.7.

288 43 20
                                    

Pdv Kirishima
Nous entrons par la fenêtre de ma chambre que j'avais volontairement laissé ouverte. Je me tourne vers lui.

- Je suis déso-
- Merci.
- Hein? Non, mais laisse moi finir. Me remercie pas alors que t'es pas encore débarrassé de tout ça.

Il hausse les épaules et scrute la pièce.

- C'est chez toi, ça ?
- Oui.
- C'est grand.
- Inutilement, oui.
- On va passer la nuit ici ?
- Oui. Ça te va ?
- Ça m'est égal.

Il reste planté là pendant un moment.

- Viens.

Je le prends par le poignet. Il se dégage.

- J'aime pas qu'on me touche.
- Oh, okay. Compris. Suis-moi, alors.
- On va où ?
- À la salle de bain. Ça nous fera du bien. C'est par là, viens.
- Me donne pas d'ordre.

Je soupire.

- Il va bien falloir que tu te fies un minimum à moi pour qu'on puisse avancer, tu sais ?

Il soutient mon regard avant de baisser les yeux.

- Ouais.

Il m'emboîte le pas jusqu'à ladite salle de bain. Je sors une nouvelle serviette de toilette, des vêtements propres et les lui tends.

- Tiens. Je te laisse te laver, prends le temps qu'il te faut.
- J'ai faim.
- Je vais aller chercher de quoi manger pendant que-

Pdv Bakugo
Une soudaine angoisse me saisit la gorge. Elle compresse ma trachée, m'empêche de respirer. Si quelqu'un arrive lorsqu'il n'est pas là, comment je suis censé réagir ? Comment l'intru réagirait ? Qui serait vraiment l'intru ?

- Non.

C'est sorti plus froidement que ce que j'aurais voulu. Il reste devant moi et expire longuement.

- Écoute. C'est chez moi, ici. Je connais, je sais comment ça fonctionne. Si tu ne me fais pas confiance à moi, je comprends, on ne se connaît pas depuis longtemps. Mais si je prends une décision, c'est qu'elle ne présente aucun danger, ni pour toi, ni pour moi. Alors si tu ne crois pas en moi, crois au moins en mes choix, s'il te plaît.

Il ne comprend pas. Ça n'a rien à voir avec lui. J'hoche la tête malgré tout. Je ne peux pas me permettre de me le mettre à dos, je ne sais pas ce qui arriverait sinon.

- Je reviens d'ici une dizaine de minutes. Tu sais comment tout marche ?

Je lance un coup d'œil autour de moi. Aucun mécanisme ne me paraît impossible à utiliser.

- Ouais.
- Parfait. Je frapperai avant d'entrer, ne t'inquiète pas.

Il disparaît. Je ferme à clef. Je marche dans la pièce et inspecte chaque recoin, aussi inutile que ce soit. Le lavabo, la baignoire, les placards. Je fouille et range après moi. Et puis je tombe sur un miroir, un grand miroir de deux mètres de hauteur, et peut-être un mètre de largeur. Mes yeux tracent les contours de mon corps. Mes vêtements sont déchirés, souillés de sang et de sable. J'ai quelques bleus. Des cernes.
Je retire mon haut. Les muscles ne suffisent pas à cacher le manque de nutrition, et les cicatrices forment des reliefs irréguliers et désordonnés. Je me fais face, et mon visage me répugne.
Je me détourne du miroir.
Je fais couler l'eau en finissant de me déshabiller. Lorsque la température me convient, je plonge un pied, puis l'autre, puis le reste de mon corps dans la cuve de porcelaine. Ça picote. L'eau se trouble sous la quantité de salté qui s'est incrustée sur ma peau.
Je ferme les yeux et soupire.
Tout mon épiderme brûle, mais peu importe. Les voix dans ma tête semblent se noyer pendant quelques instants. Mais je sais qu'elles savent nager.
Je sursaute en entendant trois coups contre la porte.

- Tout va bien ?
- Ouais, ouais.

Putain, je me suis endormi. Depuis combien de temps je suis là ? L'eau est froide. Ce n'est pas parce que je suis dans un palais que je dois me relâcher. Je suis toujours vulnérable. Ce n'est pas parce qu'il m'a sorti de l'arène que le combat est terminé.
J'attrape le savon et le passe sur moi. La fraîcheur qu'il laisse derrière lui m'allège étrangement. Je le passe plusieurs fois, jusqu'à ce que frotter m'irrite, jusqu'à ce que le beige devienne rouge, puis me rince. Je sors et me sèche avant de poser la serviette sur le miroir pour me changer.
Le tissu des vêtements que Kirishima m'a prêté est doux et léger. Ça change.
Je sors.
Une table de nourriture trône au centre de la pièce. Derrière, un Kirishima, tout sourire.

- Sers toi ! Je savais pas trop ce que t'aimais, alors j'ai pris un peu de tout ce que j'ai trouvé !

Je m'avance de quelques pas, méfiant. Je prends un bout de pain. Je le lui tends.

- Goûte d'abord.
- C'est pas empoisonné, tu sais.
- Alors croque.

Il en prend un quart dans sa bouche, déglutit et tire la langue pour montrer qu'il a bien avalé.

- C'est juste du pain.

Il attrape une des deux assiettes et se sert un mélange étrange d'aliments.

- Prends ce que tu veux, vraiment.

Je me risque à finir le bout de pain. C'est frai, c'est bon. J'en prends un autre, puis un autre, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus et que je doive choisir un autre met.

- Ça te plaît ?

Je ne réponds pas mais me ressers, ce qui est une réponse en soi.

Pdv Kirishima
Il est plus hostile qu'il ne l'a été jusque-là. J'ai un peu du mal à suivre. Je suppose que c'est normal, il découvre. Il se lève et se couche dans un coin, à même le sol.

- Heu... Je t'ai préparé un lit, pendant que tu te lavais.

Je le lui montre du doigt. Il est à deux mètres du miens environ. Ses joues se teintent imperceptiblement de rose, et il hoche la tête en remerciement avant de s'approcher du meuble. Il appuie sur le matelas de ses deux mains et les coins de ses lèvres se relèvent légèrement. Il se glisse entre les draps et ne bouge plus. Je me rends alors compte qu'il n'a presque pas parlé depuis son arrivée ici.
Je recouvre la nourriture pour ne pas attirer d'insectes et vais me laver les dents. Je lui apporterai ce qu'il faut demain, pour qu'il puisse le faire aussi. Je doute qu'il ait eu ce luxe, là où il était.

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant