CHAPITRE 4 : Protèges-toi, protèges-toi.

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Bonne lecture pour ce nouveau chapitre ! 📖



ESMÉE.

Quelqu'un m'avait un jour dit que la mort n'était autre qu'une seconde naissance. Qu'elle nous ouvrait les portes sur un monde meilleur.

Comment aller expliquer ceci à toutes les personnes qui venaient de perdre un proche ? 

Nous étions une cinquantaine de personnes, tous réunis devant l'entrée du cimetière de Cox Bay. Tous habillés d'une seule et même couleur. 

Le noir.

La couleur associée par excellence au deuil, à la souffrance, à l'absence de lumière et à la mort.

Et c'est ce que nous étions : tous endeuillés par la mort d'Alvaro.

La cérémonie d'enterrement avait duré deux heures. Deux heures durant lesquelles Kellie n'avait pu retenir ses larmes, sous le regard moralisateur de l'homme qui présidait la cérémonie.

J'avais essayé de la réconforter, mais dans ce domaine, j'étais loin d'être la meilleure. Je ne savais tout simplement pas comment m'y prendre, malgré toute la bonne volonté dont je pouvais faire preuve.

C'était fou. C'était complétement fou de se dire qu'un jour, toutes les personnes auxquelles on était attaché partiraient, en nous laissant seul avec notre souffrance.

Voilà pourquoi je préférais être seule. Plus de solitude pour moins de problèmes.

Les Pérez n'étaient pas des gens que j'affectionnais et pourtant, j'avais de la peine pour eux.

Je compatissais.

Alvaro ne méritait pas de finir comme ça. Non, c'était un mec bien, toujours prêt à aider les autres.

- Esmée ? 

La voix faible de Kellie résonna dans mes oreilles.

Elle se tenait en face de moi, les joues rougies par les larmes. Son regard était tout aussi fuyant que tout à l'heure, tout comme son attitude distante.

Elle essayait de mettre de la distance entre nous.

Elle s'éloignait de moi, sans bruit, lentement et furtivement.

Elle va t'abandonner, petite fleur.

Tout comme ils l'ont fait avant elle.

Par automatisme, mes sourcils se froncèrent. Je déglutis difficilement en tâchant de faire taire cette petite voix qui créait l'anarchie dans mon esprit. Cette voix qui résonnait en moi depuis des années, qui me torturait et parfois, me dérobait des nuits de sommeil.

Protèges-toi, protèges-toi.

Mon regard rencontra, le temps d'un instant, celui de Kellie. Elle détourna ses prunelles vertes, tandis que je croisai les bras et fixai mes bottes noires.

- Je... Je viens de parler avec Alba, commença-t-elle d'une voix hésitante. Elle m'a dit que ses parents allaient organiser un petit repas chez eux, et que nous étions invitées.

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