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Pdv Katsuki
Une semaine s'est écoulée. Je ne pense pas qu'il reviendra. Le petit couteau qu'il m'a donné m'a permis de défaire mes liens pour une ou deux heures. Ça m'a fait du bien.
Les combats s'enchaînent, les morts aussi.
Bientôt, il n'y aura plus que moi.
Ils pensent tous pouvoir me battre, mais ils semblent oublier que ceux que j'ai tué le pensaient aussi.
Ils croient être meilleurs... et ils ont sûrement raison, au fond. Mais ici, c'est la force physique qui compte. Les aptitudes de combats. Et à ce jeu là, personne ne me dépasse.
D'autant plus que je ne me laisserai pas mourir, ça non.
Je survivrai.
Je survivrai pour tous ceux qui n'ont pas survécu ce jour là.
Pour tous ceux dont le sang a coulé.

J'entre dans l'arène.
Des acclamations, des exclamations, des réclamations. Des paris.
Du sang, des cris de joie.
Des yeux qui me fixent, qui m'incitent à être plus cruel encore, comme si j'en avais envie. Des mains qui s'agitent.
Mon surnom qui s'élève tout autour de moi.
Le monstre.
C'est ça, appelez moi comme vous le voulez. Remarquez moi. Regardez moi de vos grands airs ébahis, de vos supériorités écrasantes.
Regardez moi jusqu'à ce que je sois celui qui vous regarde.
A ce moment là, vous le saurez.
Vous aurez vu la mort.

Pdv Kirishima
Ses yeux se posent sur moi.
Il semble se calmer, d'un coup. Peut-être suis-je le seul à le remarquer. Il a même une hésitation, un temps d'arrêt. Et l'adversaire en profite. Il donne un coup. Je m'attends à le voir voler sur plusieurs mètres, honnêtement. Il a beau être fort, son corps reste visuellement humain. Ceux qu'il combat... Ce sont plutôt eux, les monstres. Physiquement, du moins.
Mais il esquive. Je reste pendu à ses gestes. Il a des réflexes de dingue. Il esquive, mais ce n'est pas tout. En une seconde, il saute, passe derrière l'autre, lui immobilise la nuque. Il se tourne vers le public, me regarde, et en un clin d'œil, la tête de son ennemi est séparée de son corps.
Ses yeux avaient l'air dire « Regarde ce que je peux faire ». Le public marque un instant de silence. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi bruyant. Cette absence de réaction traduit l'horreur de leurs pensées, mêlée à la curiosité maligne d'en voir plus. Je déteste ça. Cette capacité des Hommes à être attirés par ce qu'ils n'aiment pas.
« Le monstre » est ramené à l'intérieur, sûrement parce qu'il vide leur stock de combattants beaucoup trop vite. Sans douceur, pour changer. Il a l'habitude. Je ne sais pas si ça me réconforte ou m'inquiète. Je souris pour moi-même. Je ne sais même pas pourquoi il m'intrigue autant. Il y a quelque chose chez lui qui n'est pas dit mais qui demande à être criée. Je veux savoir quoi. La fameuse curiosité.
Cette fois encore, je me faufile pour le retrouver. Les combats battent leur plein, personne ne me remarque. Personne ne surveille. En même temps, qui voudrait aller voir ce genre de criminel, hein ? Bonne question.
Je vérifie tout de même que je suis seul et m'installe en tailleur devant sa cellule, sans grande cérémonie. Je ne suis pas obligé de me comporter comme un noble, ici. Je ne suis qu'un spectateur, après tout. Je parle bas, histoire qu'on ne nous repère pas. Juste au cas où.

- Hey !

Il est appuyé contre le mur, tout au fond, la tête posée sur ses genoux. Je dois plisser les yeux pour apercevoir ses contours dans l'obscurité. Il ne répond pas. Peut-être qu'il n'a pas entendu.

- C'est moi, tu te souviens ?

Quelques uns de ses doigts esquissent un mouvement. Bon, il sait clairement que je suis là.

- J'ai de la bouffe.

Ça fait du bien, de parler normalement à des inconnus. Pas de formules spéciales de politesse, pas de phrase à rallonge... J'aime bien ça, être ordinaire. Enfin, vu la situation, je ne sais pas si je peux me permettre de me définir comme tel. Je sors un sachet de ma manche et le lui tend à travers l'espèce de grillage. Il relève la tête et fronce les sourcils. Je souris.

Fire On Fire [Kiribaku] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant