Oubliettes

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« Si tu veux connaître quelqu'un, n'écoute pas ce qu'il dit, mais regarde ce qu'il fait. »

{Dalaï Lama}

« Gellert l'a vue ! Dans une transe ! Elle est la clé, même si Dumbledore le nie encore et toujours ! »

Les mots résonnaient dans son esprit, impitoyables et tranchants, tels des poignards. Voilà la véritable raison pour laquelle Grindelwald s'intéressait à Hermione. Il n'y avait pas eu d'espion qui lui avait parlé d'elle, comme Dumbledore avait pu le croire. Il devenait alors essentiel que ses sbires ne lui remettent pas la main dessus. A quel point savait-il qui elle était ? Etait-elle « la clé » parce qu'elle venait du futur ?

Elle voulait se battre, confronter la femme aux cheveux rouges et la vaincre une bonne fois pour toutes, l'envoyer rejoindre son maître à Nurmengard. Mais Hermione ignorait où se trouvait sa baguette et peinait à tenir debout. Pour le moment, elle en était réduite à s'accrocher au cou de Tom, dans la posture humiliante de la demoiselle en détresse qu'elle avait toujours refusé d'être.

La présence de Tom ici soulevait d'ailleurs un grand nombre de questions en elle, et surtout, d'émotions. Il était là. Il était venu pour elle. Comment avait-il su où elle se trouvait ? Et pourquoi se préoccupait-il tant de son sort ? Quelque chose les liait tous les deux, peut-être ce lien l'avait-il guidé vers elle ? La jeune femme se promit de le lui demander.

Tom les désillusionna tous les deux, tenant fermement son corps contre lui. Quand elle s'était réveillée, Hermione avait rapidement été amenée dans cette chambre, où Sofia l'avait interrogée. Lorsque la brune refusait obstinément de répondre, utilisant toute sa concentration pour fermer son esprit, elle était punie. La douleur était physique, réelle, mais cela restait loin de la torture endurée sous la baguette de Bellatrix. Alors elle avait continué à résister, tant bien que mal. Lorsque la femme aux cheveux rouges avait finalement quitté la pièce, lui promettant de revenir très vite, Hermione avait sombré dans l'inconscience. Jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux pour découvrir le visage d'un Tom soucieux.

Des pas précipités se firent entendre à proximité. Ils retinrent leur souffle. Allaient-ils être découverts ? La sorcière et son acolyte ne s'arrêtèrent pas dans le couloir et descendirent directement les escaliers, au grand soulagement d'Hermione. Etrangement, ils n'avaient pas utilisé le sortilège permettant de révéler la présence humaine dans la maison. Le connaissaient-ils seulement ? Tom ne perdit pas une seconde et se glissa silencieusement à leur suite. Hermione et lui avaient presque atteint la porte d'entrée lorsque des éclats de voix retentirent au premier étage. Un combat acharné sembla débuter. Le préfet-en-chef se rua aussitôt à l'extérieur.

« Tom, qui d'autre est là ? »

L'oreille tendue, Hermione tentait de glaner des indices sur ce qu'il se passait. Il ne répondit pas et avança rapidement en direction du portail.

« Tom, réponds-moi ! »

Qui pouvait-ce bien être ? Que lui cachait le Serpentard ? Ce ne pouvait pas être Dumbledore, à Ste-Mangouste. L'évidence lui sauta aux yeux. Mais bien sûr, cela ne pouvait être que lui. Il avait dû guider Tom jusqu'ici.

« Est-ce Klaus ? »

C'était frustrant de ne pas pouvoir voir son visage, mais la raideur soudaine du jeune homme ne la trompa pas. Hermione tenta de desserrer son étreinte, sans succès. Derrière lui, des flashs intenses de lumière illuminaient le manoir par moments, tels des feux d'artifice. Ce fut sa dernière vision, alors qu'ils transplanèrent.

« Tom, nous ne pouvons pas le laisser ! Nous devons y retourner ! »

Il resta muet, tandis qu'Hermione se débattait de plus en plus dans ses bras. Finalement, après avoir franchi les portes du parc de Poudlard, il la déposa avec délicatesse sur une souche d'arbre et leva le charme qui les masquait. Son visage imperturbable l'examina avec attention, à la recherche des blessures infligées par les fidèles de Grindelwald. Les jambes d'Hermione la lançaient toujours, mais elle se leva tant bien que mal, se raccrochant à une branche épaisse. Son regard furibond transperça Tom.

Le Temps, cet InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant