Janvier (4)

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Nous sommes tous les quatre dans l'appartement d'Irénée, à attendre impatiemment la personne que j'ai appelé au secours.

– Je suis désolé, Sébastien.

– Pourquoi t'es désolé pour moi ?

– J'ai permis à Jérémy d'avoir un moyen de pression pour intégrer l'équipe.

– Écoute, Mathieu, on va trouver une solution. Mais ce qui est sûr c'est que jamais je ne céderai à la pression d'un chantage de merde. On ne va pas accepter ce petit con dans l'équipe, ce serait de la folie. Il n'est capable de rien en natation, il ne servirait à rien, je ne sais même pas pourquoi il insiste.

– Tu le sais très bien, Seb.

– J'en ai rien à foutre de son délire de psychopathe. Son frangin a sombré dans la drogue, c'est son problème. Moi je devais sauvegarder l'équipe. Tu crois que ça m'a fait plaisir de virer le meilleur élément du groupe ?

– Fabien m'a dit que c'était ta première décision quand tu es devenu capitaine de l'équipe.

– Et j'aurais préféré ne pas avoir, à peine arrivé au poste de capitaine, à me séparer d'un super nageur.

– Tout le monde te soutenait.

– Je sais, Rénou, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir mauvaise conscience.

– Tu devais t'en débarrasser, il s'est lui-même mis dans le pétrin en se dopant avant une compétition. Et puis, on a tous essayé de le soutenir, de lui venir en aide, rien n'y a fait, on a pas pu empêcher le drame.

– Et maintenant son taré de frère qui imagine pouvoir prendre sa place. C'est débile, il a un corps de crevette, il ferait mieux de briller dans un autre domaine.

– Il essaie d'attirer l'attention de ses parents.

– T'es en train de l'excuser, Rénou ?

– Non, Mathieu, il s'attaque à toi, il s'est donc fait au moins trois ennemis et on ne baissera pas les bras jusqu'à ce qu'il reçoive la punition qu'il mérite. Sans aller jusqu'à le tabasser, évidemment, on n'est pas des sauvages.

– J'aurais dû faire plus attention.

On sonne à la porte, elle a fait vite ! Rien que de savoir que Valentine arrive, je me sens déjà un peu mieux.

– Salut les hommes ! Bon, alors, ça avait l'air grave.

– Merci d'être venue, je suis désolé de te déranger comme ça, tard le soir.

– C'est bon, j'ai entendu le ton de ta voix au téléphone, on dirait bien que c'est dramatique. Expliquez-moi.

Je n'ai pas la force de lui détailler ce qui vient d'arriver. C'est Fabien qui va expliquer la situation. Finalement, dans ce contexte, c'est lui le plus calme, en apparence.

– C'est vraiment une raclure ce type. Je savais qu'il était con, mais à ce point !

– Il s'agit d'informatique, enfin à peu près, donc j'ai pensé à toi.

– Tu as bien fait. Je peux me connecter au réseau ?

– Bien sûr.

– Irénée, j'espère que t'as la fibre.

– Euh, oui.


Valentine est venue avec son ordinateur. Au téléphone je lui ai juste dit que c'était un problème lié à l'informatique, donc elle a pris son matériel. Elle est géniale ! Et moi je suis hyper stressé, je ne sais pas comment j'arrive à tenir. J'ai envie de hurler, j'ai peur, je transpire, je tremble, j'ai envie de pleurer...

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant