Décembre (1)

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Lorsque Fabien arrive, l'ambiance retombe immédiatement. Je ne sais pas si cette confrontation était une bonne idée. Mais Irénée a l'air si sûr de lui, et puis moi j'ai tendance à lui faire confiance, donc on va dire que c'est une bonne chose. Sauf que pendant presque vingt minutes, personne ne parle. Sébastien et Fabien ne se regardent même pas. Peut-être qu'Irénée sait ce qu'il fait en servant, durant ce laps de temps, plusieurs verres de vin blanc. Il faut que tout le monde se détende, même si moi je ne bois pas beaucoup puisque j'ai appris que je ne tiens pas vraiment l'alcool.

– Fabien, je pense que c'est à toi de commencer.

Irénée brise le silence pour lancer les hostilités. Je sens mon cœur battre un peu plus fort, cette situation m'angoisse énormément. Pourtant, je n'ai plus vraiment de rôle à jouer, mais je n'aime pas les situations de tension.

– Tu as donc commencé à sortir avec Margaux pendant les vacances d'été.

– Sébastien était occupé toute la journée, sur la plage, à son poste de sauveteur. Margaux et moi on devait passer le temps.

– Évidemment, ça va être ma faute.

– Je ne t'ai pas donné la parole, Sébastien.

Irénée qui joue l'arbitre ! Il est parfait pour ce rôle. Je commence à croire que cette petite réunion était une bonne idée.

– Continue, Fabien.

– Je ne sais pas trop comment c'est arrivé, mais on discutait devant les tentes et à un moment nos visages se sont rapprochés, on s'est embrassés. Tous les deux surpris, on est vite passé à autre chose, gênés, mais le mal était fait.

– Oui, enfin tout aurait pu s'arrêter là quand même.

– Je sais, sauf qu'une certaine attirance a fait qu'on s'est rapprochés de plus en plus.

– Vous avez couché ensemble à quel moment ?

L'arbitre n'intervient pas. De mon côté, j'observe et j'essaie de comprendre la technique utilisée par Irénée. Je ne sais pas où il a appris à gérer des situations de crise, mais il semble totalement sûr de lui.

– Jamais, en fait. On se contentait de s'embrasser mais on n'a jamais franchi le pas. On savait que ce serait aller trop loin.

– Ah oui, parce que rouler des pelles à ma copine, ce n'est pas franchir une limite.

– Je suis désolé, Sébastien.

– Je ne veux pas d'excuses.

La tension augmente, le silence s'installe à nouveau. Le charmant arbitre laisse passer quelques minutes.

– Tu étais amoureux d'elle, Fabien ?

– Non.

– Tu voulais juste faire du mal à ton meilleur pote alors !

– Évidemment que non. Je voulais, enfin, inverser les rôles.

– Qu'est-ce que tu racontes ?

– Laisse-le parler, Sébastien.

– Je n'ai jamais eu de vraie petite copine, je veux dire rien que pour moi.

– Tu es sorti avec des filles quand même.

– Elles ne s'intéressaient pas à moi. Elles n'avaient d'yeux que pour Sébastien.

– C'est quoi cette connerie ?

– Ne te braque pas, Seb. Fabien, continue.

– Ce n'était que des flirts. Je ne sais pas ce qui se passait dans leur tête, mais elles avaient l'impression qu'en étant avec moi elles pourraient se rapprocher de Sébastien et finalement sortir avec lui.

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant