Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]

Chapitre 23

Le lendemain matin, la jeune femme avait un teint rayonnant malgré de lourds cernes sous ses yeux verrons. Dans la cuisine, elle s'enfila un verre de jus d'orange d'une traite avant d'engloutir deux tartines beurre-confiture.

– Faut que je vous montre mon enregistrement d'hier ! Clama-t-elle soudain, sous les yeux encore lourds et vitreux des autres résidents, qui étaient rentrés de patrouille tôt le matin.

Elle n'attendit aucune réponse, quittant la pièce en sautillant comme un petit cabri sous LSD. Certains terminèrent rapidement leurs repas, quand d'autres décidèrent de le transporter mollement dans "le studio d'Andréa". Les jambes de la jeune femme, assise devant l'ordinateur dernier cri acheté par Bruce, ne tenaient plus en place, et Rachel ne pouvait supporter tant d'énergie et d'excitation de bon matin. Elle posa une main ferme sur la cuisse de son amie pour lui intimer de contrôler son corps.

Andréa lança un fichier intitulé "Fly Me To The Moon_multi_test1.avi". Moins d'une seconde après, des notes de piano résonnaient dans la pièce et, à l'écran, deux "Andréa" apparurent, l'une derrière le piano de cristal, l'autre derrière un micro. La qualité de l'enregistrement était surprenante, les héros avaient l'impression d'assister à un show live. A la fin de la vidéo, la jeune musicienne se tourna vers eux, tout sourire, demandant silencieusement leur avis.

Une salve d'applaudissements lui répondit, et le rouge lui monta aux joues. Chacun y allait de son compliment : une jolie voix, un ensemble enivrant, une prestation captivante... Seul Tim osa, très timidement, noter que la vidéo manquait de rythme et qu'elle n'était pas tout à fait calée avec la voix. Il lui proposa donc de s'en occuper. Les autres quittèrent la pièce, laissant les deux jeunes gens ensemble derrière le clavier, pour peaufiner le travail que la jeune femme n'avait pas réussi à lâcher avant une heure du matin.

De retour dans la cuisine, les héros sentirent leur téléphone vibrer. Bruce les convia "rapidement" au sous-sol pour le briefing du jour, stipulant qu'Andréa n'était pas attendue. En langage Batman, cela signifiait qu'ils devraient déjà s'être téléportés en bas, et qu'Andréa ne devait, sous aucun prétexte, prendre part à cette réunion. Tim avait répondu qu'il arrivait, et Dick décida de l'attendre, afin d'intercepter la jeune femme si elle comptait se joindre à la fête. Mais, fort heureusement, elle était bien trop passionnée par son nouvel espace et toutes les possibilités qu'il lui offrait pour se soucier d'une réunion de super-héros.

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– Il va falloir être coordonnée lors de notre intervention du week-end ! Proclama Bruce. Mais le soupir qui suivit ne laissait aucun doute quant à ceux de l'alter-ego de Batman. Si, sur certaines missions passées, il avait montré de l'assurance et de la confiance, il n'en était rien en cet instant. Mais tout le monde se garda bien de le souligner ; ils travaillaient ensemble depuis assez longtemps pour se comprendre dans le mutisme.

Tim affiche à l'écran un plan quadrillé de la ville. Des carrés rouges apparaissaient, çà et là, sur des rues ou des croisements. Ces zones correspondaient aux lieux les plus probables de passage de la cargaison. Comme il s'agissait d'une livraison "officielle", il était peu probable que les livreurs empruntent des rues détournées ou des passages secrets ; le transport se ferait probablement sur les grands axes, jusqu'à l'entrepôt indiqué par l'adresse. C'était le lieu de ronde de Dick et Garfield deux jours plus tôt, et, bien entendu, il était vide ; aucune trace du Pingouin ou de ses hommes.

Tous s'accordèrent sur le fait qu'il s'agissait d'une couverture ; une étape dans leur plan pour mettre la main sur tous ces anxiolytiques. Ils feraient probablement livrer cela à cette adresse, et des transporteurs moins scrupuleux et moins officiels viendraient ensuite la transférer jusqu'à leur QG ou leur laboratoire de production. Les héros avaient donc prévu d'infiltrer le camion de livraison pour certains, de le suivre pour d'autres, et, une fois à l'entrepôt, de se faire "transporter" jusqu'au repère du Pingouin.