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Pdv Kirishima
Je ne mets pas longtemps à comprendre pourquoi Bakugo m'a dit de dégager comme il l'a fait : une minute à peine après que je sois sorti, le survivant du combat est rapatrié dans sa cellule. On m'aurait. Et je ne sais pas ce qu'ils font à ceux qui enfreignent les règles. Peut-être qu'il le sait, lui. Bakugo.
J'aime bien ses cheveux. Je me demande s'ils sont aussi piquants au toucher que visuellement. Je me demande s'il me laisserait les toucher, aussi. Ça ne doit pas être impossible, il n'a pas l'air si méchant.
Je rentre chez moi discrètement, cette fois encore. Je me repasse notre conversation en me mettant en pyjama. Puis en me lavant les dents. Puis en me couchant. Puis dans mon lit.
Il a presque souri, à un moment. Ça lui allait bien. J'essaie de me remémorer la scène exacte, à moins que je ne l'imagine de toute pièce. Le coin de ses lèvres se sont étirés, et la pointe intérieure de ses sourcils se sont légèrement relevés. Ses yeux se sont plissés légèrement, et ses iris ont semblé se débarrasser d'une certaine colère.
En y repensant, quelque chose se passe dans mon ventre. Pas de la douleur, pas du tout. Quelque chose de nouveau, d'agréable, qui disparaît en quelques secondes. Mais c'était à cause de lui, j'en suis sûr. Maintenant, je dois comprendre ce que ça veut dire. Est-ce qu'il peut créer ça ? Une sorte de capacité ? Comment je peux nommer cette sensation, d'ailleurs ? C'était bizarre. Un peu comme si on me remuait les tripes mais que ça faisait du bien. Je devrais peut-être m'inquièter. J'ai besoin de comprendre, je n'aime pas être dans le flou. Mais ça devient risqué d'aller le voir.
...
Oh.

Pdv Katsuki
Je m'allonge sur le sol. Il était bizarre, ce type, là, Kirishima. Kirishima, Kirishima... Ça lui va bien. Je n'ai pas vu son corps en détail, mais il a l'air d'avoir de la carrure. Plus que ça, il a l'air fort. Peut-être un peu moins sur le plan mental, je ne sais pas. Je serais curieux de voir quel genre de personne c'est, dans la vie de tous les jours. Il a l'air d'avoir mon âge, alors je doute qu'il ait un métier. Peut-être qu'il fait des études ? A moins qu'il soit paysan, ou un truc du genre. Il a l'air d'être du genre à être proche des gens, peut-être qu'il est aussi proche de la terre. C'est super cliché, mais d'un autre côté, s'il faisait un travail manuel, ça expliquerait sa carrure. Sinon, je vois pas. Il aime pas les math, il a dit. Au présent, pas au passé, alors il doit encore étudier. Ou alors il était aussi nul en français et il sait pas conjuguer un verbe au bon temps. Si c'est ça, il l'a bien caché le reste de la discussion. Je soupire. Peut-être que j'aurais dû la prendre, sa main. Il n'a pas l'air méchant. Pas du tout, même. Peut-être un poil benêt, à s'approcher de n'importe qui sans se méfier, ou un poil trop confiant, ou trop naïf. Il m'a donné un couteau. Il sait ce que je fais à mains nues, et il me file une arme ? C'est vraiment entre le courage et la bêtise.
Je suis tiré de mes pensées lorsque ma respiration se coupe brusquement. Mon propriétaire, celui qui dit toujours  « oh », s'amuse à ramener brutalement mes chaînes vers lui. Mes pieds raclent le sol, qui me brûle la peau à mesure que mon corps se fait traîner par le métal. Je me retrouve contre les barreaux, à étouffer comme un chien.

- Mauvaise journée.

Qu'il aille se faire foutre. Parce qu'il a passé une mauvaise journée ne veut pas dire que je dois endurer sa frustration, putain.
Il entre dans la cellule et me considère. Il relève mon menton avec son pied pour me forcer à le regarder.
D'un geste brusque, je me défais de sa poigne et me jette sur la cachette qui renferme ma précieuse, nouvelle et unique lame. Lui n'a pas le temps de bouger. Habitué à user de la peur, il n'a pas le physique pour se défendre. Mon corps se réchauffe sous l'augmentation de la pression de mon sang. Sur mes mains, des bleus apparaissent. Mes veines explosent petit à petit. Mais ça ne fait rien, car je suis déjà sur lui. Son crâne heurte la pierre, et mon arme semble glisser sur lui tellement elle est maniable. Sa peau se déchire belle et bien, et le rouge qui en sort me le prouve. Ses iris se remplissent de peur, puis se vident complètement. Et ça y est, aussi facilement, il est mort.
Et puis peu à peu, son visage cadavérique se superpose à celui devant moi, celui qui respire, celui qui n'a pas été buté parce que peut-être que je ne suis pas aussi téméraire que ce que je m'imagine.

- Qu'est-ç't' as?

Il prend mon menton entre deux de ses doigts et approche son visage. Il pue. L'alcool, le tabac ne suffisent pas à masquer son halaine putride.

- C'est quoi, ce regard ?

Qu'est-ce qu'il me raconte ? Il se met à rire. Il est complètement taré.

- Pourquoi t'as l'air si serein, hein ??

Il tire sur mes chaînes. Je ne réagis pas.

- Ça te fait plaisir, de buter tous ces gens ?? Ça te rend heureux ??

Comme si j'avais le choix. Connard. Il me fout un coup de pied dans les dents. J'ai du sang dans la bouche. Je peux même pas le cracher, j'ai à nouveau la muselière.
Je serre mon poing. Il le remarque. Évidemment.

- Qu'est-ce qu'il a, le monstre ?? Il a envie de se rebeller ? Il veut crever ??

Je tente de me calmer. Ne pas oublier ce dont il est capable. Je n'aurais pas le temps de le toucher. Je l'ai vu faire. C'est impressionnant, mais pas dans le bon sens. Horrifique.
Mais, avec le bon timing...?
Je me ressaisis.
Ce serait dommage de mourir maintenant. On ne sait jamais, ce Kirishima m'a l'air d'avoir de la réserve. Je me détends. Je vais le laisser faire, pour cette fois. Je trouverai bien un moyen de m'enfuir. Un jour.

- Tu veux que je te dise pourquoi c'était une mauvaise journée ?

Non, je m'en moque. Mais si ça peut te faire parler de toi, ça t'évitera de regarder cette petite lueur qu'il a allumé dans mes yeux. Je fais  « oui » de la tête. Vas-y, enfoiré. Raconte moi donc ta vie, que je m'en foute encore plus. D'un geste, il me jette contre le mur. Ma respiration se coupe à nouveau. Il est plus musclé que ce qu'il en a l'air, finalement. La peur ne fait pas tout. Ce qui veut dire, potentiellement, qu'au moins une autre personne a essayé de lui filer entre les mains. Et si personne n'en a entendu parlé, je devine l'issu de la confrontation.

- PARCE QUE TU ME COÛTES UNE BLINDE, BORDEL !! MÊME L'ARGENT QUE TU RÉCOLTES EN COMBATTANT NE COUVRE PLUS
LES FRAIS, TU NE FAIS PAS ASSEZ LE SPECTACLE !!  TU ES LE FAVORIS ABSOLU, PERSONNE NE PARI SUR LA VICTOIRE DE TES ADVERSAIRES, PERSONNE ! C'EST COMME REGARDER DES AGNEAUX À L'ABATTOIR !

Bête de foire. Une putain de bête de foire. Il attrape ma muselière par les côtés pour me parler bien en face. Il est tellement proche que je peux voir les postillons s'échapper de sa bouche. Ça, c'est du spectacle. Bien dégueu, en plus, comme il aime.

- Écoute moi. Demain, tu vas retourner sur la scène, et t'as intérêt à me rapporter un max de thune, c'est compris ? Tu peux faire mieux, alors fais mieux.

Il est tellement frustré qu'il en tremble. Quel chien. Il a qu'à aller se battre tout seul, s'il veut être satisfait de sa performance.

- Je peux pas te garder si tu rapportes aucun bénéfice.

Wow, quel dommage. Ce serait regrettable, vraiment. Je lâcherai même ma petite larme, si ça peut l'aider à se sentir mieux. Je peux soumettre l'idée qu'on me libère pour alléger ses souffrances ou c'est encore trop tôt ?

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant