Pdv Bakugo
Plus je m'enfonce dans la banlieue, plus les rues rétrécissent. De petits sachets passent de mains en mains, d'anciennes traces de sang marquent le sol, et il y a probablement plus de personnes hors des bâtiments que dedans.
Un groupe d'hommes me frôle. Leurs yeux s'arrêtent sur moi, et le temps ralentit pendant les quelques secondes durant lesquelles je les dépasse.
Ils sont trois, et celui de devant arbore un air satisfait. Curieux, pour quelqu'un qui vit dans la misère. Une petite lueur dans sa main attire mon regard, et je reconnais le sceau de la famille Kirishima. Il orne chaque bouton de chemise de celui que je cherche. Des boutons en or, qui reflètent la pâle lueur de la lune.
Je le plaque au sol. Il hurle en sentant mon genou s'enfoncer dans son dos.- Il est où ?
- J'ai aucune idée de qui tu me parles, mec.
- Ah ouais ? L'écusson que t'as dans la main non plus, il sait pas ?Il hausse innocemment les épaules.
- J'ai pas une très bonne mémoire. J'ai dû oublier.
- Tu vas vite t'en rappeler.Les deux autres me prennent par les épaules. Je leur balance une explosion à chacun. Pas très puissante, pour que le bruit n'attire pas l'attention. Mais ça suffit à les garder à distance, et à calmer l'arrogant, qui est toujours à plat ventre.
- Fais gaffe, j'ai le sang chaud, dans tous les sens du terme.
- Si tu veux de l'argent-
- J'en n'ai rien à battre de ton argent, crétin. Celui à qui t'as piqué ça, il est où ??Sa main se lève et son majeur fait de même.
- Va te faire, bomber boy.
Je me penche et passe ma paume droite sur son front. Je soulève sa tête. Sa nuque craque légèrement.
- Nouveau surnom, j'adore.
Je vois ses sourcils se froncer et ses joues remonter à mesure qu'il grimace sous la chaleur de ma peau. Toujours plus chaud.
Il déglutit avec difficulté.- Crache le morceau avant que ton épiderme fonde.
Il serre les dents. Quel con.
- Dans le bâtiment avec la porte abîmée, deux rues plus loin.
Je me retourne. C'est un de ses acolytes. Il en faut bien quelques uns plus raisonnables que les autres.
Je prends les cheveux de celui sur lequel je me tiens et lui éclate le crâne sur le sol. Pas assez pour qu'il ne meure, mais suffisamment fort pour qu'il perde connaissance.- Toi, le bavard, tu viens avec moi.
Il n'est pas très réactif, ou alors pas très malin, mais il n'essaie pas de s'enfuir. Je pourrais le buter, si je le voulais, qu'il ne ferait rien.
Il de la chance que je ne sois pas comme ça. Je crois.- Guide moi.
Il me mène jusqu'à un cul de sac.
- C'est la porte au fond. Je vais pas là-bas, moi.
- Pourquoi ?
- Pas le droit. Ordre du patron.Un début de rire meurt dans ma bouche.
- C'est ton pote de tout à l'heure, le patron ?
Il ouvre de grands yeux et lève les mains à hauteur d'épaules.
- Lui ? Non, non. Il est juste au dessus de moi, bien loin du boss. Très très loin.
J'hausse les épaules. Leurs histoires ne m'intéressent pas plus que ça. J'aperçois une porte fissurée dans la longueur. Je la pointe du doigt.
- C'est celle-là ?
Il hoche la tête.
- Dégage, alors. Mais si tu m'as raconté des broutilles, je te retrouve et tu le sentiras passer.
Sa tête remue à peine. Il trépigne, hésitant sur le comportement à adopter, puis décide de simplement me saluer, se retourner et partir. Une fois qu'il est hors de vue, je m'avance jusqu'à l'immeuble délabré. Une odeur qui ne m'est pas inconnue me tord la gorge, me brûle la trachée. Savoir d'où elle provient ne me rassure pas.
Je pousse la planche en bois, qui grince en me laissant assez d'espace pour entrer.
Je lève le pied et enjambe un bras. Je crée des étincelles dans ma main droite et la lève jusqu'à ce que la pièce soit éclairée.
Putain.
Merde, merde, merde.
C'est quoi, cette boucherie ?
Des bouts de corps partout, déchirés, écrasés, déchiquetés, difformes. Les images se superposent à d'autres, plus anciennes. Bien plus anciennes.
Et j'ai mal à la tête.
Ma cage thoracique se referme sur mes poumons, et je tousse sans pouvoir reprendre de l'air. Je n'arrive pas à respirer. Je recule d'un pas et m'appuie contre le mur de mon bras libre. Le mur est poisseux, et je n'ai pas besoin de me retourner pour en vérifier la raison.
Mes pieds se coupent. Mes jambes me lâchent. Mes yeux sont au bord de leurs orbites, et mes oreilles sifflent. Des bombes s'écrasent devant moi. La fumée me sèchent les rétines, les narines. Le dioxyde de carbone remplace l'oxygène, et mes mains sont couvertes de sang. Le miens ? Le leur ?
Je me recroqueville sur moi-même. Je dois sortir. Je dois sortir. Je dois sortir.
Mais pas sans lui.
Respire. Il faut respirer.
Inspire.
Un.
Deux.
Trois.
Retiens ta respiration.
Un.
Deux.
Trois.
Expire.
Encore.
Un.
Deux.
Trois.
Allez. Debout. Relève-toi.Mes pieds se recomposent. Ma chair s'asssemble à nouveau, mes os se remboîtent. J'ai mal. J'ai tellement mal.
Je contracte mes cuisses et m'étonne qu'elles ne cèdent pas. Le béton contre lequel est appuyé mon dos m'aide à retrouver mon équilibre. Une fois debout, le champ de bataille s'estompe pour laisser place au véritable décors, pas vraiment plus joyeux, bien que plus calme.
Une ouverture laisse entrevoir une seconde pièce au fond. J'essaie d'ignorer les craquements de ce qui fût humain lorsque je marche.
Une nouvelle silhouette entre dans mon champ de vision. Entière, cette fois. Des poignets pris dans du métal, des chaînes fixées au mur. Des cheveux collés par le sang. Un torse qui se soulève régulièrement, mais un souffle discret.
Mais ce n'est pas un miroir, cette fois.
Ce n'est que lui. Juste lui.- Kirishima.
Ces quelques syllabes caressent mes lèvres à l'instant où je les chuchote, comme si elles devaient rester secrètes, proches. Je m'agenouille près de lui et fais fondre le métal. Ses bras tombent lourdement sur les pavés qui constituent le sol.
- Eh. Eh, réveille toi.
Je penche sa tête en avant et l'inspecte.
La blessure est profonde, mais pas létale. Il survivra, et sans séquelle, si je m'y prends rapidement et bien.
Je le prends sur mon dos. Ce n'est pas plus mal, qu'il soit inconscient. Ça lui évite d'assister à ce spectacle.
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Fire On Fire [Kiribaku]
FanfictionKirishima, issu d'une famille noble, découvre pour la première fois celui qu'on appelle ''le monstre'', une bête de combat, lors de son enfance. Dix ans plus tard, il assiste à une de ses '' performances ''. -> endroit où ils sont : la descendante d...