Why did you bring a shotgun to the party? [Tome 1]

Chapitre 15 _ part 2

Après une dizaine de minutes de folie dans les rues, et un détour de près d'une demi-heure, le bolide se gara enfin dans un des garages du manoir Wayne. Quand Andréa et Jason pénétrèrent dans le salon, ils étaient attendus de pied ferme par une partie de l'équipe, dont Gar et Rachel.

– Et bien vous en avez mis du temps ! Remarqua Rachel.

Jason leur expliqua que les Russes avaient montré le bout de leur nez et, ne souhaitant pas exterminer leur meilleure chance de remonter la piste de Cobblepot, ni de les mener jusqu'à leur QG, il avait opté pour une fuite à la Red Hood dans les rues de la ville. Andréa restait en retrait, une boule de coton gris entre les mains. A la fin du récit du jeune héros, Gar se leva d'un bond et s'approcha de la jeune femme.

– Mince ! Tu vas bien ? Tu tiens le choc ?

Elle hocha timidement la tête, incapable de le regarder dans les yeux, ce qui ne fit qu'accroître l'angoisse que ressentait le jeune homme aux cheveux verts. Mais tout le monde tourna vite la tête vers Jason, assis sur le rebord d'une table, qui ricanait tout seul.

– Pas sûr qu'elle te dise la vérité, mon pote ! La p'tite a du mal avec les sensations fortes... elle a gerbé ses tripes en pleine fuite. Et, je n'avais QUE ton T-shirt sous la main pour qu'elle s'essuie avant d'avoir le droit de remonter dans ma caisse.

Le visage d'Andréa était tellement rouge que sa peau la brûlait. N'ayant aucun argument pour se défendre, elle se mordait l'intérieur de la joue. Jason avait dit vrai, et n'avait absolument pas enjolivé la réalité. Et son absence de réaction, elle qui n'avait jamais hésité à confronter le fils rebelle de Bruce Wayne, confirma aux trois autres personnes présentes que ces propos étaient véridiques. Le silence devenait pesant. Finalement, elle le rompit, marmonnant d'une voix timide :

– Je... je t'en rachèterai un... Désolée.

Gar fut ému de sa sollicitude et, constatant qu'elle fixait toujours ses pieds, finit par s'accroupir avec son air enjoué habituel.

– Hey, on s'en fout du T-shirt, j'irai m'en racheter un moi-même ! Je demanderai au big boss un peu d'argent de poche !

Et il indiqua Bruce d'un geste de pouce, assis avec classe dans un sublime fauteuil Chesterfield en cuir de vachette marron. Le sourire revenait sur le visage de la jeune femme, soulagée que le seul vrai ami qu'elle pensait avoir dans cette maison ne la rejette pas pour cause de "vomi sur effets personnels". Mais son apaisement n'allait être que de courte durée. Bruce s'était levé, planté à quelques mètres d'elle, ses yeux détaillant sa silhouette d'un air contrarié.

– Il y a plus urgent que de passer une nouvelle commande de T-shirt pour monsieur Logan, jeune fille.

Un long silence pesa sur la pièce, les trois autres héros perplexes face à l'attitude mystérieuse de leur mentor. Ce dernier conclut :

– Meeting au sous-sol ! Maintenant ! J'appelle les autres !

Puis, il quitta la pièce sans autre considération pour ses occupants. Avant de disparaître dans l'encadrement de la porte, il se tourna une dernière fois vers eux.

– Toi également Mademoiselle Mont-Revère !

Elle était perdue. Pourquoi avaient-ils tous l'air si surpris qu'elle soit convoquée au sous-sol ? Était-ce le lieu des réunions de super héros ? Auquel cas, pourquoi la conviait-on ? Elle ne voulait pas devenir une héroïne, simplement avoir une chance de voir ses 23 ans arriver... Garfield, Rachel et Jason échangeaient toujours des regards plein de sens, une conversation muette visiblement riche en questionnements et en hypothèses. Andréa n'était pas dupe. Elle ne parlait peut-être pas leur langage, mais elle voyait bien que quelque chose d'anormal, de surprenant venait de se produire. Elle angoissait déjà pour la suite. Sans dire mot, murés dans le silence, Jason et Gar ouvrirent la marche, suivis par la petite Rachel. Arrivée au niveau de la nouvelle, elle s'immobilisa un court instant pour l'inviter à les suivre. Tels des automates silencieux, ils firent route jusqu'à une des nombreuses bibliothèques ornant les murs du manoir. Derrière un cadre photo fixé à l'étagère, que seule une empreinte digitale homologuée pouvait décrocher, un capteur optique. Jason se plaça en face et un rayon bleuté parcourut son visage de haut en bas. S'en suivit un bip rassurant ainsi qu'une lumière verte et la bibliothèque se désolidarisa du mur, ouvrant sur une cage d'ascenseur.