Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]

Chapitre 28 _ part 2

[Rappel chapitre précédent]

La jeune femme déposa son bol sur le plan de travail et se dirigea vers le petit salon qui menait vers sa chambre, prenant congé d'un pas naturel, sans jamais croiser le regard de Jason, qui la suivait à chacun de ses pas. Le claquement lourd et catégorique de la voix l'alter ego de Batman la stoppa net.

– Cela te concerne également, Andréa ! Allez, tout le monde à la Batcave, nous n'avons pas de temps à perdre !

***********************************************************************

La jeune infirmière avait pris soin de prendre un ascenseur presque plein, où Jason ne se trouvait pas, pour rejoindre le bunker souterrain. Bruce et Tim discutaient en attendant les autres, mais elle ne discernait aucun mot. Le vacarme de son cœur résonnait dans ses tempes, repoussant tous les sons qui tentaient d'atteindre son cerveau. Des ombres passaient autour d'elle, ballet flou d'ondes colorées alors que son esprit tentait de faire le vide.

Que pouvait-il bien penser d'elle ? Qu'allait-il se passer si, ou plutôt quand, elle croiserait son regard ? Elle se voyait des semaines en arrière, lorsqu'elle redoutait de croiser le jeune homme dans les couloirs, de peur d'être la victime d'une pique cinglante. Mais elle devait faire face. Déglutissant profondément, la jeune femme prit une grande inspiration, les paupières closes, pour se purifier de son stress et affronter ses angoisses quand une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter.

– Andréa ? ! Tu vas bien ? Chuchota Kory qui venait de se placer à ses côtés. Ça fait au moins trois fois que je t'appelle...

De nouveau tendue comme la corde d'un arc, Andréa hocha la tête, alors que ses yeux criaient "au secours". Koryn'dr passa une main réconfortante autour de son épaule, l'attirant dans une discrète étreinte pour la rassurer. La tamaranienne avait bien compris la source du malaise de son amie et comptait bien faire de son mieux pour apaiser la situation.

– Tu sais, Jason n'est peut-être pas fâché ! Vous devriez crever l'abcès après cette réunion ! Et si ça se trouve, il a déjà tourné la page, tu sais, il ne s'encombre pas toujours de chichis le garçon. Ajouta-t-elle dans un murmure souriant.

Une petite étincelle d'espoir venait de s'allumer au cœur d'Andréa qui esquissa un doux sourire à sa voisine. Comme poussée par un mouvement invisible, sous le regard attentif de Kory, la jeune femme tourna la tête pour trouver Jason. Il allait passer à sa hauteur dans quelques instants.

L'instant venu, elle lui sourit, les yeux pleins d'étincelles, mais ce dernier l'ignora ouvertement, sous les regards médusés de l'assemblée. Ravalant sa honte et son malaise du mieux qu'elle pouvait, Andréa fit un pas en arrière. L'œil circonspect et amusé, Bruce sauva la jeune femme du gouffre virtuel qui menaçait de s'ouvrir sous ses pieds.

– Les nouvelles ne sont pas bonnes ! En tout cas, pas pour tout le monde...

Dick serra les poings, inquiet de voir son mentor si préoccupé. D'un simple regard, chacune des personnes présentes confirma à Batman qu'ils étaient pendus à ses lèvres et prêts à agir en conséquence des révélations futures.

– La fameuse livraison que nous avions repérée et prévue de mettre en embuscade avant-hier n'était qu'un leurre, et nous sommes tombés dans le panneau ! Abaissant violemment son poing blanchi par la colère sur la table, l'homme aux cheveux grisonnant marqua une pause avant de reprendre. Tout ce subterfuge avait pour seul but de nous éloigner de la maison et, donc, de leur laisser le champ libre pour trouver Andréa ! Visiblement, le Pingouin a vu grand cette fois et envisage de s'exporter à l'internationale...

– La Bratva ! Râla Andréa, un goût de bile lui chatouillant le fond de la gorge.

Bruce hocha la tête. L'instant d'après, Tim souleva une pelletée de questions telles que "pourquoi ?", "Comment l'avait-il découvert ?", et surtout, "comment pouvaient-ils être certains qu'Andréa serait dehors, accessible, et sans protection, pile au bon moment ?" D'une main ferme mais amicale, Conner calma son voisin qui ne tenait plus en place sous l'ébullition de son cerveau en quête de réponses.