Mathieu

Janvier (3)

Ce samedi après-midi, je suis stressé. J'entre concrètement dans mon rôle d'administrateur de l'équipe de natation. Nous avons totalement privatisé la piscine, pour pouvoir procéder aux sélections des nouveaux membres. Il y a eu près cinquante inscrits ! Je n'en reviens toujours pas qu'autant de monde veuille faire partie de l'équipe. Certes, ils ont déjà remporté beaucoup de prix, mais il y a tellement d'autres équipes à Paris... Bref, cela fait de l'animation et c'est à moi de gérer le bon déroulement des épreuves. Tous les membres actuels de l'équipe sont présents, même Irénée qui normalement ne participe à rien avec le groupe !

– Tu t'en sors, Mathieu ?

– Oui, enfin je crois.

– Je reste à côté de toi, tout va bien se passer.

La présence d'Irénée devrait me rassurer, mais là, pour le coup, je suis quand même encore stressé. Sébastien et les autres sont en place. Moi, ordinateur portable sur les genoux, dans les gradins, je vais appeler les premiers prétendants pour l'épreuve initiale, qui consiste à nager plusieurs longueurs en enchaînant les styles : brasse, crawl, papillon...

– Pas trop déconcentré ?

Irénée arrive à me faire sourire. C'est vrai que je devrais profiter un peu du spectacle. Tous ces mecs en maillot de bain, avec des corps magnifiques, si j'étais juste spectateur ce serait un véritable paradis pour mes yeux.

– Si ça ne tenait qu'à moi, je les recruterais tous.

– Pareil, ils sont absolument parfaits.

Intéressante la technique de mon petit copain. Au lieu de se montrer jaloux, il va dans mon sens et bave sur ces corps splendides. Ce qui a pour effet de susciter la jalousie... en moi !

– Bon, arrête de les mater.

– Je suis obligé de les regarder, Mathieu, je fais partie du jury comme tous les autres membres de l'équipe. Comment s'appelle le numéro six ?

– T'as vu aussi.

– Difficile de ne pas remarquer la bosse. Son Speedo va exploser.

– Tu crois qu'il...

– Non, c'est au repos. Elle doit être impressionnante.

J'espère qu'il ne fait ces remarques que pour me changer les idées, me déstresser, et pas parce qu'il est en train de fantasmer sur cet énorme bulge. Sébastien, lui, n'est pas du tout déstabilisé. Un coup de sifflet et il lance la première épreuve. On se croirait dans une vraie compétition, avec beaucoup de juges.

Sur leur smartphone, chacun des membres de l'équipe a téléchargé une application permettant de noter les différents participants, sur une échelle de un à dix. Après chaque épreuve, ils donnent leurs notes qui remontent dans le logiciel que j'ai sur l'ordinateur portable. Ainsi, je collecte tous les résultats, sans rien avoir à faire. Enfin, je dois juste vérifier que l'ensemble des données remonte bien dans la machine. Au fil des épreuves, je vois le classement se modifier. Cette année, il n'y a que cinq places disponibles et donc, ce seront les cinq premiers du classement qui seront pris. Pour la petite histoire, le mec à la grosse bosse reste en permanence en tête du classement. Parce que c'est un très bon nageur, évidemment...

– Jérémy est à la traîne.

– Il est courageux, je trouve.

– Quoi ?

– Regarde son physique. Il dénote complètement par rapport à tous ces types hyper musclés, bien bâtis, aux torses puissants, aux bras...

– C'est bon, j'ai compris.