Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]

Chapitre 30 _ part 1

Ces deux journées étaient passées à toute vitesse. Au milieu de tous ces chamboulements, Andréa avait finalement trouvé un point d'ancrage. Ce concert tombait à pic. Même si le trac montrait à nouveau le bout de son nez, ce projet lui permit également de prendre la distance nécessaire à un nouveau départ.

Le poids de la Bratva maintenant parti, la jeune femme s'était consacrée à travailler sa musique et à aller en ville. Étrangement, sa garde de la veille à l'hôpital, bien qu'elle ait fini très tard (ou très tôt ? ) avait eu une tout autre saveur. Marcher seule, dans les rues sombres de Gotham city, en craignant simplement de se faire houspiller par un drogué en manque était vivifiant. Et ce soir, elle sortirait à nouveau, seule, sans escorte, pour rejoindre The Good Vibe.

Sur le chemin, elle chantonnait les airs de son répertoire, incapable d'ôter le sourire de ses lèvres. Dans sa poche une vibration répétée se diffusa doucement dans sa cuisse. La jeune femme saisit son téléphone et consulta ses messages. Ce dernier venait de Gar, mais il s'agissait en fait d'une vidéo de l'ensemble des veilleurs qui lui souhaitaient de passer une bonne soirée et de tout déchirer. Leur joie était communicative et amplifia le sentiment de bien-être d'Andréa.

Pourtant, cachée-là, au fond de son esprit, une petite bulle de tristesse demeurait. Deux personnes manquaient sur cette vidéo : Bruce, probablement occupé à gérer des affaires de héros ou de chef d'entreprise, et Jason. Ces deux derniers jours, elle lui avait envoyé quelques messages d'une banalité affligeante pour tenter de relancer le dialogue. Mais tous étaient restés sans réponse. Ce qu'elle qualifiait comme "son erreur" resterait probablement à jamais un regret, celui d'avoir gâché une relation aussi complexe que transcendante. Mais elle devait aller de l'avant.

La jeune artiste d'un soir prit une profonde inspiration, puis expira lentement avant de passer les portes propres et fraîchement lettrées du bar. À l'intérieur, ce dernier n'avait rien à voir avec le Satellite. L'espace était aéré, les tables suffisamment espacées pour permettre à chacun d'avoir son intimité. La lumière colorée et tamisée donnait à l'endroit une atmosphère chaleureuse et réconfortante que les banquettes en cuir pourpre venaient amplifier. Andréa se perdit quelques instants dans la contemplation du plafond et des murs, propres, nets et accueillants.

– Bonsoir Mademoiselle Mont-Revère ! Prête pour les balances ?

La jeune femme sursauta, faisant chavirer sa perruque platine. En face d'elle se trouvait un homme d'une trentaine d'années très maniéré et qui assumait ouvertement son homosexualité. En effet, il possédait ce bar avec son mari Jared, chargé de la paperasse et des échanges officiels. Lui, qui venait de se présenter comme Soubri, s'occupait de la programmation et de la communication.

Une fois un rapide tour du propriétaire effectué, il l'invita à monter sur scène et à faire sa balance. La jeune femme ferait la première partie d'un groupe de pop acoustique qui commençait à avoir une petite notoriété dans la région. Ces derniers avaient fait leurs réglages plus tôt dans l'après-midi, et c'était maintenant à son tour.

Un peu perdue, elle était sur le plateau sans trop savoir quoi faire. L'ingénieur du son, scotché derrière sa console, la dévisageait. Ce fut alors qu'elle croisa enfin le regard de Soubri qui était parti quelques instants dans l'arrière-salle. Ce dernier, sensible à sa détresse, intervint et lui expliqua qu'elle devait simplement chanter et dire à l'homme au regard perçant en face d'elle si elle s'entendait correctement ou pas. Bien que cela ne fût pas son premier concert, la jeune femme n'avait jamais eu le luxe de telles installations au paravent.

Quinze minutes plus tard, Andréa attendait dans les loges que le concert commence quand on frappa à la porte. Soubri pointa le bout de son nez et entama la discussion. Il se questionnait sur le pourquoi de la perruque ; était-ce une tenue de scène ? Un accessoire esthétique pour raison médicale ? Ou simplement un moyen de se cacher derrière le visage d'une autre ?