Chapitre 2

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Une gifle glacée me ramène à moi. Non, pas une gifle. De l'eau. Mes dents n'attendent pas une demi-seconde avant de claquer bruyamment. Le corps tremblant, je tente de reculer et m'aperçois que je suis immobilisée sur une chaise. Pieds et mains liés par des menottes, le buste ligoté au dossier par une lourde chaîne en métal et les yeux bandés.

La terreur me contraint au silence. Je sais où je suis, du moins je sais par qui je suis retenue et c'est suffisant. J'entends quelqu'un bouger, quelque chose racle le sol et le bruit résonne dans la pièce. Puis le silence reprend sa place, seulement interrompu par le bruit de mes dents qui s'entrechoquent.

− Dis moi Mave, tu es prête à te montrer coopérative aujourd'hui ?

Je reconnais cette voix, la même qui a mis fin à ma course. Le chasseur. Je ne réponds rien. Coopérative, hein ? Pas tant que son objectif sera de me renvoyer à Osen et de mettre la main sur mes amis.

− D'après ce que j'ai sous les yeux, tu as été admise à Osen il y a près de deux mois après avoir été attaqué par un Loup-Garou. J'aimerais comprendre. Comment une femme comme toi, aussi jeune et inexpérimentée parvient-elle à s'enfuir d'une prison sécurisée comme l'est Osen ?

Même s'il me prenait l'envie d'avouer, l'histoire était bien trop longue à expliquer et trop invraisemblable pour qu'un homme, tout chasseur qu'il soit, me croit. Je conserve donc le silence en tentant vainement de faire cesser le claquement de mes dents. Difficile, je suis gelée et l'eau glacée dont ils se sont servis pour me réveiller empire le phénomène.

− Pas de réponse hein ? Et que dirais-tu de me dire comment tu t'es retrouvé en compagnie d'un vampire et d'un... Berserk ? Vous formez là un drôle de groupe je dois l'avouer. Les Berserks sont des animaux solitaires, sans compter que les vampires et les Loups sont, ils me semblent, des ennemis naturels.

Je ricane malgré moi. Mes nerfs ne sont plus ce qu'ils étaient, je craque facilement ces derniers temps.

− Je ne suis pas un Loup, croassé-je d'une voix rauque.

L'homme marque une pause. Quelqu'un m'arrache le chiffon humide qui me masquait la vue et je découvre avec douleur que la pièce dans laquelle je me trouve est bien trop éclairé. Les néons blancs me brûlent les yeux. Résultat, il me faut plusieurs secondes pour m'habituer à la luminosité et discerner le visage du chasseur. Pareil à mon souvenir, son regard me glace le sang.

− Tu n'es pas un Loup, répète-t-il. Dans ce cas, qu'est-ce que tu es Mave ?

Cette fois, j'éclate de rire. Ce que je suis ? La reine de la poisse, miss calamitées en personne !

− Vous n'oseriez pas me croire si je vous le disais.

− Essayes toujours...

Il n'y a pas de menace dans ses mots. Dans son ton en revanche, c'est autre chose.

− Humaine, je suis ne suis qu'une petite humaine, rien de plus. Et si cette fois, vous faisiez l'effort de me tester au lieu de me balancer dans votre cage à monstre, vous le sauriez.

− Te tester ? A quoi bon ? J'ai eu ma réponse lorsque ton cadavre s'est rappelé comme respirer il y a quelques heures.

− Quoi ?

− Mes hommes t'ont frappé un peu trop durement, ils pensaient avoir à faire à une créature plus robuste. Ton crâne s'est brisé contre le sol, tu es morte. Pas longtemps je te l'accorde, mais assez pour que je sois catégorique sur ce point. Alors donc, si tu n'es pas un Loup, qu'es-tu au juste ? Un vampire ? Non, j'en doute, tu n'as ni leur force, ni leur vitesse.

Mon rire nerveux s'accentue.

− Et comble de l'ironie, je n'ai jamais tant voulu en être un ! Un bon coup de crocs et vous feriez moins le malin. C'est vous l'expert, vous n'avez qu'à élucider ce mystère tout seul, et n'oubliez pas de me tenir au jus, la réponse m'intéresse.

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