Chapitre 18 _ part 2

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Andréa remonta du garage, suivi de près par Garfield qui restait légèrement en retrait, le regard perdu vers le sol. A peine eut-elle pénétré dans le salon que les habitants qui étaient en repos dans cette pièce lui sautèrent dessus. Visiblement, la tache de sang, maintenant sèche, et son regard éteint leur avait fait craindre le pire.

– Ce n'est pas mon sang... Dit l'étudiante d'un ton monocorde.

– Il vient d'où ? Vous avez été attaqués ? S'inquiéta Rachel.

Mais Conner la rassura rapidement. Garfield, bien que muet, ne présentait aucune trace de sang sur ses vêtements, il était donc peu probable qu'une altercation musclée ait eu lieu.

– C'est... celui d'une patiente. Ne vous en faîtes pas !

La jeune femme fit mine de se diriger vers sa chambre quand une masse sombre, vapeur opaque, presque vivante, obstrua l'encadrement de la porte.

– Hey ! On est une famille ici, indiqua Rachel, les mains ondulant devant-elle alors qu'elle donnait forme à son pouvoir, alors hors de question que tu fuis dans ta chambre dans cet état ! Parle-nous Andréa !

Tim tapota un fauteuil Chesterfield vide, et, sous le regard suppliant des autres personnes présentes, elle finit par céder. Recroquevillée sur elle-même sur le cuir parfumé et moelleux, elle se plantait machinalement les ongles dans la paume de la main, comme pour se rappeler qu'elle était encore vivante, du moins pour le moment.

– J'en sais pas plus que vous ! Lâcha Garfield qui daignait enfin prendre la parole. Je sais juste qu'avant de finir son service, elle accompagnait une intervention chargée d'hémoglobine... Et qu'on est visiblement les méchants à ses yeux maintenant...

– C'est pas ça ! Soupira-t-elle, agacée. Je... C'est compliqué, OK ?! Ça fait trop à gérer pour moi ! Je... Je suis pas faite pour cette vie-là, je... pffffffff !

Elle se jeta en arrière, les mains plantées dans ses mèches désordonnées, alors que des larmes coulaient de ses yeux contre sa volonté.

– Vous n'avez peur de rien, vous... Vous êtes capables de tolérer les dégâts collatéraux si la finalité est de protéger le plus grand nombre. Mais moi, j'arrive pas à dormir avec ça ! Vous voulez savoir ce qui s'est passé ce soir ? En plus des traditionnelles agressions à l'arme blanche, coups de battes et enfants qui se sont pris une porte, on a fini sur cette pauvre femme. Un homme braquait une épicerie dans le quartier sud-ouest. Jusque-là, rien de bien surprenant pour Gotham, hein... Mais un jeune garçon d'environ quinze ans a voulu intervenir. Il semblerait qu'il ait déclaré "je ferai honneur à Batman et ses acolytes, je protégerai cette ville, moi aussi !". Le gosse a sorti une arme, une arme putain ! Et il a voulu tirer direct sur le voleur. Sauf qu'on ne s'improvise pas tireur d'élite ! Le gamin a raté sa cible, et c'est cette pauvre femme qui est passée à deux doigts de la mort à cause d'une balle dans l'abdomen, et ce pauvre gosse qui va devoir vivre toute sa vie en pensant qu'il a tiré sur une innocente...

Tous la regardaient avec un regard aussi contrit que honteux. Les jeunes veilleurs n'avaient jamais pris le temps de réfléchir à l'impact de leurs actions, de leur image, sur les autres habitants de Gotham. Pourtant, Tim lui-même, il n'y avait pas si longtemps que ça, était de ceux-là. Un jeune homme des zones les plus oubliées de la ville qui rêvait de devenir le futur Robin. Lui y était parvenu, mais combien d'autres, inaptes à la tâche, nourrissaient le même rêve, là, dehors ?!

– Je... désolée, je suis à cran ! Je vais aller me doucher et me coucher si ça vous gêne pas...

La jeune femme aux yeux verrons encore brillants d'émotion fit route vers sa chambre talonnée par Garfield qui ne comptait pas la laisser seule dans cet état. Une fois seule dans le couloir, loin des yeux indiscrets, elle s'immobilisa.

Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant