Chapitre 23

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Chapitre 23 ~ Réveil

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Retour au point de vue de Blanche

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Recroquevillée, j'attends en observant autour de moi. Il fait noir, sombre. Cela ressemble à une nuit sans étoile. Ou un gouffre sans fond. Ou aux profondeurs de l'océan. Ou à l'espace.

Ça me fait peur. Terriblement peur. Comme si, si jamais je fermais les yeux, toute cette noirceur allait m'avaler, me faire sombrer toujours plus loin. Jusqu'à que je perde espoir de revoir la lumière du jour une dernière fois avant le grand saut.

Itona... Suis-je égoïste de t'abandonner ainsi ? Suis-je lâche ?
Itona... Je ne sais même plus qui je suis ou qui j'ai été. Je n'ai que ton prénom en tête et nos souvenirs dans le coeur. Des souvenirs tendres. Des souvenirs heureux. Des souvenirs de joie.

Je me retourne en sentant un mouvement dans mon dos. Mais il n'y a rien. Si ce n'est cette noirceur qui m'entoure. Un bruit me parvient. Un nom. Qui résonne de plus en plus fort autour de moi.

« Blanche. »

« Blanche. »

« Blanche ! »

Blanche... Ça me revient. C'est mon nom. Je m'appelle Blanche, aka Angel. Mais laquelle des deux suis-je vraiment ? Laquelle des deux est la vraie moi ?

Je me lève avec maladresse. Mes jambes, mes bras, tout me fait souffrir et m'arrache une grimace de douleur. Je frissonne en sentant le froid sous mes pieds nus. Je pose mes mains sur mon front, prise d'un terrible mal de tête. Le silence me fait mal au coeur. Le silence qui m'entoure me fait peur. Terriblement peur.

« Blanche. »

Je relève la tête et laisse les larmes dévaler mes joues. Des larmes qui me semblent chaudes par rapport au froid qui m'entoure. Cette solitude qui m'entoure me donne envie de m'écrouler et de me laisser happer par la noirceur qui semble ricaner face à ma détresse.

« Blanche. »

Je fais un pas hésitant vers la voix que j'identifie comme celle d'Itona. Je grimace de douleur en bougeant ce corps qui me fait souffrir, mais je fais un autre pas, puis un autre et encore un autre.
Lentement, je marche avec maladresse vers la voix. Peu à peu, je me sens plus confiante et me mets à courir pour rejoindre cette voix. Je trébuche, me relève et me remets à courir, pressée d'arriver à cette destination inconnue.

« Blanche, je t'aime. »

Je souris et cours de plus en plus vite, les larmes coulant le long de mes joues. Je tends la main et rencontre une toile transparente qui m'empêche de continuer ma route. Je serre les poings, ma solitude et ma terreur me rattrapant. Je frappe la paroi, voulant rejoindre Itona. Je pleure de frustration, fatiguée de me battre pour rien, fatiguée de tout, fatiguée d'être aussi faible. Fatiguée d'être une assassin.

- Itona ! Itona ! Itona ! Itona !

Je répète son nom comme un mantra, comme une promesse que je vais le revoir. Comme si je pouvais le revoir.

Soudain, je me sens tomber vers la paroi qui m'empêche de passer et ferme les yeux, attendant un choc qui ne vient pas.

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J'ouvre les yeux, paniquée à cause de ce cauchemar. Je respire rapidement, regardant où je suis. Une chambre blanche avec des appareils qui bippent et sont reliés à mon corps.

Je sens alors un poids sur mon ventre. Je baisse légèrement la tête et esquisse un sourire en voyant la bouille endormie d'Itona. Je lève doucement ma main et la pose sur sa tête, caressant doucement ses cheveux, un fin sourire aux lèvres.

Je me calme doucement en regardant le plafond, tout en continuant de caresser les cheveux blancs de mon bébé poulpe. Les heures passent et je baille, encore un peu fatiguée, mais souhaitant voir le sourire d'Itona avant de me rendormir pour une vraie nuit de sommeil.

Il finit par remuer vers six heures du matin et se frotte les yeux pour chasser le sommeil qui se lit encore sur son visage. Je lui fais un sourire rassurant et Itona me regarde bouche bée. Puis il me prend dans ses bras en pleurant. Je le serre doucement contre moi, laissant mes larmes couler aussi.

- Itona...

Itona- J'ai crû que tu ne te réveillerais pas !

- Excuse moi de t'avoir inquiété... Excuse moi de ne pas être à la hauteur... Excuse moi...

Il me regarde en secouant la tête et me fait un bisou sur le front, avant de se coucher à côté de moi.

Itona- Ne raconte pas n'importe quoi.

- Mais je...

Itona- Chut. Repose toi, je vais prévenir les autres en allant en cours. Tu manques à tous, y compris les professeurs.

- Itona...

Il me regarde en souriant, mais ses yeux rouges le trahissent. Il a énormément pleuré par ma faute, mais son sourire tente de me faire comprendre que malgré ça, il m'aime. Je supplie mon bébé poulpe du regard, espérant qu'il comprenne ce que j'ose à peine formuler.

Itona- Je t'aime...

Il se penche vers moi et m'embrasse tendrement, terminant de me rassurer du mieux possible. Lorsqu'il s'écarte et attrape son sac de cours pour s'en aller, je l'observe se diriger vers la porte.

- Je t'aime, bébé poulpe...

Je baille et ferme les yeux, l'écoutant sortir de ma chambre d'hôpital sans un mot, laissant le silence répondre à sa place. Il m'a entendue, je le sais. Et ça me suffit amplement.

Je m'endors complètement et rêve d'une vie où je n'aurais été qu'une jeune fille comme les autres, loin de connaître tous les détails d'une vie d'assassin.

•°•°•°•°•°•°•

Plus tard, tandis que je lis un livre laissé par Itona ce matin, j'entends la porte s'ouvrir. Je regarde l'heure et remarque que les cours sont terminés depuis une trentaine de minutes, peut-être un peu plus. J'ai du mal à reprendre conscience du temps qui passe.

Je pose mon livre après avoir marquée ma page, et souris aux arrivants. Itona vient s'asseoir près de moi, tandis que le reste de la classe s'installe aux quatre coins de la pièce. Les professeurs ne sont pas là, ce qui me fait froncer les sourcils.

- Il se passe quoi ?

Itona- Il se passe que nous avons besoin de te poser une question.

- Quel genre de questions ?

Rio- Le genre de questions qui risque de tout faire changer.

Sugaya- Le genre de questions qui peut détruire comme renforcer notre lien avec toi.

- Oh... ce genre de questions là...

Tous hochent la tête et Itona serre doucement ma main dans la sienne, me montrant qu'il est là au cas où.

- Eh bien, allez-y ! Posez donc votre question, chers camarades de classe.

Blanche || AcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant