Février (3)

280 25 4
                                    

Les vacances d'hiver ont commencé. Je ne suis pas mécontent de pouvoir faire une pause. Beaucoup trop d'événements se sont succédé ces derniers temps, il faut que je puisse faire le point, et surtout me reposer. Enfin, même quand les cours sont suspendus j'ai énormément de choses à faire, le programme est bien chargé. Le matin, dès sept heures, je rejoins Sébastien pour qu'on fasse notre footing. Au début j'étais contre cette idée, puisque cela implique de se lever très tôt et de courir dans le froid. Mais finalement, cette étape me fait du bien, il a eu raison d'insister. Ensuite, pour le reste de la journée je me sens plus apaisé, plus serein, presque zen. Et toutes ces sensations sont plutôt agréables. Ensuite, je bosse mes cours, parce que quand même, il y a une grosse échéance qui approche. Après le repas, je me dirige vers la piscine, pour rejoindre Fabien. Notre entraînement dure deux heures, même si nous ne sommes vraiment dans l'eau que pendant quarante-cinq minutes. Le reste du temps, on discute ! Et après une sieste, parce que les vacances sont faites pour se reposer, une sorte de deuxième journée commence quand je me rends chez Irénée.

On débute par les choses sérieuses, on bosse ensemble les devoirs que les professeurs ont donné, et ils se sont déchaînés.

– Sans toi, je n'y arriverais pas.

– Bien sûr que si, Rénou.

– Non, quand t'es là j'arrive à mieux me concentrer et au moins, si j'ai une question, tu sais toujours y répondre.

Eh oui, étonnamment, quand on décide de bosser les cours, on ne fait que ça. Nous arrivons à rester focalisés sur les devoirs. Bien sûr, la tentation est grande de tout arrêter, de se coller l'un à l'autre, de s'embrasser... Mais nous savons que ça, c'est la suite du programme, que c'est la récompense, et c'est certainement ce qui nous permet d'être aussi sérieux : on sait que la suite le sera moins.

– Comment tu te sens ?

– J'ai l'impression d'y penser en permanence. Savoir qu'on a fait une vidéo de moi, qu'elle a failli fuiter. Je n'arrête pas de ruminer, de penser à toutes les conséquences que ça aurait pu avoir.

– Tout s'est bien terminé.

– Je sais, mais moi j'ai eu de la chance. J'ai fouillé un peu, il y a quand même pas mal de jeunes qui se font avoir, qui sont victimes de ce type de chantage. Et ils n'ont personne à qui parler, pas d'amis pour les aider.

– Ceux qui piègent des ados de cette façon ont l'intelligence du mal. Ils savent qui ils ciblent.

– Comment ça ?

– Dans ton cas, c'est un pote de lycée qui t'as pris au piège pour obtenir quelque chose en échange. Pas de l'argent, mais une sorte de faveur. Dans la plupart des cas, ce sont des adultes qui filment et qui, en échange, veulent une rançon, c'est totalement différent.

– À se demander pourquoi on se montre encore en cam, tout le monde devrait arrêter.

– Pourquoi tu l'as fait, toi ?

Je baisse les yeux.

– J'étais très excité.

– Quand c'est l'entrejambe qui parle, il faut beaucoup de volonté pour résister.

– Tu y arrives bien.

– Il faut apprendre à ne pas se laisser contrôler par ses pulsions. Mais je ne dis pas que c'est simple, parfois je craque.

Nous allons nous installer sur le canapé. C'est une forme de coupure, une manière de physiquement stopper la partie de la journée consacrée aux cours, pour désormais profiter des vacances et donc ne rien faire à part discuter, regarder la télé...

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant