Hell's Brothers "Seconde chance"

PROLOGUE

Il me reste 16 minutes, avant qu'il ne se lève. Seize minutes encore, pendant lesquelles son bras reste posé en travers de mon ventre. Seize minutes, durant lesquelles je suis encore Rose Wilson. Seize longues minutes et enfin, je serai libre.

7 h 15, son réveil sonne enfin, Zack se tourne pour l'éteindre. Je me lève tant bien que mal, pour lui faire son café comme tous les matins, mais la douleur de mes côtes bleuies est difficilement supportable. Je me serais volontiers assise moi aussi, seulement, je ne prends plus mon café avec lui depuis deux jours, puisque je ne peux pas encore boire sans paille et que cela le met mal à l'aise. Alors, il aurait peut-être dû réfléchir à ce qu'il pourrait ressentir en me voyant ainsi, avant de commencer à me casser les os de la mâchoire à coups de poing.

Il y a six jours, ce fut la fois de trop, celle qui aurait probablement été la dernière, si mon nouveau voisin n'était pas intervenu.
Mes voisins n'ont jamais osé parler de ce qu'il se passe chez moi, parce qu'ils ont trop peur de ce que pourrait faire mon mari. Pas qu'il les frapperait tous, non, non, ça, c'est réservé à sa femme.

Mon mari s'appelle Zack Wilson, il est lieutenant de police et n'hésite pas à s'en servir comme passe-droit. Alors, les gens évitent de se créer des ennuis avec lui, en gardant le silence sur ce qu'ils peuvent voir ou entendre. Ainsi, mes voisins s'assurent une certaine tranquillité.

Ma vie n'a pas toujours été ainsi, au début Zack était un homme gentil et protecteur. Mais, quand nous nous sommes mariés, il est devenu encore plus jaloux et possessif.
Au début de notre relation, je trouvais cela mignon, j'ai pris ça pour une marque d'affection également un peu d'insécurité sur la solidité de notre jeune couple.

Finalement, ne dit-on pas que nous sommes jaloux de ceux que l'on aime ?

Au fur et à mesure, je ne pouvais plus faire ce que je voulais ou quand il acceptait que je sorte, il me téléphonait tout le temps, donc je ne profitais pas réellement de ma sortie. Avec le temps, j'ai cessé progressivement de voir mes amis, pour le rassurer.

Puis quand mes parents sont morts, dans l'incendie de leur maison, je n'avais plus que lui. Il a depuis cette tragédie, commencer à me couver comme un œuf, au point de ne plus vouloir que je sorte pour aller travailler. Mon travail était toute ma vie, mais cela lui déplaisait, comme il m'a soutenu pendant les dures étapes de mon deuil, j'ai accepté moi aussi de veiller à son bien-être, en abandonnant mon travail qu'il détestait.

Un jour, un représentant de produits ménager, c'est présenter à l'appartement pour me proposer sa gamme de produits. Bien évidemment, je ne l'ai pas laissé entrer, au cas où Zack rentrerait à l'improviste, je refusais de causer de nouvelles disputes, qui devenaient récurrentes à ce moment-là.

Avant qu'il ne reparte, il m'a laissé un échantillon. Comme il était encore sur le secteur le lendemain, il m'a également laissé sa carte de visite au cas où le produit m'intéresserait.
Le soir même, Zack a trouvé la carte du représentant aimanté sur le frigo, il s'est mis à me crier après en insinuant que je lui étais infidèle et qu'il le tuerait s'il revenait à la maison.

Il n'avait jamais élevé la voix sur moi de cette façon. En voyant mon air apeuré, il c'est rapidement excuser et m'a promis de ne plus recommencer. Il a, selon lui, trop de sentiments pour moi pour me laisser le quitter sans se battre.

J'ai cru en son baratin.

Puis il y a eu la première gifle, parce que j'étais allé prendre un café avec notre voisine, en présence de son mari. Il s'est de nouveau excusé, en me disant que j'étais trop belle, pour risquer qu'un autre homme ne me regarde, sans vouloir me voler à lui.

Mais, quand les gifles sont devenues des coups de poing, c'était tout à coup devenu de ma faute. Parce que apparemment, je faisais tout pour que les autres hommes me trouvent désirable en portant certains de mes vêtements ou en me maquillant, et ses coups de pied, c'était parce que je pensais plus à moi qu'à m'occuper de lui. Encore aujourd'hui, je suis incapable de dire ce qu'il me reprochait vraiment puisqu'il y a encore si peu de temps, ma vie, c'était lui.

Tout ce qu'il m'infligeait était à cause de MON comportement, je le provoquais.

C'est ce que j'ai fini par croire.

Vous devez vous demander pourquoi depuis six mois, je supporte tout ça et bien, je l'ignore moi-même.

J'ai sincèrement aimé cet homme, puis j'ai eu de la peine pour son mal-être au sein de notre couple à cause de mon mauvais comportement en tant qu'épouse. J'ai simplement fini par craindre mon mari.

Il y a six jours, il est rentré après une sale journée au poste, il m'a trouvé à la porte d'entrée à discuter avec le nouveau voisin. Il souhaitait connaître le numéro du gardien de la copropriété, pour un problème de fuite d'eau dans sa salle de bain.

Zack est toujours parfait en public d'habitude, son mot d'ordre « perfection », mais pas ce soir-là. Il a expédié le voisin en lui claquant la porte au nez, avant que les coups ne commencent à pleuvoir. Plus nombreux et plus violents, que les fois précédentes.
Zack ne me battait pas tous les jours, mais quand il le faisait, il y avait toujours une certaine « retenue » de sa part, qu'il n'avait pas ce soir-là.

En plus de ses poings sur mon visage, de ses pieds dans mon ventre, et de ses genoux pour me maintenir au sol, il y a eu la chaise de la table à manger sur mon crâne.
Celle-ci m'a causée une commotion cérébrale, j'ai perdu connaissance alors qu'il me frappait encore et encore.

Sans même qu'il s'en aperçoive, je sombrai, sous l'expression de sa colère, je le quittais.

Il vient juste de partir au commissariat et ne reviendra pas avant 20 h, minimum, j'entasse un maximum de vêtements dans une valise, avant de partir rejoindre Cassandra avec toutes mes économies.

Cassandra est l'infirmière qui s'est occupée de moi à l'hôpital pendant les jours qui ont suivi mon agression. Elle a subi une situation similaire avec ses parents quand elle était enfant, après m'avoir raconté son histoire à la fin tragique, elle m'a convaincu de sauver ma vie et a tenu à m'aider pour quitter Zack.

Comme mon mari est policier, je ne peux pas rester en ville, il me retrouverait alors, j'ai improvisé.

Par conséquent, me voilà à l'aéroport, devant moi, un tableau d'embarquement immense avec des destinations aux quatre coins du monde. Je n'ai jamais voyagé et aucune de ces villes ne semble me parler.

Alors, je regarde ce gigantesque panneau divisé en 4 colonnes sur 31 lignes, je ferme les yeux et choisis un chiffre dans un sens puis dans l'autre pour tomber sur la case qui m'indiquera ma destination.

Colonne 2 / Ligne 29.

J'ouvre à nouveau les yeux et je suis surprise d'y trouver le pays du surf et des kangourous, Australie me voilà !