Septembre (3)

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Les cours ont pris leur rythme normal. L'emploi du temps n'est pas tendre. Nous sommes là pour bosser, surtout avec le bac à la fin de l'année. En classe, je suis toujours assis avec Fabien et Sébastien, rien n'a changé malgré mes médiocres performances lors de l'entraînement. Il faudrait peut-être que je parle aussi aux autres, mais je ne peux pas tout faire d'un coup. Pour moi, c'est déjà une belle prouesse que de m'être fait deux potes dès la rentrée, c'est plus que je n'ai jamais eu. Par contre, en cours de physique-chimie le prof annonce un truc qui ne me plaît pas du tout. Il faut former des binômes, sinon il n'y aura pas assez de paillasses pour réaliser les expériences. Évidemment, chacun trouve rapidement son partenaire, sauf moi. Sébastien et Fabien se sont mis ensemble, c'est logique, et là ils ne peuvent pas m'intégrer. Il va falloir que j'attende, nous sommes un nombre pair, je vais donc forcément me retrouver avec quelqu'un. À cet instant, je revis les cours de sport, quand il fallait former des équipes et que personne ne me choisissait, sauf à la fin, quand il ne restait plus que moi et cette fille un peu trop grosse par rapport à la « norme ». Je sais bien qu'à l'époque, s'ils avaient pu nous laisser de côté, ils l'auraient fait. Dans le brouhaha créé par l'annonce du professeur, un camarade de classe s'approche de moi :

– On fait équipe ?

Je suis surpris. Ce mec, je l'ai repéré dès le premier jour. Si Sébastien et Fabien sont beaux, lui est absolument parfait. Enfin, il a quelque chose en plus, d'indéfinissable, qui le rend extrêmement sexy. Je ne vois pas comment je pourrais refuser la proposition.

– Irénée.

– Enchanté, Mathieu.

Ma réponse est niaise, mais je suis soudain très stressé. Surtout qu'en voyant Irénée s'approcher de moi et me proposer de partager une paillasse, il y a eu des échanges de regards et des murmures. Je ne sais pas ce que les autres ont, mais on dirait bien qu'il s'agit d'un mini-événement.

Ne t'occupe pas d'eux. En tant que nouveau, tu es forcément le centre de toutes les attentions. Ça passera.

Cette heure de cours défile très rapidement. Je ne sais pas vraiment comment me comporter alors que je suis assis à côté du plus beau mec que j'ai jamais vu. Bien sûr, il n'y a rien à faire, pas de conversation à tenir, puisque nous sommes en cours. Je me sens quand même très mal à l'aise. Il a fait un pas vers moi, je voudrais me montrer à la hauteur, mais je suis tellement moins canon que lui...


Le reste de la journée passe à une vitesse folle. Je suis pris dans une sorte de tourbillon. Il y a les heures de classe, bien sûr, mais aussi, entre, un début de vie sociale pour moi. Je n'ai même plus une minute pour me mettre dans mon coin, m'isoler et réfléchir. Je ne suis plus seul, je suis intégré à la classe ! Enfin, je dois encore faire mes preuves, tout ceci est très fragile. Je suis dans la phase d'observation, les autres sont en train de former un jugement sur mon compte. Je ne dois pas faire d'erreur. Le problème, c'est que je ne sais pas exactement comment me comporter pour, justement, ne pas commettre d'erreur.

– Tu viens au café avec nous ?

Sébastien semble de meilleure humeur qu'hier soir. Je le suis, ainsi que le reste de son groupe, jusqu'à un café, très clairement le repère des lycéens. Ici, tout semble codifié, Sébastien et son groupe ont leur place attitrée.

– Petit tour d'horizon. Là tu as la table des intellos, avec Jérémy comme chef de file. Là ce sont les bizarroïdes, ils aiment Satan ou un truc du genre, toujours habillés en noir. Les filles cools, pas loin les filles coincées. Le groupe des mecs qui n'aiment rien mais qui ne sont pas intellos non plus. Et tous ceux que tu ne vois pas sont des asociaux complets.

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant