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Pdv Kirishima
Je ne l'aurais vu qu'une fois.
Il n'est pas réapparu, après ça.
Allongé sur mon lit, je fixe le plafond.
Son visage n'a pas tant changé, et son regard non plus.
Je veux y retourner.
Nos rencontres sont comme une addition. Elles me ça ressent la peau, m'effleurent sans me laisser les toucher. Je sens que je passe à côté de quelque chose de tout proche sans savoir quoi exactement.
Mais je saurai.

Pdv Katsuki
Je sais que je n'ai pas rêvé.
Je l'avais déjà vu.
Le jour où ils m'avaient sorti de... Là-bas.
Il est la première personne que j'avais vu. Je me souviens de ses yeux. Ils étaient différents, un peu curieux, mais sans recherche de profit. Il ne me voyait pas comme une somme d'argent, comme un monstre, comme une bête de foire. Ou alors, il le cachait bien, ou mieux que les autres. A moins que je ne me sois créé cette idée pour me reccrocher à quelque chose. C'était il y a trop longtemps pour le savoir. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est bien lui.
À l'époque, ses cheveux noirs retombaient sur son front, et ses manches trop longues cachaient ses mains. Il lui manquait une dent.
Et tout à l'heure, il m'a vu. Il n'a pas eu de réaction, ce qui, je suppose, est plus positif que négatif. Il ne semblait même pas me porter la faute, et ça m'énerve presque.
Je m'arrête de penser en entendant les pas s'approcher.
On m'apporte une assiette à moitié vide, ou à moitié pleine, selon mon optimisme du jour.

- Oh... Je vais retirer ce qui t'empêche de manger, d'accord ?

J'acquiesce. Plus ses mains s'approchent de mon visage, plus ma mâchoire se contracte, comme si mes dents allaient se briser les unes contre les autres. Il s'arrête juste avant de me toucher.

- Oh, et si tu essaies de me toucher, tu meurs, tu le sais ? N'essaie pas de la jouer au plus rapide avec moi. Tu n'es rien, ici.

J'acquiece à nouveau. Ce gars peut contrôler le sang dans un rayon d'un mètre environ. Si je fais un pas de travers, il peut provoquer une hémorragie en un claquement de doigt. Il s'est toujours cru au dessus des autres. Enfin, je suppose qu'il peut, puisqu'il est de l'autre côté des barreaux, lui.
Il me détache et me regarde manger, mon harnais entre les pattes.

- Oh, il reste 4 minutes avant que je ne te rattache.

Je me dépêche de finir. Il entre dans la cellule afin de remettre les chaînes en place. Il sent toujours obligé de s'approcher, de me montrer que lui n'a pas peur, pas autant que moi je devrais, et surtout, surtout, que je ne peux rien contre lui. Un jour, je le butterai. Il soupire, et je sais déjà ce qui suit. Par habitude plus que par réflexe, je recouvre mon torse de mes bras une seconde avant que son pied ne s'y abatte. Je ne peux pas attaquer, mais rien ne m'empêche de me défendre, tant que c'est discret. Quelques autres coups s'enchaînent. C'est ce qui arrive lorsque la journée n'a pas été bonne, ou lorsque je n'ai pas amené assez de bénéfice. Je suppose que les paris perdent en valeur, avec dix ans de victoire à mon effigie. Dix ans de victoire précédée d'une putain de défaite qui me laissera à jamais un goût âcre et amer dans le corps tout entier.
Mes poings finissent par retourner dans leurs prisons de ferraille. De même pour mes bras et mes jambes.

- Oh, et, demain, tu y retournes. Je ne comprends même pas pourquoi le public te réclame autant. L'horreur a un certain attrait, je suppose.

Il parle toujours avec des "Oh" en début de phrase, comme si tout ce qu'il disait le surprenait. C'est assez agaçant. S'il n'avait pas ce pouvoir, je me serais débarrassé de lui en quelques secondes à peine. Je me répète ses mots.
Demain.
Demain, j'aurai le droit à un peu de liberté.
Demain, j'aurai le droit à cette illusion.

Pdv Kirishima
Une servante vient me réveiller.

- Bonjour, Monsieur !
- Bonjour, Mina...

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant