Chapitre 15 _ part 1

209 16 8
                                    

– " En amour, quand deux yeux se rencontrent, ils se tutoient"? Non mais t'es sérieux là ? C'est quoi ces conneries !

Haussant les épaules, Jason répondit, tout en maintenant son regard sur la route :

– C'est vrai, Alphonse Karr a vraiment dit ça en 1860 ! Je suis un homme cultivé malgré les apparences !

– Qu... Mais je m'en fous de ton machin Karr ! Qu'est-ce qui t'a pris de balancer un truc pareil ?! Maintenant, il va croire que je me tape le fils de Mister Gotham...

Elle soupira longuement, son dos se plaquant lourdement sur le siège.

– C'est comme ça que vous appelez Bruce maintenant ? Mister Gotham ? Ca me fait trop rire ! Et c'est quoi le problème qu'il pense qu'on baise ensemble ? T'avais des vues sur ce gros naze ? Tu te le tapes entre deux cours ?

– Quoi ? Non ! Mais contrairement à toi, qui a l'air d'être un gros queutard qui se tape tout ce qui bouge et mate les meufs à tout va, j'ai un minimum de dignité !

Elle était réellement en colère, mais lui aussi avait sa dignité et, son estime personnelle étant déjà fragile, il réagit au quart de tour. Il appuya sur l'accélérateur et se mit à slalomer dans les rues de la ville tout en répliquant :

– Joue la p'tite sainte, pétasse, mais on ne me la fait pas à moi. Je les connais bien les meufs des quartiers pourris comme toi, ma mère était comme toi ! Vous écartez les cuisses pour le premier mec qui vous fait miroiter la lune ! Moi, je peux me taper qui je veux, mais je sais me tenir ! Combien de paumés tu t'es f...

CLAC. Elle venait de lui décocher une gifle qu'il n'avait pas vu venir, malgré ses sens aiguisés, ce qui lui fit ralentir l'allure. Les poings serrés et les bras tremblant de hargne, elle pleurait à chaudes larmes en lui aboyant dessus. Elle n'avait plus aucun filtre, aucune retenue ; Red Hood, fils de Bruce Wayne, peu importait.

– Je sais que je suis qu'une merde fauchée à tes yeux. Dès le départ, t'aurais préféré me laisser crever dans le caniveau. Si Gar n'avait pas été là, tu m'aurais certainement laissée aux mains des Russes, car je ne vaux pas la peine d'être sauvée ou de risquer vos vies. Sur ce point, je suis d'accord avec toi, je ne comprends toujours pas pourquoi vous m'avez sortie de là. Mais je t'interdis de me traiter de pute ! J'ai fait des conneries, beaucoup, mais j'ai jamais baisé pour de l'argent. Et tu viens de me rappeler pourquoi je préfère être seule. Je me bats depuis 3 ans pour maintenir un semblant d'estime de soi, maintenir la face devant les autres personnes que je croise, alors que j'ai le sentiment d'être la dernière des nuls. Donc pour toi, c'est peut-être rien qu'on pense que je me tape un fils de riche que je viens à peine de rencontrer, mais pour moi, c'est un mètre de plus au fond du trou de la honte !

Le silence. Le jeune homme ne dit rien, il encaissa sans broncher. Jason comprit qu'il avait peut-être dépassé les bornes. Lui aussi venait des bas fonds de Gotham, et il se souvenait bien de ce sentiment d'être jugé, de devoir faire au mieux pour ne pas montrer ses faiblesses, être infaillible, afin de ne pas être maltraité par les autres. Son changement de ton surprit la jeune femme qui s'attendait à une riposte fulgurante.

– Désolé... Je suis un peu impulsif comme mec ! J'agis avant de réfléchir... Et parfois je fais un peu de la merde !

– Seulement un peu...

Les bras croisés sur sa poitrine, elle regardait par la vitre passager, séchant ses larmes en reniflant.

– Un peu beaucoup, souvent... Bah, on me refera pas ! J'ai toujours été le vilain petit canard de la bande, parce que je sais pas la fermer et que j'aime pas qu'on vienne me faire chier !

Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant