », mentit-elle, consciente que ses traits creusés devaient crier la vérité. « Je souhaite me rendre à l'hôpital Ste Mangouste, si vous me le permettez, professeur. »

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant