– Je suis vraiment nulle...
Après de longues minutes de silence, Andréa finit par ouvrir la bouche, dans un soupir proche de jappement d'un chien blessé, qui serra le cœur de Kory. Les dons d'empathie de cette dernière lui permettaient de ressentir les émotions des autres avec une rare intensité. La gorge nouée par les sentiments qui la submergeaient, elle tourna un regard brillant d'humidité à la jeune femme.
– C'est terrible ! Comment peux-tu sincèrement avoir une telle opinion de toi-même, ma belle ? ! Quoi que tu aies fait, il n'est que très peu de chose qui ne peuvent être pardonnées ou réparées !
La tête d'Andréa roula mollement contre l'appuie-tête pour lui faire face. Le regard éteint, elle leva un sourcil dubitatif avant d'expirer bruyamment par le nez, plissant la peau entre ses deux sourcils comme si une douleur invisible venait d'irradier dans tout son être. Kory, a son tour, fut envahi d'effroi, un frisson glacé remontant dans son dos.
– Il... Tu ne l'as pas tué tout de même ? Il peut être casse-pieds mais...
Regardant de nouveau la ville qui défilait par la fenêtre, succession de néant de traînées lumineuses, la jeune femme murmura :
– Non... Pire !
Les freins crissèrent, faisant fuir les derniers rongeurs qui rôdaient courageusement sur le trottoir. D'un coup de volant brusque, Kory parqua la voiture maladroitement sur le bas-côté. Elle força sa passagère à la regarder, plantant ses yeux d'un vert irréel dans les siens et l'invitant à être plus claire. La jeune femme tenta de mettre de la distance entre elles, mais le dossier du siège rendit l'entreprise impossible, alors elle ouvrit la portière et se laissa tomber dehors.
Malheureusement pour Andréa, le froid et ses ecchymoses l'empêchaient de fuir à toute vitesse et Kory la rattrapa sans peine.
– Merde, Andréa ! Parle-moi ! Je suis ton amie. Tu peux me dire ce qui te met dans un tel état ?
Le corps agité par le froid et l'angoisse, Andréa planta les doigts dans ses cheveux en hurlant au beau milieu de la rue déserte.
– J'ai couché avec lui, Kory ! Putain... J'ai couché avec Jason, mais... Rah... Je suis vraiment pitoyable, une vraie merde...
La jeune femme en pleurs s'était accroupie contre un mur, cachant son visage rougeoyant contre ses genoux. Dans la bienveillance qui la caractérisait si bien, Kory attrapa ses mains et l'aida à se remettre debout avant de la prendre dans ses bras. Puis, la guidant vers la voiture, elle l'installa de nouveau sur le siège passager puis redémarra la voiture.
– On sera mieux au chaud, hein ? ! Et, ma belle, c'est pas grave d'avoir voulu partager un moment avec quelqu'un... Jason a son caractère mais il est pas trop mal non plus alors...
– Arrête ! Tu ne comprends pas, tu n'as rien compris au problème... Hurla-t-elle, exaspérée.
Kory sursauta face à la véhémence de sa voisine, qui semblait comme possédée. Visiblement, cet acte charnel portrait bien plus de sens pour elle qu'elle ne l'aurait imaginé.
– Quand j'ai débarqué au manoir, j'étais paumée... Jason, bien qu'il m'ait traité comme une paria au départ, s'est avéré être un de mes plus fidèles alliés dans votre univers. Nous étions devenus des amis... En tout cas il était mon ami... Lui ne me juge pas, ne me reproche pas d'être humaine, d'être faillible ! J'étais... J'étais simplement venue le remercier et lui rendre sa veste, et, je ne sais pas pourquoi, d'un coup, j'ai perdu les pédales... Je lui ai sauté dessus et... Bref, tu vois !
Kory l'écoutait, un fin sourire sur le visage, comprenant que la jeune femme était perdue dans ses émotions et ses sentiments, mais elle ne l'interrompit pas. Le barrage avait cédé, et il fallait laisser le torrent se déverser avant de voir ce qu'il restait à faire. Andréa continuait son monologue.
– J'ai tout gâché, Kory ! Maintenant, Jason va penser que je suis qu'une fille facile, une putain des bas quartiers comme il se l'était imaginé à notre rencontre... Mais je suis pas comme ça... D'habitude, je ne m'envoie pas en l'air avec le premier gars venu... Et en plus, demain, il va se réveiller seul... Roh, merde ! Le cliché de la meuf qui fuit dans la nuit... Je suis la reine pour tout foirer... J'ai perdu un ami, ma dignité et votre confiance à tous en moins de 24 heures... Je suis certaine que c'est un record.
Sur le chemin du retour, la tamaranienne aux yeux d'une grande compassion se contenta de poser une main rassurante sur celle d'Andréa. Le silence retomba sur l'habitacle, un silence plus léger et apaisant. La jeune femme avait avoué ce qui la rongeait et, ayant fait promettre à Kory de garder le secret, elle se laissa aller à vider son esprit.
Le lendemain matin, comme si de rien n'était, Andréa se dirigea vers la cuisine pour déjeuner. Elle avait pris soin de vérifier son téléphone, au cas où Jason aurait tenté de la joindre, demandé des explications, ce qui lui aurait donné l'occasion de s'excuser et de lui expliquer que tout cela n'était qu'une erreur due à son état de choc, tout en étant protégée par la distance que l'outil électronique offrait, mais rien. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce où certains des autres locataires se restaurant, elle affiche un air neutre et souriant, alors qu'à l'intérieur, ce silence radio la rongeait.
Gar et Conner discutaient avec Andréa de banalités : le meilleur jeu vidéo, son groupe favori ou encore si elle pensait qu'on pouvait apprendre à jouer d'un instrument simplement en regardant des vidéos Youtube, quand une voix la fit sursauter.
– Salut !
Alors que ses deux compagnons répondirent, elle resta muette, figée, le regard fixé sur son bol. Elle ne voulait pas se retourner car la jeune femme avait reconnu cette voix ; cette voix qui l'avait menacée, rassurée, sauvée et qui avait même résonné contre sa peau quelques heures plus tôt. Une ambiance étrange s'installa en un rien de temps, son absence de réaction étant des plus suspecte. Mais elle ne voulait pas ; non, elle ne pouvait pas affronter ses yeux tels des lames de rasoirs qui se plantaient dans son dos, attendant qu'elle se retourne pour la bombarder de questions muettes.
– J'ai demandé à Jason de se joindre à nous car j'ai du nouveau. Avec Tim et Rachel, nous avons du nouveau, et il est grand temps qu'on prenne de l'avance sur Cobblepot !
Andréa se mordit la lèvre inférieure pour contenir le soulagement qui menaçait de s'exprimer ouvertement lorsqu'elle entendit ses mots. "Sauvée par le gong", comme on disait. Depuis plusieurs jours, ils avaient pris soin de l'écarter de toute leur enquête, taisant d'une manière très maladroite, toute information sur cette affaire. Elle ne venait plus aux réunions des veilleurs, Bruce refusait qu'on la tienne informée de leurs indices et de leur enquête.
La jeune femme déposa son bol sur le plan de travail et se dirigea vers le petit salon qui menait vers sa chambre, prenant congé d'un pas naturel, sans jamais croiser le regard de Jason, qui la suivait à chacun de ses pas. Le claquement lourd et catégorique de la voix l'alter ego de Batman la stoppa net.
– Cela te concerne également, Andréa ! Allez, tout le monde à la Batcave, nous n'avons pas de temps à perdre !
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Navrée pour l'attente mais je suis en train de mettre ma maison en carton pour la vendre et déménager, donc je passe beaucoup de temps à préparer les visites, etc., après le boulot et je n'ai plus de temps pour écrire...
Je vous offre, tout de même, le début du chapitre 28 pour vous faire patienter ;)
XOXO
Yélie
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Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]
FanfictionŒuvre terminée, en cours de relecture finale "Pour vivre heureux, vivons cachés." Mais toute cachette finit un jour par être découverte... Andréa, 22 ans, chanteuse dans les bars des quartiers sombres de Gotham, se retrouve, malgré elle, embarquée d...