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Pdv Kirishima
Je mets une dizaine de secondes à reprendre mes esprits. Je remarque alors des restes de peaux calcinés sur celui qui me retient. Sa joue est blessée au même endroit que la mienne. Il ouvre la bouche, et les quelques dents qu'il lui restent ressemblent plutôt à des crocs. Une partie de ses cheveux, comme pour le reste de son corps, semble avoir brûlé. Ça a l'air douloureux.
Et puis, au dessus d'une des cavités délaissées par ses globes oculaires, une cicatrice. Pas bien grandes, qui passe juste sur l'arcade sourcilière. Comment ne pas la reconnaître, elle qui me suit depuis mon enfance ?
Face à moi-même, je me demande pendant une seconde s'il s'agit de mon reflet. Je suis déjà mort ?
La bras du squelette se lève, et j'aperçois sur son épaule quelques muscles se contracter. Ce n'est pas vraiment comme ça que je me voyais réviser mes cours d'anatomie. Son index se sépare des autres doigts et m'indique quelque chose derrière lui. Je plisse les yeux, et la poussière me laisse discerner les traits d'un corps. Je reconnais les cheveux blonds.

- Bakugo !

Je me relève et fais quelque pas dans sa direction. Une légère détonation résonne, et je m'arrête. Elle vient de l'autre côté. Perdu, partagé entre deux choix qui s'opposent, je reste figé. Et puis une toux, la même que tout à l'heure, qui vient vraisemblablement du même endroit que l'explosion.
La tête du cadavre... Ma tête est tournée vers la mienne. Je ne sais pas si je peux me faire confiance.

- C'est pas contre toi. Je dois juste vérifier d'où ça vient.

Je retourne sur mes pas. Le sol perd de sa contenance et se change peu à peu en sable. Mes pieds s'emmêlent, s'entremêlent dans un mélange étrange de grains et de sang. La marche devient laborieuse, j'ai mal aux cuisses. J'avance aussi lentement que si je restais sur place, et un courant étrange tend à me ramener auprès de mon double. Du vent glacé me fait frissonner. Autour de moi, les quelques arbres se sont repliés sur eux-mêmes jusqu'au durcissement. La beauté du bois a laissé place à l'imposante technique de pierre taillée, et je reconnais aisément les gradins qui se sont formés. D'un design bien particulier, d'une disposition si atypique que je peux même dire d'où ils viennent. Mon visage se contracte sous l'incompréhension.
Qu'est-ce que je fais dans l'arène ? Ça pue, ça hurle, ça s'agite sans que je puisse ne serait-ce voir l'ombre d'un humain. Je suis putain de seul.
Mes jambes ne répondent plus, et je me rends compte trop tard que le sable est remonté jusqu'à mes genoux. Plus je bouge, plus mes mouvements sont entravés. Je suis attiré vers un fond que je ne vois pas, et je ne suis même pas terrifié. A peine apeuré.
Le monde s'éteint et le sable me recouvre complètement. Je ne lutte même plus.

Pdv Bakugo
Je m'approche de la silhouette mais quelque chose cloche. Dans sa posture, peut-être, ou dans les mouvements irréguliers et si peu naturels de son torse qui se soulève à chaque respiration. Je ne vois pas son visage, mais je peux presque affirmer que ce n'est pas lui.
J'avance quand même. Mes mains projettent de légères étincelles en guise de lumière. ''Kirishima'' devant tente de camoufler son visage, dévoilant son bras dépourvu de peau. Ses phalanges, desquelles je peux voir les muscles s'actionner à chaque mouvement, ne sont plus assez épaisses pour cacher correctement ses yeux, qui ne sont d'ailleurs plus là. Le temps que je m'en rende compte, il est déjà trop tard. Je fais demi-tour, mais le sol ne veut plus que je le quitte et je m'englue dans mes propres pas. Je me laisse faire, comme je le faisais déjà à l'époque : Ce n'est pas le moment de me battre, je n'ai aucune chance ; Il faut juste attendre un peu, ça va venir.
Le sable glacé embrase mon épiderme. Je ferme les yeux et retiens ma respiration jusqu'à disparaître sous le sol de l'arène.
Et puis j'explose.
Cette fois, c'est bien moi. Je n'ai pas mal.
J'explose et le décors part en poussière, il m'enfume la vision mais pas assez pour m'empêcher de voir l'ombre qui gît quelques mètres plus loin. Une ombre inanimée. Je me précipite à ses côtés et soulève sa tête avec précaution. J'y approche mon oreille : je n'entends aucun souffle.
Lentement, je le repose et entrelace mes doigts. Je pose mes mains sur son torse et entreprends de le réanimer comme on me l'avait appris à l'époque où j'étais encore au village.
Des bruits de pas résonnent lourdement sur le sol. Sans arrêter mes mouvements, je relève la tête.
Je me vois m'approcher, accompagné d'un Kirishima qui n'est pas le miens. Leur corps sont partiellement recouverts de peaux, de muscles, de vêtements... Mais les os sont aussi visibles, et le sang, surtout.
Beaucoup, beaucoup de sang.
Je ne veux pas savoir à qui il est.
Ils avancent, ils s'accroupient devant moi. Ils sourient et me tendent la main.
J'hésite une seconde.
Et puis la main de Kirishima, de mon Kirishima, du Kirishima inanimé mais pas encore vraiment mort, de Eijiro, m'attrape le poignet.  Il ouvre les yeux.

- RÉVEILLE TOI !!

Je cligne des yeux et inspire une grande bouffée d'air pur. Kirishima est au dessus de moi, les mains réunies sur mon torse exactement comme étaient les miennes une demi seconde plus tôt. Nous sommes seuls au centre de la pièce.
Enfin, presque. Mémo nous regarde, penchée par-dessus l'épaule de Kirishima, les yeux grands ouverts, attentive. Elle n'a plus l'apparence d'une enfant, maintenant. On dirait plutôt qu'elle a notre âge. Ses traits restent doux.
Il ne l'a pas encore remarqué. Les larmes lui montent aux yeux. Il me prend dans ses bras.

- Tu m'as fait peur, abruti !!

Largué, je passe timidement mes bras autour de lui. Mes doigts osent à peine toucher son dos. Je me force à articuler entre deux respirations.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il ne me répond pas. Mémo le fait pour lui.

- Tu as fait confiance à un souvenir, alors tu as failli en devenir un à ton tour. Tu peux dire merci à ton ami de t'avoir ramené.

Kirishima sursaute et me lâche. Je lui fais signe que tout va bien sans trop y croire. Il s'installe à côté de moi.

- Mémo, explique moi vraiment ce qu'il se passe. Je n'ai pas le temps de jouer à ce genre d'énigmes.

Elle soupire.

- C'est vrai que tu manques de temps. Comment faire court ?

Elle se met en tailleur en face de nous, et son visage me paraît trop jeune pour être aussi triste.

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Désolée pour le retard !! ( Même si c'est ''que'' de 24h) J'ai eu des problèmes de connexion, je pouvais pas poster le chapitre -_-
Je vous avoue que j'ai pas fini d'écrire le prochain chapitre donc j'espère le finir à temps pour la semaine prochaine, sinon... Disons que ça fera du suspens ? :')
Bonne soirée à tous, et merci encore de me lire ! ★

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant