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Pdv Kirishima
Il me pousse et je tombe sur le sol.

- Ne me touche pas !

Je le regarde sans comprendre.

- Katsuk-
- La ferme !! Ne me regarde pas, ne m'approche pas, putain.

Lentement, il se redresse et me tourne le dos. Ses jambes sont ramenées contre son torse. Il les entoure de ses bras.
Je ne comprends pas.

- Katsuki, explique-moi ce qu'il se passe, je...

Il se lève brusquement.

- Je vais m'entraîner.

Je prends appui sur mon genou pour me redresser.

- Je t'accompagne.
- Non. Tu restes là.
- Pourquoi ??

Il marque un temps d'arrêt. Je le sens hésiter. Il ne me regarde pas.

- Je ne veux pas te voir.

Pdv Bakugo
La porte claque derrière moi et j'expire lentement.
Je sors du bâtiment. L'air m'attaque le visage. Il fait plutôt bon, aujourd'hui, mais putain, ce que j'ai froid. Et chaud. Tout est tellement, tellement mélangé.
Je parcours une fois de plus le chemin interdit. Forcé de se tourner vers le passé pour avoir un futur.
Je reconnais les pavés, chacun de leur défaut, de leur fissure, de leur saleté. L'ambiance s'alourdit à mesure que j'approche. On ne veut pas de moi. Tant pis. Je ne veux pas d'eux non plus, mais certaines rencontres sont inévitables. Le bâtiment se dresse face à moi. J'entre.
Memo se balance à sa corde, pendue par le cou. Ses yeux vides se tournent vers moi et me transpercent. Sans bruit, ses lèvres miment le mot "fuis". Une envie irrépressible de l'écouter s'empare de moi, et pendant une fraction de seconde, je suis tenté de l'écouter. Mais je sais pourquoi je suis venu. Je sais pour qui.
Je compte bien affronter mes erreurs.
Je referme la porte, m'enfermant dans cet espace entre deux temps.

- J'ai besoin vous. De vous deux, vous trois. J'ai besoin de toi, Katsuki Bakugo. Viens.

Rien ne se passe. Je m'impatiente.

- J'ai un deal à te proposer.

Une ombre se détache du cadavre de Memo. Mon ombre.

- Tu mens.
- T'en es sûr ?
- Je ne fais pas de compromis. Et tu le sais, tu n'en fais pas non plus.

Je plante mes yeux dans les siens. Dans ces deux ignobles cavités qui ne mènent qu'au vide.
Je ne pensais pas avoir peur de la mort avant de l'avoir en face de moi.

- Et pour lui, tu ne ferais aucun compromis ?

Il ne répond pas.

- J'attends ta proposition.
- Kirishima et toi êtes bloqués ici.

Son silence me le confirme.

- Arrête moi si je me trompe, mais c'est à cause de nous. 

Lentement, il hoche la tête. Je me retiens de ne pas scruter son corps, de maintenir le contact visuel, même s'il n'est techniquement que dans un sens.
Est-ce que je vais finir comme ça, moi aussi?

- Il vous manque à chacun une moitié d'âme.

Il déglutit. Il sait que j'ai compris.

- Si tu assures notre survie lors du tournoi, je te donnerai mon âme.
- Ça ne marchera pas. Eijiro sera toujours prisonnier ici. Tu n'es pas complet. Tu n'es qu'une moitié de moi, même pas une personne entière. Et tu ne l'as jamais été.
- Je la lui donnerai à lui, alors. Il pourra enfin reposer en paix. De toute façon, nos âmes vont de paires. Nous sommes liés depuis des siècles, tu peux bien attendre quelques années de plus que mon Kirishima finisse sa vie convenablement. C'est ce que tu aurais aimé pour celui de ton époque, non?

Je le vois réfléchir. Ce n'est pas si difficile de se convaincre soi même. Il relève enfin la tête. Ses os craquent à chaque mouvement.

- Je refuse.

Je suis pris de court, et surtout de panique. Il faut qu'il accepte. Il n'y a pas d'autre issue. Notre histoire est la même, la fin n'est pas inconnue. Seul, je ne peux pas l'éviter. Les mots franchissent le seuil de mes lèvres avant même que je n'aie le temps de m'en rendre compte.

- Et si je te la donne maintenant ? Sauve Eijiro, et...

C'est une option à laquelle j'avais déjà pensé, qui, à défaut d'être complètement en adéquation avec ma volonté, est envisageable. Et je sais qu'il le sait.

- C'est non. On part ensemble ou on ne part pas. Que tu te sacrifies maintenant ou plus tard, si tu es le seul à mourir, seul un de nous pourra partir. Ce n'est même pas à moitié de satisfaisant.

Ce n'était pas vraiment ce que j'avais prévu. Il esquisse ce que je devine être un sourire. Il lui manque quelques dents.

- Tu sembles surpris.
- C'est que... Je pensais qu'on serait plus...
- Similaires ? Tu n'as qu'une moitié de mon âme. Tu n'es pas que moi, tu es aussi toi. Même si tu ne seras jamais toi complètement.

Mes yeux se perdent derrière lui pour se plonger dans ceux de Memo. Là un court instant, quelque chose se produit. Un lien, une connexion.
Une information.
Et je comprends.

- Très bien. Attends donc sagement ici. Après demain. C'est après demain. Une fois encore, deux segments d'êtres vont se perdre dans le sang. Et cette fois, ce sera ta faute.

Pdv Kirishima
Ça fait à peine une heure. La porte grince en s'ouvrant. Je ne me retourne même pas. Face à la bibliothèque, appuyé contre le mur et les jambes repliées contre mon torse, j'attends.
Quoi? Je ne sais pas trop. Je le saurai quand je commencerai à me poser la question.
Une main se glisse sur mon épaule, rugueuse malgré la douceur de son geste. Elle tombe presque jusque sur mon coude, laissant son bras m'enlacer tendrement.

- Tu peux pas partir comme ça et revenir l'air de rien.
- Je sais.

J'expire, à la fois agacé et rassuré de le savoir près de moi.

- Et c'est tout? Aucune explication, rien?

Je sens qu'il hésite.

- J'ai eu une idée, mais elle ne s'est pas avérée très concluante.
- Ouais, ok, super, et du coup, c'est censé excuser ton comportement de tout à l'heure ?
- C'était... Enfin, ça faisait partie de mon idée.
- Va falloir être plus claire que ça, Bakugo Katsuki.

Il pose sa tête sur mon épaule.

- Je n'étais pas sûr de revenir, alors je me suis dit que ce serait plus facile de te laisser sur un tournant négatif, que...
- Que quoi? Que je tournerais la page plus facilement ?

Il hausse les épaules.

- Quelque chose comme ça.
- Eh bien, désolé de te le dire, mais c'est extrêmement stupide.

Un de ses doigt tressaille contre ma peau. Je suis tellement, tellement en colère.

- Tu peux pas toujours tout faire de ton côté en me laissant dans l'incompréhension juste parce que tu as décidé que c'était mieux. Et puis, enfin...

Je ne trouve plus les mots. De toute façon je n'ai plus envie de parler.
J'attrape son haut pour l'empêcher de bouger et me mets sur lui, à califourchon.

- Je peux ?

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Bonjour bonjour ! :')
Je suis VRAIMENT DÉSOLÉE pour l'attente. Je n'ai pas tellement d'excuses, j'ai eu du mal à trouver les mots pendant un (long) moment, mais il semblerait que ça revienne, alors je vais essayer de publier plus régulièrement à nouveau !
Merci à tous de me lire, et merci beaucoup pour tous vos petits messages, ça me touche beaucoup <3

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant