Mai (1)

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Le lendemain, le réveil est brutal, surtout pour un dimanche. Hier a quand même été une grosse journée, de voyage, d'entraînements... Et même si moi je ne m'entraîne pas, que je ne fais que regarder, c'est fatigant ! Je ne sais pas comment font les autres pour être en pleine forme dès l'aube. À la table du petit déjeuner de l'hôtel, les discussions vont bon train, ils ont tous la pêche, moi je suis encore à moitié endormi. En réalité je sais parfaitement ce qui leur permet un tel dynamisme, c'est toute une hygiène de vie. Certes, moi aussi je fais beaucoup de sport, mais je ne porte aucune attention à ce que je mange. Il faudrait que j'apprenne. Les autres membres de l'équipe savent parfaitement équilibrer les apports en calories par rapport à ce qu'ils dépensent. Moi je bouffe n'importe quoi et cela a une énorme influence sur l'énergie. J'en ai la preuve en direct puisque moi je me traîne et eux sont prêts pour la compétition.

– Tout va bien mon petit Mathieu ?

De retour dans la chambre, avec Irénée, on se prépare pour se rendre à la piscine.

– Oui, j'ai assez mal dormi.

– À cause d'hier soir ?

– Je suis un peu déçu par ma... non-performance.

– C'était bien.

– J'ai été totalement nul.

– Pour une première fois, ce n'était pas si mal.

Il essaie de positiver, mais je trouve que cela ne fonctionne pas très bien. Il s'avance vers moi et me prend dans ses bras, voilà ce qui marche à tous les coups !

– Ne t'en fais pas, vraiment. Tu vois, c'est la différence entre une relation durable et un coup d'un soir.

« Relation durable », il n'a pas envie de dire couple. Je ne peux pas vraiment le juger, je ne sais pas si moi je suis prêt à utiliser ce terme.

– On peut se louper de temps en temps, ça n'a aucune conséquence, ce sera super la prochaine fois. Avec un plan, évidemment, si tu te rates bah tu ne revois plus jamais le mec. Là, ça ne risque pas d'arriver.

C'est en fait lui qui devrait m'en vouloir, puisqu'il n'a pas pris de plaisir, je n'ai pas su le lui offrir.

– Merci.

– Allez, ne te traumatise pas.

Nous rejoignons les autres pour, en bus, aller à la piscine. Il y a pas mal de monde dans les gradins. Les gens aiment bien ce genre de compétition. Avant, je n'aurais jamais pensé à aller voir des nageurs. Mais c'est vrai qu'il y a difficilement plus agréable comme sport : observer des mecs bien foutus, en Speedo, utiliser leurs beaux muscles pour nager...


Je me rends dans les toilettes puisque, comme à chaque fois, nous commençons par le contrôle antidopage. Donc il faut regarder des mecs remplir un gobelet, ce qui en fait n'est pas désagréable non plus. Ils pourraient le faire face à nous, pour que je puisse admirer tous les zizis. Mais nous ne sommes pas dans un film porno, dans le monde réel il faut laisser un peu d'intimité aux gens, leur seul objectif dans la vie n'est pas de s'exhiber. Cette fois-ci, tout le monde passe les tests sans aucun problème, la compétition peut commencer. Je viens m'asseoir avec Fabien dans les gradins.

– Pas trop dur de juste regarder ?

– Non, même si c'est une petite vengeance de la part de Sébastien, je ne lui en veux même pas.

– Quoi ?

– Bah oui, normalement je n'aurais pas dû être présent, vu que je ne participe pas. Mais il a insisté pour que je vienne, que je regarde, que j'apprenne ma leçon. Et toi ? T'as pas l'air en forme.

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant