Fire On Fire [Kiribaku]

.8.

Pdv Kirishima
Je me réveille plein d'énergie. Je me redresse et tourne la tête en direction de mon nouveau colocataire. Lui non plus ne dort plus, et ce depuis longtemps déjà, visiblement. En tailleur sur son lit, il tourne frénétiquement les pages d'un livre.

- Tu lis quoi ?
- Rien.
- C'est quoi, le titre ?
- Ça te regarde pas.

Je me penche jusqu'à ce que les lettres soient lisibles. Finalement, je reconnais la couverture. Je l'ai étudié la semaine dernière.

- Oh, tu t'intéresses aux scien-

Ses mains se retrouvent autour de mon cou. Il m'étouffe. Ses jambes sont de part et d'autre de mon corps. Quelques sons gutturals s'échappent de ma bouche, des sons que je ne pensais pas capables de sortir d'un être humain. Ma vue s'obscurcit. Je tente de me débattre, de le pousser, mais sans résultat. Il ne bouge pas d'un pouce. Mes bras m'abandonnent et tombent mollement sur le côté.

- Plus jamais. Je ne veux plus jamais l'entendre.

J'acquiesce, ou j'essaie de le faire. Il me lâche enfin.
Je tousse et reprends mon souffle. Je ne comprends même pas de quoi il parle. Je suppose qu'il ne faut pas évoquer les sciences, ou le fait qu'il s'intéresse à quelque chose.
Il reste planté là, au dessus de moi, pendant quelques secondes. Il finit par me pousser et s'éloigne, retournant à sa lecture.
En le regardant comme ça, assis calmement, le livre entre les mains, je me demande pendant un instant si toute cette scène s'est vraiment passée, si je n'ai pas juste rêvé.
Il soupire et ferme le livre avec agacement.

- Un problème?

Pas de réponse. Je dois essayer d'instaurer un lien.

- ... J'ai trouvé le quatrième chapitre particulièrement compliqué, tu ne trouves pas ?

Il hausse les épaules. C'est déjà mieux que rien.

- Tu t'es arrêté où, toi ?
- Là où tu disais. Le quatrième.
- Tu veux que je t'explique ?
- Tu veux crever ?

Je souffle et me lève. Je marche jusqu'à lui et fous un coup de pied dans le bouquin. Il me fixe. Une vague de surprise traverse ses yeux.

- Bon, ça commence à bien faire, là.

Je l'attrape par les épaules et le plaque contre son lit. Chacun son tour. Il ne réagit même pas. Il semble pétrifié. Son visage reste neutre, ce n'est que son corps qui se rigidifie.

- J'ai été sympa avec toi jusque là, non ?? Je t'ai sorti de là-bas, je t'ai fourni de quoi te laver, manger et dormir, et ce sans rien en retour, et toi tu te comportes comme si j'étais ton ennemi ! Alors c'est quoi, dis moi, ton putain de problème, hein !?

Presque essoufflé d'avoir laissé ces mots brûler mes cordes vocales, je prends un temps pour déglutir. Je fais cependant tout mon possible pour ne pas lâcher son regard. Il baisse les yeux une moitié de seconde et marmonne quelque chose.

- J'ai pas entendu. Parle plus fort, si tu veux être compris.
- ....
- J'ai pas entendu.
- Désolé, merde ! C'est bon, t'es content ??

Je me relève et secoue la tête.

- Non.

Je ramasse le livre et le range dans ma bibliothèque. Je sens son regard faire pression sur mon dos et m'écraser. Je l'ignore.

- Je vais sortir, j'ai besoin de prendre l'air. Tu restes ou tu viens ?
- Tu vas où ?
- Qu'est-que ça peut faire ? Tu viens ou pas ?

Il acquiesce. J'attrape quelques vêtements et les lui jette. Je suis agacé, je n'ai plus envie d'être agréable. Il les attrape.