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Pdv Eijiro
J'ai un examen, demain, et je n'ai pas révisé. Pas pris le temps. Pas eu le temps ? Non, je ne sais pas. Je ne l'aurais probablement pas fait de toute façon. Les mathématiques, ça m'ennuie. Il fait frais et les rues sont vides : il est midi passé, la plupart des enfants se reposent, les adolescents travaillent et les parents discutent. Et moi, je me promène. Je marche tranquillement, l'air de rien, dans les ruelles du centre de la ville. Je ne vis pas dans la capitale. Ma famille ne supporte pas l'hypocrisie de la cour proche du roi, de ce qu'ils disent. Mais on est bien, ici. Certes, on est plutôt mal vus à cause de notre statut, donc je ne me fais pas vraiment d'amis, mais ceux qui ont osé m'approcher quand nous étions petits sont toujours proches de moi maintenant, alors je ne suis pas seul. D'ailleurs, c'était sacrément amusant, de les rencontrer. Je venais d'avoir cinq ans, et j'avais obtenu le droit de sortir au jardin du quartier. Pas seul, évidemment. J'avais une nourrice. Mais elle était gentille et me laissait essayer de communiquer avec les autres petits. Apparemment, mes vêtements me démarquaient déjà bien trop. Les autres parents éloignaient leurs gosses de moi, à croire qu'un gamin représentait un danger. Je ne sais pas trop ce qu'ils ont vécu pour faire ça, mais je ne leur jette pas la pierre. Je suppose que je ferais ça aussi, si ça pouvait protéger quelqu'un que j'aime. Enfin bref, un petit s'était pris les pieds dans son pantalon, avait perdu l'équilibre, s'était fait un croche patte, avait essayé de se rattraper à un tronc d'arbre, qu'il a raté, avant de s'écrouler par terre. Lui, c'était Denki. Il était à plat ventre sur le sol, juste devant un autre petit qui n'avait rien demandé. C'était marrant. Je n'avais pas osé rire. Mina l'avait rejoint, et elle ne s'était pas gênée, elle. Elle en pleurait tellement c'était drôle. Nos regards s'étaient croisés, elle s'était arrêtée, puis avait repris. Je m'étais approché, un peu inquiet après réflexion, et m'étais accroupi pour aider Denki. Ça m'avait surpris, des cheveux aussi blonds. Mais il avait une marque noire sur le côté, alors je m'étais dit qu'on avait un peu la même couleur de cheveux, d'un certain point de vue. Je lui avais tendu un tissu. Il avait relevé la tête et saignait du nez. Moi, c'était la première fois que je voyais du sang, alors j'ai pris peur. J'ai pleuré. Mina avait posé sa main sur mon épaule pour me rassurer, mais ça m'a surpris, donc j'ai sursauté et pleuré de plus belle, et c'était tellement ridicule qu'elle se remit à rire. Ma nourrice ne faisait rien, elle avait sûrement vu qu'il n'y avait rien de grave. C'est là que Sero est arrivé. Il m'a scotché la bouche. Je ne connaissais pas cette matière. Maintenant, je peux dire pourquoi : elle n'existe pas. Pas encore, du moins. Mais c'est quelque chose que lui peut produire, avec son corps. Ses coudes, plus précisément. Il avait mis son index sur sa bouche pour me dire de me taire. A cette époque, il était plus froid qu'aujourd'hui, il n'aimait pas trop le bruit et n'était pas doué pour se faire des amis. Ça avait marché, cependant. Mes larmes s'étaient arrêtées instantanément. Mon attention était tournée vers le truc collant sur mon visage. Avec mon imagination d'enfant, plein de théories s'étaient formées, de la plus insignifiante à la plus extravagante. Denki et Mina s'étaient assis à côté de moi pour observer et toucher, eux aussi. C'est comme ça qu'on a commencé à parler. Plutôt drôle, étant donné que pendant les dix premières minutes de notre rencontre, personne n'a parlé, juste pleuré ou rit. Et puis après, je ne sais pas. On se voyait souvent, puis très souvent. Et puis à nos douze ans, ils ont commencé à chercher du travail. Ils sont débrouillards, mais pas riches. Alors je leur ai proposé de travailler pour moi. Parce que je paierai bien, et que je m'occuperai bien d'eux, pas comme ces employeurs qui frappent ceux qui sont à leur service ou quoi. Et maintenant, ça fait un peu plus de cinq ans qu'il vivent chez moi cinq jours sur sept. Ça coûte moins cher à leurs parents pour les nourrir, et en plus je leur paie leurs études, directement chez moi. Ils devraient avoir un meilleur avenir, comme ça. Je leur souhaite, en tout cas.
Je passe devant une boulangerie. Comme je commence à m'éloigner du centre, les annonces et publicités sont différentes. Promotions, prostituées, combats clandestins.... Combats clandestins ? Encore ? Ce n'est pas si souvent, d'habitude. Je m'approche pour lire plus attentivement.
« Le Monstre promet d'offrir du grand spectacle.  »
Bakugo retourne dans l'arène ?
... Au diable l'examen, j'ai besoin de savoir comment ça se passe. Et puis je dois aussi parler de « ça  » à mes parents. Ça va être compliqué, mais je pense que je peux le faire. Je dois m'y prendre maintenant si je veux être à l'heure ce soir. Je fais demi tour. Une fois arrivé chez moi, je cours dans le salon. Ma mère doit y être. Elle me fait les gros yeux en me voyant arriver et je m'arrête. C'est vrai que nous ne sommes pas censés courir dans un palais. Dommage.

- Maman, je peux te parler d'un truc ??
- Bonjour, Eijiro.
- Oui, pardon, bonjour.

Je lui fais la bise.

- De quoi veux-tu me parler ?

J'ai beau avoir grandi dans cet environnement avec cette éducation, cette façon de parler me semble toujours irréelle. '' De quoi veux-tu me parler ? '', je suis ton fils, pas un inconnu, tu peux faire des phrases moins soutenues... Enfin bon.

- Il y a quelque chose que je voudrais. Pour mon anniversaire. C'est dans pas si longtemps, en soit.Ça coûte un peu cher, par contre.
- L'argent n'est pas un problème, mon chéri. De quoi s'agit-il ?

Pitié, que quelqu'un lui enseigne le language courant. Plus urgent, je ne sais pas comment tourner ma phrase pour ne pas passer pour un fou.

- Une... Personne?
- Tu veux un nouveau serviteur ?

Elle semble à moitié surprise. Je réfléchis. Bakugo, à mon service ? Je le vois mal courir partout pour mon confort. Et puis, au vu de ses capacités, ce serait du gâchis.

- Pas vraiment. Quelqu'un qui sait se battre, en fait.

Elle semble perplexe.

- Pourquoi faire ? Tu veux avoir une garde personnelle ?

Son visage s'éclaire.

- Tu acceptes enfin de prendre la place de ton père ??

Ce serait plus simple de dire oui, mais je ne veux pas qu'on le voit comme quelqu'un d'inferieur...

- C'est pour qu'il m'entraîne. Je préfère me défendre tout seul. Je voudrais qu'il soit une sorte de mentor.

Elle prend quelques secondes pour réfléchir.

- Tu as ses coordonnées ?
- Je... Sais où le trouver, oui.
- Son nom ?
- Bakugo.
- Jamais entendu parler. Il ne doit pas être très compétent, s'il n'est pas connu.
- Il est très compétent !! Et très connu, aussi !! Mais pas sous son vrai nom, c'est tout.
- Comment l'appelle-t-on, alors, dis moi?
-... «Le monstre ».

Je déteste ce surnom.

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant