Pâques

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Je m'apprête à vivre un dimanche de Pâques pour le moins étrange. Depuis le début de l'année, je suis très centré sur moi et ce qui m'arrive, ma nouvelle vie. Je n'ai pas vraiment pris le temps de m'intéresser à ce que faisaient mes parents, j'aurais dû être plus attentif. Parce que j'ai découvert récemment qu'ils se sont liés d'amitié avec les parents... d'Irénée. Mon père et le sien travaillent dans le même domaine et il semblerait qu'ils s'entendent à merveille. C'est pourquoi, ce dimanche, nous sommes invités chez les parents de mon petit copain, pour une partie de golf puis un déjeuner. Inutile de décrire à quel point je suis nerveux. Un seul geste, une seule parole, et mes parents comprendront tout. J'en suis carrément malade. Je me suis réveillé avec de violents maux de ventre et ça ne passe pas. Simplement parce que cette crise n'est pas due à ce que j'ai mangé, mais au stress généré par la situation que je vais devoir affronter.

– Salut, Mathieu.

Les parents se font les bises, Irénée et moi on se serre la main. Lui semble totalement détendu, il va réussir à jouer la comédie. De mon côté, je ne sais pas si je vais arriver à me tenir.

– Tu as déjà joué au golf ?

– Jamais.

– D'accord, laissons les parents à leur partie, nous on va s'entraîner.

Il est vraiment génial. Je gagne quelques heures de calme. Nous allons vers la partie consacrée aux entraînements, là où il s'agit juste d'apprendre à manier le club pour taper correctement dans la balle.

– Comment tu te sens ?

– Cette journée va être horrible.

– Merci pour moi.

– Tu comprends très bien ce que je veux dire.

– Ne t'inquiète donc pas autant.

– Tu plaisantes ? Tes parents, qui savent pour toi, rencontrent les miens, qui ne savent rien. De quoi ils vont discuter ? Comment être sûr qu'un mot ne leur échappera pas ?

– Ils savent se tenir.

– Ils connaissent notre relation ?

– Non, pas officiellement. Peut-être qu'ils s'en doutent, je ne sais pas.

– Je ne vais jamais réussir à affronter ce déjeuner.

– Détends-toi et concentre-toi sur la balle.

Là, il m'énerve un peu. Il ne sert à rien de me dire de me calmer ou de me détendre. Je veux juste que cette journée se finisse au plus vite et sans incident.

– Mathieu, c'est pas compliqué de taper dans une balle !

– Désolé si mes pensées sont ailleurs.

– Je vais t'apprendre à te positionner.

Il se colle derrière moi, pose ses mains sur les miennes et tente de m'enseigner le geste correct. Bon, d'accord, de le sentir tout contre moi m'apaise.

– Tu pourrais rester sérieux.

Ce que je sens de dur contre mes fesses pourrait m'exciter, si je n'étais pas aussi nerveux.

– Désolé si tu me fais toujours de l'effet.

– T'es complètement dingue.

– De toi, oui.

Il m'agace et en même temps cet instant est mignon. Enfin, c'est limite, parce que d'autres apprennent à manier leur club de golf et les professeurs ne se collent pas carrément contre leurs élèves.

– Tu n'y arriveras pas, je comprends. On rentre, on attendra les parents à la maison.


Je le suis avec plaisir, je n'en ai absolument rien à fiche du golf. On retourne dans cette grande maison, et Irénée m'amène immédiatement dans sa chambre.

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant