Fire On Fire [Kiribaku]

.6.

Pdv Kirishima
Elle a refusé. Parce qu'elle craint qu'il ne se retourne contre moi. Elle a dit que son surnom était mérité, je ne savais même pas qu'elle le connaissait. Je pensais qu'elle en avait entendu parler, un peu comme nous tous... Mais non. Apparemment, elle en sait même bien plus que moi. Elle avait peur qu'il me tue. Si elle savait.
Je me suis énervé. J'ai crié. Ça ne m'arrive jamais, d'habitude. Mais le savoir là-bas, mal traité, enchaîné et affamé m'insupporte. Sous le coup de la colère, je suis parti. Enfin, c'est ce qu'elle doit penser, je suppose. En vérité, je ne veux surtout pas rater la préstation de Bakugo. C'est plus simple d'avoir un prétexte pour sortir que de le faire en cachette.
Je suis un peu en retard. Je cours jusqu'à l'arène, paie ma place et entre. Premier rang, comme toujours. Personne autour, comme toujours.
Un roulement de tambour. Quatre personnes apparaissent. Ils tirent des chaînes, reliées aux poings et au corps de Bakugo. Il se débat pour rester dans sa cellule. Ils sont quatre, et ils n'arrivent même pas à le dompter. Ils ne s'y prennent pas comme il faut, et c'est tellement évident que c'en devient absurde.
Finalement, ils le poussent au centre avant de retourner dans les coulisses. Bakugo garde la tête baissée une seconde, puis se met à chercher des yeux dans le public. Il s'arrête lorsqu'il me voit. Je le salue discrètement. Sa posture fière ne suffit pas à atténuer l'épuisement de son regard.

- REGARDEZ LE ! NE VOYEZ VOUS PAS TOUTE CETTE HAINE DANS SES YEUX ?? CETTE RAGE ?!

Le '' présentateur '', mis en hauteur, fait un geste du bras pour illustrer ses propos. C'est vraiment ce qu'ils voient ? De la colère ?
Un autre entre sur la scène. Énorme. Toujours, contre lui. Ils sont toujours énormes. Celui qui doit être le propriétaire de Bakugo fait son entrée pour le détacher de ses chaînes. Il ne bouge pas. Il ne le regarde même pas. Il ne regarde que moi.

- LES PARIS SONT FERMÉS ! QUE LA CHANCE SOIT AVEC VOUS ! LE COMBAT COMMENCE DANS 3...

Le public se prend au jeu et suit le présentateur dans son décompte. Il expire profondément. Un cri silencieux réfréné. Il ne veut pas se battre, et ça crève les yeux.

- 2...!

Il n'a pas envie d'être dans cette arène. Il ferme les yeux, puis les rouvre, déterminés.
Il va falloir trouver quelque chose.

- 1...!

Putain. Pas le temps de réfléchir.

Pdv Bakugo
L'autre en face se jette sur moi. Rapide. Plus que les autres. Mais il ne me touche pas.
Pourtant, je n'ai pas bougé. Je n'en ai pas besoin. Je peux retourner sa vitesse contre lui, l'utiliser pour qu'il n'ait pas le temps d'éviter mon attaque.
Mais je n'ai rien. Et je n'ai rien fait.
La poussière que ses mouvements ont soulevé retombe sur le sol, et une nouvelle silhouette se forme devant moi. Un vrai bouclier humain. Les deux bras croisés devant lui pour se protéger. Kirishima tourne sa tête vers moi et sourit.
Ah. Eh merde.
L'autre fait un bon en arrière, surpris. Personne n'arrête le combat. Du grand spectacle, comme ils voulaient tous. Kirishima se rapproche de moi et me tend la main.

- On le démonte ?

Je fixe sa main. Un petit chatouillement se faufile dans mes entrailles.

- On le demonte.

Je tape dans sa main. Il se met à côté de moi. L'autre lance un coup d'œil derrière lui, l'air de demander aux organisateurs si le combat continue. Oui, visiblement. Il hausse les épaules. Je me retiens de sourire. Ne crois pas que ça ne change rien. Ils demandaient du spectacle? On va leur en donner. Kirishima me lance un regard complice. Mon sang bouillonne, me brûle de l'intérieur. Je ne serais pas surpris de voir ma peau fondre.

- Le premier qui le met K.O a gagné!

Il sait me parler. Après un instant de flottement, nous nous jetons sur lui. Je frappe du poing gauche, et Kirishima du poing droit. Une explosion, la mienne. L'adversaire évite, mais je me jette sur lui et enfonce une explosion dans sa gorge. Il s'effondre, la tête éparpillée autour et sur moi. Ça n'a jamais été aussi simple. J'ai tout de même un petit arrière goût de défaite en pensant à ce que Kirishima doit faire à cause de moi. Je ne le connais pas vraiment, mais il n'a pas l'air du genre violent. Et le voilà malgré tout dans une arène.
Le silence est pesant. Il ne dure qu'une seconde avant de laisser place aux tonnerres d'applaudissements, aux cris de joies de ceux qui ont parié juste, aux commentaires chuchotés.
Kirishima lève les bras pour interpeller les dirigeants du combat, situés dans une petite loge ouverte en hauteur, au centre des gradins. Ils sont attentifs, curieux. Moi aussi, en fait.
Il forme un porte voix en plaçant ses deux mains autour de sa bouche.

- JE VEUX QU'IL REPARTE AVEC MOI !!

Nouveau silence. Un raclement de gorge résonne dans un micro. Un larsen.

- Lui ? Le monstre ?

Kirishima me pointe du doigt d'un air décidé et hausse la tête.

- OUI, LUI ! ET POUR TA GOUVERNE, IL A UN NOM !!

La foule retient son souffle. Je ne sais pas trop comment je me sens. J'ai l'impression d'être défendu. Je ne sais pas si ça me rend fort ou faible. Pas sûr que ça me plaise.

- Prends le, si tu le veux.

Kirishima se fige sous la surprise. Il se tourne vers moi, un air interrogateur ancré dans ses yeux. J'hausse les épaules, aussi perdu que lui.

- Mais s'il part, tu prends sa place.

Je fais un pas pour me mettre devant Bakugo. Hors de question que l'un de nous ne reste ici. Léger rire dans le micro. Nouveau larsen.

- Intéressant, intéressant.

Une pause. Il réfléchit.

- Très bien ! Passons donc un marcher. Tu l'emmènes, tu l'entraînes. Dans un mois précisément, tu reviens avec lui, et on lui fait affronter dix adversaires simultanément. S'il gagne, tu le reprends, et le mois suivant, il sera face au double d'adversaire. Il est hors de question qu'il perde la vie ailleurs que sur ce terrain. Les spectateurs paient pour voir ça.
- ET S'IL PERD ?
- S'il perd, il est mort. S'il est mort, tu le remplaces.
- ET SI JE LE RAMÈNE PAS ?
- Il y a une puce implantée quelque part dans son corps. Est-ce que tu veux savoir ce qu'il se passe si on l'active ?

Kirishima baisse les yeux en signe de soumission. Sa voix dans le micro résonne une dernière fois.

- Offre nous du spectacle, gamin.