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Pdv Kirishima
Je n'entre pas immédiatement dans la chambre. La curiosité l'ayant emporté, je plaque mon oreille contre la porte. C'est un enchaînement incessant de ''non'', de ''si''. Le ton monte. Katsuki a l'air de demander quelque chose à Mina, voire de la supplier. Dans sa voix, je sens qu'elle flanche.
-Bon, d'accord.

J'entre. Katsuki sursaute. Les deux se taisent trop subitement pour que ce soit naturel. Ils me fixent, les yeux ronds. Mina semble se détendre et me sourit. Je ne pensais pas qu'elle avait le mensonge si facile. Je me demande si c'est la première fois qu'elle fait face à ce genre de situation.

- Heu... Tout va bien?

Katsuki acquiesce. Mina s'excuse, se glisse entre le cadre de la porte et moi pour s'échapper. Je la bloque de mon bras.

- C'était pour quoi, cette petite discussion ?

Je vois ses yeux se focaliser sur moi pour ne pas se tourner vers Katsuki. Son sourire s'encre sur son visage.

- Il me demandait des macarons faits maison pour votre petit déj' de demain. Ça va me prendre un temps fou...!

Elle imite un léger rire et s'eclipse. Je referme la porte.

- Alors?
- Quoi?
- Ta mère, elle voulait quoi?

Je me remémore la discussion, mon ressenti, mes questionnements.

- Tu me trouves barbant?
- Hein?
- Ma façon de parler, de vivre. C'est agaçant ?
- Quoi? Non, pourquoi ?

J'hausse les épaules.
Je crois que les derniers événements se sont enchaînés un peu trop vite : je sens une vague d'émotions se propager dans mon corps. Lorsqu'elle atteint ma poitrine, ça me fait mal, et mes yeux se remplissent. Je ne veux pas pleurer, et encore moins devant lui.

Pdv Katsuki
Il renifle, et sa bouche se tord un peu.

- Hey...

Je sors du lit pour m'approcher de lui. Il tourne la tête. Je le prends dans mes bras. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je ne sais pas vraiment comment réagir non plus. Je fais juste de mon mieux. J'espère que c'est assez.

- Ma mère veut que je me marie.

Je force mon corps à ne pas se crisper et le laisse continuer.

- Mais je veux être avec toi, moi...

Je le serre un peu plus fort. Il n'y a rien à dire.

- Dis, Katsuki... Après le combat de demain, tu ne voudrais pas qu'on s'enfuit tous les deux ?

C'est tentant, mais cette histoire a déjà été écrite. Nous connaissons la fin. S'enfuir, c'est périr. Mon silence lui répond. Il n'insiste pas.
Et puis, rien ne promet qu'il y aura un ''après''. Demain est peut-être notre dernier jour.
...Non. Mon dernier jour, tout au plus. Je ne le laisserai pas mourir pour moi. Pas à chaque fois. Une vie, mais pas deux.

Nous restons l'un contre l'autre un moment encore. Puis ses bras se détachent, et ses mains effleurent mon torse, la tête toujours baissée. Je prends doucement son visage. Quelques larmes mouillent mes doigts.

- Eijiro...

Il me regarde. Les perles d'eau s'échappent et roulent sur ses cils, sur ses joues. Sa respiration, saccadée, s'entrecoupe d'excuses, comme s'il y avait quoique ce soit à lui reprocher.
Je ne suis pas vraiment bon pour réconforter. Je ne peux qu'être là.

- Viens.

Je le guide jusqu'au lit. Il s'y assoit.

- Allonge toi.

Il obéit sans vraiment comprendre. Il se met sur le dos, et je lui dis de se tourner sur le ventre. Il le fait, plaçant ses bras croisés entre sa tête et le matelas. Je me mets sur lui, à califourchon.
Je pose mes mains sur ses omoplates, le plus doucement possible. Je réchauffe mes paumes, et les fais lentement glisser sur son corps. Je ferme les yeux et tente de rassembler mes souvenirs de l'époque, lorsque j'étais encore chez moi, avant que tout soit bouleversé et que je ne me retrouve ici. Je me souviens le travail physique, et les soins qu'on nous apportait ensuite. Les boissons naturelles, les massages. La façon dont leurs mains se pressaient sur notre peau pour apaiser nos muscles. J'essaie de reproduire leurs gestes le plus fidèlement possible.
Je le sens se détendre. Un soupir ou deux s'échappent de sa bouche. Je descends sur sa taille. Il sursaute et pouffe de rire.

- Quoi?
- Rien, je suis chatouilleux. Je m'y attendais pas.

Mes lèvres s'étirent légèrement, et mes doigts s'activent sur ses côtés. Il se tord dans tous les sens en riant, jetant ses jambes à droite et à gauche pour échapper à mon toucher. Il parvient à attraper un de mes poignets et me tire vers lui. Pris de court, je perds l'équilibre et me rattrape de mon bras libre juste avant de m'écrouler sur lui.
Il croise ses jambes derrière mon dos.
- Je peux t'avouer un truc? Il chuchote. Le monde s'arrête, nous ne sommes plus que deux, protégés par cette atmosphère secrète. Je le regarde en silence, attendant qu'il continue.
- Je ne pensais pas manquer de quoi que ce soit avant de te rencontrer.
Je caresse sa joue.
Et toi, tu es la réponse à toutes les questions que je ne me suis jamais posées.
Les mots ne franchissent pas mes lèvres, mais je sais qu'il comprend. Je le sens.
Ses doigts sculptent mon corps, le redessinent selon ses désirs. Il joue avec le relief de ma peau, les mouvements de ma respiration. Et je le regarde faire, je le contemple dans son existence, simple et pure. Et je le sais: si je devais mourir demain, je le retrouverais dans une autre vie. Parce qu'une fois qu'on goûte à cette tendresse de non pas deux corps, mais deux âmes qui s'enlacent, on ne s'en lasse pas. On ne s'en sépare plus. On ne peut plus, on ne veut plus.
Mais je ne le dirai pas. Je me contenterai d'envisager la possibilité de nous, de le regarder en m'imaginant le faire miens, même si ce concept restera à jamais bloqué dans ma tête, enfermé.
La fiction a du bon.
- Arrête de penser, Katsuki.
Ses lèvres viennent étouffer mes non-dits, mes mots cachés et mes maux enfouis. Sous ses baisers, j'arrive à respirer.
Et je comprends. Maintenant, je comprends que nos deux âmes se soient unies à travers le temps. On ne vit pas sans oxygène, et il est le mien.
Eijiro pousse mon épaule. Je roule sur le côté, et il se retrouve sur mon torse, installé comme je l'étais une minute plus tôt.
Le soleil se couche, et ses derniers rayons survolent son corps.
Il passe le dos de sa main sur ma joue, s'approche lentement et m'embrasse.
Ses bras passent autour de ma taille, et il s'allonge contre moi.

Pdv Kirishima
Son torse se soulève à chaque inspiration. Les pulsations de son cœur résonnent sous sa peau.
Parce qu'il vit.
Je ferme les yeux, et tout mon monde se réduit à ça : un battement de coeur, aussi bref qu'un battement de cil.
Ses doigts effleurent mon épaule, divaguent dans mes cheveux, titillent mon épiderme.
Je sens mon esprit s'égarer, s'échapper. Je lutte pour le barricader dans mon corps, profiter de ce moment qui pourrait être le dernier.
Je lutte, mais ne sens déjà plus ses caresses. Tout devient abstrait. Les limites de la logique s'assouplissent et deviennent floues, moins précises. La fantasie s'immisce et se mélange à mes sens, et je disparais dans un tourbillon de pensées aussi intense que doux, qui m'emporte loin, trop loin de ma réalité, de lui.

Pdv Katsuki
Lorsque sa respiration se stabilise, qu'il ne bouge plus, je rabats la couverture sur lui. Je le regarde dormir. Et puis, lorsque chaque trait de son visage est encré dans mes pupilles, que je sais que sa voix ne quittera plus jamais ma tête, je me défais de son étreinte. Lentement.
En silence, je quitte la chambre.

Mina m'attend.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 25 ⏰

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Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant