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Pdv Kirishima
Il traîne un peu des pieds mais me suit malgré tout. J'aimerais le rassurer, mais je ne dis rien. Il n'y a rien à dire. Je ne sais pas non plus comment la discussion va tourner, et je crains au moins autant que lui son issue.
La porte du salon s'approche jusqu'à s'arrêter.
Je lance un regard à Bakugo. Il ne me le renvoie pas, les yeux fixes devant lui.
Je frappe.

- Oui ?

La voix de ma mère monte dans les aiguës sur la dernière voyelle. Je pose ma main sur le torse de Bakugo et lui fais signe d'attendre ici. Il tilte mais ne me contredit pas. J'entre.

- Bonjour.
- Bonjour, Eijir- est-ce que tout va bien ? Tu as petite mine.

J'esquisse un sourire. J'espère qu'il n'a pas l'air trop faux.

- J'ai lu un peu tard, hier.

Elle soupire, rassurée.

- Fais attention, ce soir. Le sommeil est important pour la santé.
- Je sais.

Je marque une pause mais me reprends pour ne pas sembler trop distant.

- Ils l'ont dit dans le livre.
- Je vois. Tu voulais me parler ?
- Hum... Oui. Oui.

Je me gratte le bras, histoire de gagner du temps, de trouver mes mots. Les mots qui sauront la convaincre.

- J'ai, heu, trouvé quelqu'un qui...

Elle s'illumine.

- Tu t'es enfin trouvé quelqu'un ??
- Oui, on peut dire ç- quoi ? Non ! Pas dans ce sens là !!
- Oh. Dommage. Continue, continue.
- C'est pour m'aider à m'entraîner ! C'est quelqu'un qui a de la technique et de la force, donc, tu vois.
- Pourquoi aurais-tu besoin de savoir te battre ?
- C'est plus pour extérioriser. Les cours, grandir, tout ça, ça me met un peu la pression.

Elle est sur le point de céder. Un dernier effort.

- Et puis, si je dois reprendre le flambeau un jour, il vaut mieux que je sache gérer mes émotions, et que je sache me défendre.

Elle retrouve son sourire.

- Alors c'est oui ? Tu acceptes de suivre la voie de ton père ??
- Seulement si tu acceptes que je m'entraîne avec la personne que j'ai choisie.
- Oui, oui, bien sûr. C'est comme tu le veux...

Elle fronce les sourcils. Ça y est, elle se rappelle de notre conversation d'il y a quelques jours.

- Sauf, bien évidemment, s'il s'agit de-
- Quelle différence ça ferait ? Si je n'arrive pas à le contrôler lui, comment tu veux que je dirige un jour une maison toute entière ?

Sa bouche reste entre-ouverte, suspendue dans sa propre phrase. Pour la première fois, ma mère ne me paraît plus aussi supérieure. Maligne, mais pas assez.

- Je l'ai choisi lui parce que c'est la personne qui me convient le mieux. J'ai déjà assez de professeurs déplaisants, je peux bien en avoir un qui-
- Et s'il t'arrivait quelque chose ?
- Eh bien, je n'avais qu'à être meilleur. J'ai la chance d'être né avec un alter de protection, autant le prendre en considération. Je suis le moins en danger de tous ceux avec qui il pourrait s'entraîner.

Elle soupire, résignée.

- Si je te vois blessé gravement à cause de lui, je le fais exécuter.

Je ne réponds pas. Je l'en empêcherai.

- Je te le présente ?

Ses traits se précisent sur sa peau à mesure qu'ils expriment sa perplexité.

- Il est là ? Tu as fait entrer un meurtrier chez moi ?
- Chez nous, en fait. C'est aussi chez moi. Et ce n'est pas sa faute, alors ne l'appelle pas comme ça. C'est Bakugo, son nom.

J'hausse un peu la voix.

- Bakugo, tu peux entrer !

La porte se pousse lentement. Il s'approche, me regarde, et je baisse rapidement la tête, signe de respect. Il m'imite. J'avais peur qu'il ne se rebelle, mais ça a l'air d'aller... Pour l'instant.
Ma mère le toise de haut en bas.

- Bonjour. Ton nom ?

Il inspire, s'apprête à parler, et se bloque. Il ferme les yeux une fraction de seconde et reprend. C'est ridicule, elle connaît déjà la réponse. Elle teste ses manières et son éducation.

- Bakugo.
- D'où viens-tu ?
- Vous le savez.
- Pourquoi y étais-tu ?

Il soutient son regard en silence. Elle répète, en appuyant sur chacune des syllabes.

- Pourquoi y étais-tu ?
- On s'en moque, de ça.
- Pas moi. Si mon fils doit se retrouver seul avec un individu comme toi, je veux savoir ce qu'il en est.
- C'est quoi, un '' individu comme moi''? Allez-y, définissez les termes.

C'est parti. Je le sentais. Il n'est pas fait pour être gardé en cage.
Elle cherche ses mots. Il a réussi à la mettre en mauvaise posture, c' est déjà pas mal.

- Ce n' était pas la question.
- Maintenant ça l'est. J'attends.

Il croise les bras. Il est peut-être un poil culotté, mais ça ne peut pas faire de mal. Je crois.

- Tu n'es personne pour me donner des ordres. Je n'ai rien à dire de plus.
- C'est très bien, nous sommes sur la même longueur d'onde, j'allais vous... Te dire exactement la même chose. Après tout, je suis là pour ton fils, je n'te dois rien, à toi.

Je réprime un sourire en notant qu'il éprouve au moins un peu de reconnaissance à mon égard, mais me reconcentre en remarquant qu'il a visiblement banni toute forme de politesse et de respect, que ce soit dans sa posture ou ses paroles.

- Pour qui tu te prends ??
- Moi. Je sais qui je suis.

Il fait un pas et se baisse à la hauteur de ma mère.

- Ce que je me demande, c'est pour qui toi tu me prends.

Il tape dans ses mains une unique fois.

- Comment tu m'appelais, avant de m'avoir devant toi, hein ? Comme tous les autres ? Ou alors, tu es de ceux qui innovent ? Vas-y, dis moi, c'est quoi, le petit nom que tu m'as donné ?
- Cette conversation est terminée.
- Ça t'arrange, ouais. Putain c'que ça doit être bien d'être né riche ! Tu décides de tout, même de quand l'autre a fini de parler ? Et si moi j'veux encore causer, la vieille, tu vas faire quoi ? Appeler un de tes gardes ? Parce que tu crois que je les défonce pas, tes copains ?

Il s'exclaffe.

- Enfin, on peut vraiment avoir des amis, quand on a autant d'argent que de rides ? Si t'étais pauvres, qui serait encore là, hein ?
- Ça suffit. Bakugo. Stop.

Il se tourne vers moi. Je sens une part de lui redevenir calme, mais c'est trop tard. Il est déjà en train d'exploser. Une bombe sans minuteur.

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant